Vincent n'en pouvait plus de ne pas pouvoir dormir chez lui à cause des fortes chaleurs. Ce soir encore, alors que Toulouse (Haute-Garonne) bat des records, il dormira à l'hôtel, dans une chambre climatisée, à quelques centaines de mètres de chez lui. Un comble pour un écologiste mais un cas qui n'est pas anecdotique.
Vincent n'a pas de problèmes de santé. Mais dans son appartement situé non loin du centre-ville de Toulouse (Haute-Garonne), l'atmosphère devient irrespirable et les nuits impossibles. "Mon lit c'était une vraie piscine ! Entre la chaleur et le bruit, ça ne pouvait plus continuer comme ça." Même s'il n'a pas beaucoup de moyens, il n'a pas trouvé d'autres solutions que de prendre un hôtel dès mardi soir, en prévision de la chaude journée d'aujourd'hui.
Un appel sur les réseaux sociaux
Arrivé ce mercredi 23 juillet dans son appartement pour recueillir son interview, le thermomètre de Vincent affiche 33,6°C. Dans son logement de 32 m2, les fenêtres sont ouvertes mais les volets fermés. Rapidement, en discutant avec lui, l'atmosphère devient irrespirable et les gouttes perlent au front. "Je suis actuellement en train de faire un bilan de compétence, déclare Vincent. En rentrant de Sète où il faisait 10 degrés de moins, et après avoir longuement discuté avec la personne qui me suit dans mes projets, j'ai décidé de me protéger. J'ai donc réservé une chambre dès mardi soir. Climatisée bien sûr."
Auparavant, cet écologiste dans l'âme a tenté de trouver refuge chez des copains. Il a lancé un appel sur les réseaux sociaux pour trouver un endroit où dormir au frais.
Seulement voilà, en cette période, beaucoup de personnes sont en vacances, à la recherche d'un peu de fraîcheur. Vincent n'a pas trouvé de point de chute. En désespoir de cause, il finit par se résoudre à se rendre à l'hôtel. "Au final je me suis dit que pour quelques nuits, j'allais payer une chambre. Dormir à l’hôtel quand on est à côté de chez soi, c'est quand même bizarre."
Un ami lui a répondu depuis le sud de l'Espagne. " La canicule, il sait ce que c'est. Nous avons la même météo qu’en Andalousie. Ce n'est pas très rassurant mais ça m'a permis de parler et d'échanger."
Imposible de trouver le sommeil
Depuis 2018, Vincent est locataire de cet appartement toulousain des années 50, non traversant et très mal isolé. "Quand je suis arrivé ici, il y avait des travaux en bas de ma rue, y compris la nuit. C'était pénible mais là, c'est intenable. J'ai très mal dormi dimanche et lundi, j'étais en sueurs et en nage. Le ventilo faisait trop de bruit. J'ai dû laisser les fenêtres ouvertes. J’ai un très bon sommeil mais là, impossible : trop de chaleur et trop de bruit. Même l'an dernier, ce n'était pas aussi gênant. Là j’ai atteint ma limite psychologique."
Un peu hagard au réveil par manque de sommeil, il est obligé d'aller travailler dans un café du coin pour préparer les cours de rentrée. Tout ceci a un coût : "heureusement mes parents m'aident. De toute façon, je ne peux plus mettre ma santé en danger."
Pas vraiment d'autres solutions que de se réfugier à l'hôtel. Pas question d'utiliser la clim pour cet écologiste. Pas la peine non plus de se réfugier sur le canapé : "il est bien trop chaud, je ne fais que transpirer." Vendredi, son rafraîchisseur d'air déniché sur le net moyennant 45€ doit arriver vendredi. Mais il ne reviendra pas dans son appartement avant dimanche ou lundi, quand l'épisode sera passé.
A l'hôtel, les demandes affluent
Sa petite valise entre les mains, Vincent se dirige vers un nouvel hôtel qu'il a réservé pour 2 nuits car le précédent était complet. À quelques mètres de chez lui, il est 16h et Vincent est soulagé d'arriver dans l'hôtel Alizé. La clim est réglée sur 20°C à l'accueil. "On vient de mettre 50 000 € de clim dans cet hôtel, déclare Bertrand Gilles le gérant de l’hôtel. Jusqu'à l'an dernier, nous avions seulement 7 chambres climatisées. Maintenant, toutes les 17 sont équipées."
Arrivé dans sa chambre, un dernier coup de chaud pour Vincent : la clim n'était pas allumée et le thermomètre affiche plus de 27 !
Le cas de Vincent est loin d'être isolé et anecdotique; le gérant de l'hôtel Alizé le confirme : "Depuis la fin de semaine dernière, les gens réservent car nos chambres sont climatisées. Ce sont des gens du quartier ou de Toulouse, ils me disent qu'ils viennent ici car il fait trop chaud chez eux. Ils veulent trouver un peu de fraîcheur pour retrouver le sommeil. L'an dernier nous avions ce type de demande mais nous ne pouvions pas y répondre."
Face à cet épisode de canicule et Toulouse qui bat des records de chaleur, cette solution onéreuse est parfois choisie. Frédéric Michel est président de la branche hôtellerie de l'UMIH. "Oui ce soir j'ai 2 chambres qui ont été réservées par des gens de Toulouse qui veulent dormir au frais. Chaque année durant l'été, ce type de réservation intervient. Ce n'est pas délirant."
Le parc toulousain hôtelier a été bien restauré. Plus des 3/4 des hôtels sont désormais climatisés.
Quant à Vincent, après avoir passé une nuit réparatrice au frais, il devrait retrouver son appartement en fin de semaine où l'on annonce des températures plus raisonnables, autour de 24°C. Mais ce sera certainement la dernière année. "Oui, cette situation m'inquiète. J'aime beaucoup Toulouse et la région Occitanie mais je vais quitter cet appartement et peut-être la ville rose. J'ai déjà repéré des endroits fraîcheur : pourquoi pas proches des Pyrénées ou encore dans le Lot ou l'Aveyron."