Une association de malades de la thyroïde, représentée par l'avocat toulousain Christophe Léguevaques et qui réclamait au laboratoire allemand Merck des informations sur le changement de formule du Levothyrox, a été déboutée par le tribunal de grande instance (TGI) de Lyon.
L'avocat de l'association "Vivre sans thyroïde", le Toulousain Christophe Lèguevaques, s'est dit "très surpris" par la décision du TGI de Lyon qui a décidé de débouter la demande de ses clients. Il a décidé de faire appel de cette décision dont il n'avait pas les motivations ce vendredi.
La demande d'une expertise
Les demandeurs avaient saisi le juge des référés - initialement auprès du TGI de Paris qui s'était déclaré incompétent, le siège français du laboratoire pharmaceutique allemand étant à Lyon - afin d'obtenir des informations et une expertise sur le Levothyrox. Ils souhaitaient avoir accès "aux documents administratifs" du produit, notamment aux données de pharmacovigilance de son ancienne formule; obtenir un "éclairage médical et toxicologique sur les effets indésirables" de la nouvelle formule rapportés par des patients et une "connaissance des données du marché", comme l'origine exacte des ingrédients.La satisfaction du laboratoire Merck
"Cette décision du TGI de Lyon constate l'absence de motifs légitimes à agir des demandeurs et relève notamment que les mesures sollicitées par ces derniers s'apparentent à une mesure générale d'investigation qui ne remplit pas les conditions" d'un référé-expertise, se félicite pour sa part le directeur juridique de Merck France, Florent Bensadoun. "Le juge confirme par ailleurs que les tests pharmacologiques sollicités par les demandeurs dans le cadre de l'expertise ont déjà été effectués par l'ANSM (agence nationale de sécurité du médicament, ndlr) et n'auraient ainsi aucune utilité", poursuit-il dans un communiqué.La restitution du Levothyrox ancienne formule toujours réclamée
Maître Lèguevaques envisage toujours d'engager une procédure devant le tribunal administratif de Paris afin de demander au ministère de la Santé "la restitution de l'ancienne formule du Levothyrox, avec lactose" qui ne sera plus accessible aux patients dès "fin juin", après épuisement des boîtes réimportées.Selon lui, cette formule est encore fabriquée dans une usine de l'Isère mais selon Merck et le ministère de la Santé, le médicament produit à Bourgoin-Jallieu n'a pas la même formule et il est destiné seulement au marché italien, à défaut d'autorisation en France.
Dans cette affaire, l'avocat toulousain est à l'origine d'une action collective engagée au civil à Lyon et sur le plan pénal, une information judiciaire est ouverte au pôle de santé publique du TGI de Marseille.
Le Levothyrox nouvelle formule, un médicament contesté
Le Levothyrox est l'un des médicaments les plus consommés en France. Trois millions de personnes en prennent pour corriger une hypothyroïdie liée à une insuffisance de sécrétion de la glande thyroïde ou à son absence. Le laboratoire Merck, qui fabrique ce médicament, a changé sa composition à la fin du mois de mars 2017. Depuis de nombreux patients se plaignent d'effets secondaires inhabituels. Vertiges, pertes de mémoire, crampes… Les effets du traitement seraient devenus insupportables pour un grand nombre d'entre eux. Plusieurs procédures judiciaires ont été engagées en France pour réclamer le retour de l'ancienne formule du médicament et obtenir des indemnisations.A Toulouse, des malades ont obtenu une première victoire le 14 novembre 2017 mais le laboratoire a fait appel de sa condamnation.