"J'économise 2.000 euros par an" : une fumeuse explique qu'elle paie des vacances à sa famille en achetant sans restrictions ses cigarettes en Espagne

Depuis le 29 mars 2024, la France a supprimé la limite aux importations de cigarettes qu'elle imposait aux particuliers majeurs. Elle se conforme au droit européen : quatre cartouches sont désormais autorisées contre une auparavant. Conséquence : une recrudescence des allers-retours des fumeurs en Espagne pour faire des économies.

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"J'économise 2.000 euros par an", explique satisfaite Fanny Billot, venue acheter des cigarettes à moindre prix en Espagne, à Les, village du Val d'Aran proche de la frontière, la réglementation permettant désormais de rapporter une plus grande quantité de tabac depuis un pays de l'UE.

Cette mère de famille de 31 ans et son compagnon ont fait une heure trente de route depuis les alentours de Tarbes, dans les Hautes-Pyrénées, et repartent les bras chargés: cartouches de cigarettes, pots de tabac à rouler et stock de briquets. 

Pour 3 heures de route aller-retour...

"En France les paquets sont à 12 euros, ici à cinq", argue Fanny Billot qui, en s'approvisionnant du côté espagnol, compte parvenir économiser "assez pour payer une semaine de vacances en famille à l'année". "Hors de question" donc pour elle d'aller chez les buralistes français.

Jusqu'au 29 mars, les particuliers majeurs qui voyageaient vers un pays de l'Union européenne (UE) étaient autorisés à en rapporter 200 cigarettes (une cartouche), 100 cigarillos, 50 cigares et 250 grammes de tabac à fumer.

Se conformant au droit européen, la France a, depuis le 29 mars, supprimé cette limite. Désormais, les douanes peuvent considérer qu'il ne s'agit plus d'une consommation personnelle si la quantité dépasse 800 cigarettes (quatre cartouches), 400 cigarillos, 200 cigares et un kg de tabac à fumer.

Peu de risque d'être hors la loi

Pour le patron d'un bureau de tabac de Les, ces nouvelles règles ont changé le comportement des clients venus de France.  "Les gens n'ont plus peur. Avant, certains dépassaient les limites imposées et étaient inquiets par les contrôles. Maintenant ils sont plus sereins", explique à l'AFP cet homme sous couvert d'anonymat.   

"Certains clients venaient plusieurs fois et n'achetaient qu'une cartouche. Maintenant ils achètent en volume", poursuit-il. Un carton de cartouches de cigarettes dans les bras, Aurélie, originaire de Tarbes, sort d'un autre bureau de tabac de Les, sourire aux lèvres. Elle se dit "très contente que ce soit passé à quatre cartouches" car cela lui permet "d'économiser les allers-retours".

"Je n'irai plus du tout dans les bureaux de tabac français, sauf si je n'ai pas d'autre choix", tranche la jeune femme. À huit kilomètres de la frontière, côté français, à Bagnères-de-Luchon (Haute-Garonne), Annie Vigo, buraliste depuis 29 ans, fulmine. Faisant "moins de chiffre" au fil des années et de l'augmentation progressive du prix du paquet de cigarettes en France, elle s'énerve de la nouvelle réglementation.

Colère des buralistes français

"Ils veulent la mort des buralistes français. On augmente les prix pour que les gens ne fument pas, mais ils peuvent acheter moins cher et en volume à dix kilomètres", s'insurge cette commerçante âgée de 59 ans. La nouvelle règle "provoquera plus de contrebande. On vend le paquet à 12 euros, de l'autre côté de la frontière il en coûte cinq. Cela peut rapporter à certains", ajoute-t-elle. 

Même constat pour Frédéric Pailhe, président de la Fédération des buralistes d'Occitanie, qui a participé à une opération de filtrage depuis l'entrée en vigueur de la nouvelle norme : il a compté "38 personnes qui ramenaient bien plus que quatre cartouches, en pleine semaine".

Ce représentant de la profession, qui a vu chuter le nombre de buralistes français "de 34.000 dans les années 2000 à 22.500 aujourd'hui", du fait de l'augmentation des prix, s'inquiète "de la perte énorme" provoquée par la nouvelle réglementation. "On a déjà une baisse de volume et forcément l'Etat va aussi perdre énormément (au niveau des taxes sur le tabac, ndlr). C'est contre-productif", estime-t-il.

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