"Je ne porte pas le niqab" : la femme interpellée à Toulouse témoigne et accuse les policiers

Dans une interview diffusée sur des sites communautaires, la jeune femme arrêtée dimanche 15 avril à Bellefontaine conteste la version des policiers : selon elle, elle ne portait pas le niqab et elle accuse les policiers d'injures. 

Près de 10 jours après son interpellation, M. (elle souhaite rester anonyme) a répondu à des questions concernant les circonstances de son arrestation : cette femme de 37 ans, mère de famille, avait été interpellée par la police le dimanche 15 avril dans l'après-midi dans le quartier de Bellefontaine à Toulouse. Dans l'interview vidéo qu'elle a accordée à un groupement de sites et de médias de la communauté musulmane*, elle conteste la version des faits donnée alors à la presse par des sources policières et judiciaires. 

M. ne souhaite pas accorder d'autres interviews mais a été tout de même jointe au téléphone par France 3 Occitanie. Elle confirme les trois principales informations qu'elle livre dans sa version : elle affirme qu'elle ne porte pas le niqab, cette tenue qui masque le visage et qui est interdite dans l'espace public en France ; elle précise qu'elle n'a pas refusé de se soumettre à un contrôle d'identité et indique qu'elle a été victime d'insultes et d'injures de la part des policiers durant son transport vers le commissariat. 

Dans la vidéo mise en ligne, des témoins de son interpellation affirment qu'elle ne portait pas le niqab. Elle confirme à France 3 : "Ce jour-là je ne portais pas le niqab, pas plus que les autres jours, puisque depuis que c'est interdit en France je ne le porte plus". Dans la vidéo mise en ligne, une image arrêtée d'une vidéo amateur filmant son interpellation semble montrer que son visage est apparent. Selon la direction de la sécurité publique de la Haute-Garonne, elle aurait pourtant reconnu pendant sa garde à vue porter le niqab. 

Elle affirme ensuite ne pas s'être opposée à un contrôle d'identité, alors qu'elle se trouvait en compagnie de ses enfants en bas âge. "Il est faux de dire que je me suis opposée au contrôle d'identité, a-t-elle expliqué. Quand je descends de chez moi je ne prend pas mon sac à main mais juste une photocopie de ma carte d'identité. Je l'ai montrée aux policiers mais cela n'a pas suffit". Alors qu'est-ce qui aurait déclenché l'interpellation musclée ? "Une petite remarque de ma part" dit la jeune femme dans la vidéo, sans préciser, reconnaissant toutefois qu'elle a refusé ensuite d'être emmenée au commissariat. 

M. parle ensuite de palpations poussées et d'injures proférées à son encontre. Des injures qu'elle se refuse, auprès de France 3, de qualifier "d'islamophobes", précisant qu'elle s'est sentie injuriée en tant que femme, en tant que personne et pas uniquement en tant que musulmane. 

Interrogé par France 3 au sujet de cette vidéo, la direction de la sécurité publique de la Haute-Garonne indique que ce témoignage n'apporte pas à ses yeux d'éléments cruciaux. La police maintient que le visage de la personne était couvert et qu'il y a eu un refus de se soumettre à un contrôle. Enfin, concernant les injures, c'est la parole des policiers contre celle de la personne mise en cause, qui aurait elle aussi insulté les fonctionnaires. D'où les charges retenues contre elle. Enfin, selon la police, pendant ses deux jours de garde à vue, elle aurait refusé une confrontation avec les policiers qui l'avaient interpellée. 

La femme est convoquée devant la justice le 17 mai prochain pour répondre d'outrage sur personnes dépositaires de l’autorité publique, en l’occurrence un fonctionnaire de police, de rébellion, à savoir une résistance violente lors de l’intervention et enfin de menaces de mort sur personne dépositaire de l’autorité publique. Elle est également passible d'une contravention de 2ème classe pour le port d’un vêtement ne permettant pas son identification. 

Voici la vidéo mise en ligne de l'interview de M. (vidéo qui n'a pas été réalisée par France 3, lire en dessous) : 

* Cette interview vidéo a été réalisée et mise en ligne conjointement par Islam & Info, un site communautaire qui compte plus de 400 000 fans sur facebook et qui se présente comme "l'info par le musulman, pour le musulman", BarakaCity, une ONG musulmane et Face B, son émanation vidéo sur le web qui traite "des inégalités, de l'Islamophobie, permettant de donner tribune au plaidoyer pour les droits humains".

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