"Nous n'avons pas eu le choix" : 200 vélos électriques pour des lycéens d'Occitanie, quand le "Made in France" se heurte encore au "Made in China"

Le Conseil régional d'Occitanie lance un plan vélo ambitieux : 200 vélos électriques prêtés gratuitement aux lycéens de six établissements. Objectif : promouvoir une mobilité verte. Mais derrière l'assemblage local se cache une réalité moins reluisante : 90% des pièces viennent de Chine. Un cas d'école des défis de la (longue) réindustrialisation française.

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En novembre 2024, la région Occitanie lance un programme ambitieux : un service de prêt de vélos électriques pour les lycéens. Le Conseil régional a déboursé 500.000 euros afin d'équiper 6 lycées.

Le vélo est prêté gracieusement au lycéen ou à la lycéenne, qui laisse une caution de 500 euros en retour. L'objectif pour le Conseil régional, c'est de privilégier les moyens de transport verts, notamment pour les trajets courts du quotidien mais aussi de développer et de réindustrialiser la filière vélo locale.

Les 200 vélos du plan sont ainsi "conçus et assemblés en Occitanie par un groupement d’entreprises régionales - Actia (31), FlyingCat (34), Optitec (65), Seridecal (34) et Vélo Factory (32)" comme le précise la collectivité dans l'un de ses communiqués.

Assemblage local, composants étrangers

"Conçus", "assemblés" en Occitanie. Il n'est pas précisé de façon opportune que ces deux roues ne sont pas fabriquées en France.

Matthias Costes, le Directeur de Vélo Factory, l'unité d'assemblage située à l'Isle-Jourdain, à la frontière entre la Haute-Garonne et le Gers, chargée de livrer la totalité des vélos, le reconnaît : "les pièces détachées qui sont assemblées viennent à 90% de Chine" explique-t-il.

Le sujet gêne légèrement aux entournures le Conseil régional concernant sa communication sur l'implication des entreprises locales.

"Nous n’avons pas eu trop le choix. Il y a une réalité économique, explique Jalil Benabdillah, vice-président de la région en charge de l'économie et de la réindustrialisation. Actuellement, en France, aucune structure ne dépasse 60 à 70 % d'intégration de composants français dans ses vélos."

L'avance de la Chine 

Comment expliquer ce besoin de se fournir en Chine, alors que le Conseil régional souhaite favoriser et développer la filière vélo de la région ? Avant tout parce que les Asiatiques ont un temps d'avance, en termes de capacités de production, d'innovation et d'investissements. Sans oublier les coûts de production qui sont bien plus bas en Asie qu'en Europe. "Il y a un savoir-faire et une capacité de production chez les Chinois que nous n'avons pas. Qu'il s'agisse des transmissions par exemple ou de certains éléments électriques du vélo" explique Matthias Costes.

Mais tout n'est pas fabriqué en Chine. "Les cadres ont été peints à Vendargues dans l'Hérault par exemple, les logos qu'on voit sur les vélos ont été créés dans la région aussi. Les entreprises de la région ont aussi été mises à contribution dans ce plan vélo" rappelle le patron de la Vélo Factory. C'est tout un groupement d’entreprises locales (dont Actia, FlyingCat, Optitec, Seridecal et Vélo Factory) qui est associé à la fabrication de ces 200 vélos, dont le coût à l'unité est évalué à 1500 euros selon la région.

"L'assemblage et la fabrication partielle en Occitanie représentent déjà une amélioration par rapport à l'importation de vélos entièrement produits à l'étranger" estime Jalil Benabdillah.

Selon nos confrères de Que Choisir, "sur 2,2 millions de vélos vendus en France en 2023, moins de 650 000 y ont été assemblés et seuls 10 000 à 20 000 cadres y ont été fabriqués (la quasi-totalité des cadres proviennent aujourd’hui de Taïwan et, dans une moindre mesure, du Vietnam et de Chine)." 

Un engagement à long terme

"La présidente Carole Delga a lancé une volonté politique de créer une filière vélo en Occitanie, rapporte Jalil Benabdillah. Ce projet, lancé en 2016, vise à développer l'assemblage et la fabrication de vélos dans la région. Notre ambition est d'intégrer de plus en plus de composants fabriqués en Occitanie, tels que les roues, les freins et les fourches."

Un plan de 100 millions d'euros a été mis en place par l'Occitanie pour soutenir non seulement la production, mais aussi l'usage du vélo. L'objectif de la région est d'organiser progressivement la réindustrialisation du secteur, d'atteindre 15 000 vélos assemblés d'ici trois ans, avec une intégration progressive de composants fabriqués localement. Mais l'élu le reconnaît : "ce processus prendra du temps".

Le "made in France" et l'impact environnemental : deux enjeux au cœur même du développement de la filière vélo en France. Les professionnels viennent de lancer deux labels pour mieux informer le consommateur sur ces sujets. Le Cyclescore, basé sur des critères environnementaux et sociétaux, et l'indice France vélo, qui distinguera la fabrication française.

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