Pollution de l'eau aux PFAS. Leur origine, leurs conséquences sur la santé, les solutions : trois choses à savoir sur les "polluants éternels"

Après la révélation de la présence de perfluorés dans l'eau du robinet par le directeur de l'Agence régionale de santé d'Occitanie (ARS), on vous explique l'origine de ces substances, leurs impacts sur la santé et les solutions existantes pour remédier à leurs présences.

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Un e-mail de l'Agence régionale de santé d'Occitanie, qui devait rester confidentiel a semé le trouble auprès des consommateurs d'eau du robinet... Le Canard enchaîné a révélé mercredi 18 octobre la rédaction d'un message par le directeur général de l'ARS, Didier Jaffre, dans lequel il mentionne la présence de ces polluants dans l'eau du robinet.

Nos confrères, qui ont eu accès au mail, le citent dans leur article un extrait : "Très clairement, nous allons devoir changer d’approche et de discours, il y a des PFAS [substances poly ou perfluoroalkylées] et des métabolites partout. Et, plus on va en chercher, plus on va en trouver." 

Dans la suite du message, le directeur général de l'ARS déclare : "Elle [l'eau du robinet] ne doit plus être consommée, mais seulement utilisée pour tout le reste, ajoute-t-il. [Il faut] donc privilégier l’eau en bouteille."

Un échange qui aurait été "sorti de son contexte", affirme Didier Jaffre dans une interview donnée à la Dépêche. Un député du Gard a saisi le procureur de la république et alerté le ministre de la Santé.

Depuis ce mail, les PFAS ou perfluorés suscitent beaucoup de questionnements et d'inquiétudes auprès des consommateurs d'Occitanie. Nous vous expliquons ce qu'il faut savoir sur ces composés.

  • L'origine des perfluorés

Ils sont appelés "les polluants éternels". Et pour cause, "ils sont constitués d'une liaison d'un atome de fluor et de carbone, qui est extrêmement difficile à briser", explique François Veillerette, porte-parole de l'association de défense de l'environnement Générations futures. Une composante qui explique leurs caractères très persistants dans l'environnement, polluants et toxiques.

La grande famille des PFAS ne regroupe pas moins de 14 000 substances différentes selon l'Agence de protection de l'environnement des Etats-Unis. L'OCDE en répertoriait un peu plus de 4700 en 2018.

" La persistance des PFAS dans l'environnement va dépendre des molécules. Cela peut aller de plusieurs années jusqu'à 1000 ans"

François Veillerette

Porte-Parole de Générations Futures

Les PFAS sont largement utilisées en France sur de nombreux sites industriels. Ces substances servent aussi à produire des produits du quotidien. La liste est longue : ustensiles de cuisine, textiles, cosmétiques, revêtements, mousses anti-incendie...

Dès les années 50, les propriétés des PFAS séduisent : " antiadhésifs, imperméables, déperlants, antidérapants, énumère François Veillerette. Il y en a même dans les emballages alimentaires pour limiter la tenue du gras comme les cornets de frites, sachets de sandwich..."

Deux raisons expliquent selon le porte-parole de Générations futures leurs présences dans l'eau et dans l'environnement : " Il y a des sites qui vont produire ces molécules pour des industries qui en ont besoin. Et d'autres usines qui vont les utiliser dans le processus de fabrication et des largages de ces substances vont avoir lieu et polluer les eaux".

  • Leurs conséquences sur la santé

Le danger des PFAS a été largement abordé aux Etats-Unis sous le prisme d'un "scandale écologique", dès les années 2000. Un film a même été dédié à cela " Dark Waters", sorti en 2019. Et s’il n'existe pas énormément d'études françaises sur le sujet, les effets sur la santé commencent à être de plus en plus connus.

Le porte-parole de Générations Futures évoque des : " risques cancérogènes et cardiovasculaires, mais aussi des impacts sur le système hormonal, le foie et le système immunitaire. Il n'y a pas que le risque qui est lié à l'eau, mais aussi à l'alimentation et l'exposition dans le cadre du travail".

En 2019, l'étude Esteban a été effectuée par santé publique France. Elle démontre notamment chez l'ensemble de l'échantillon de population étudié la présence systématique de deux perfluorés : le PFOA et le PFOS.

D'autres études ont aussi démontré l'exposition des fœtus aux perfluorés, les substances impactent entre autres leurs développements, leurs poids à la naissance...

" Même une très faible dose après des expositions répétées peut avoir un impact sur la santé, comme les PFAS s'éliminent difficilement du corps."

François Veillerette

À ce jour, les PFAS ne font pas partie des analyses sanitaires effectuées, puisque les perfluorés ne sont pas réglementés. D'ici 2026, ils devront cependant être intégrés dans les analyses sanitaires d'eau de consommation. Cela concerne uniquement un peu plus d'une vingtaine de molécules de la famille.

  • Quelles solutions ?

Toute la difficulté est de savoir aujourd'hui quantifier à partir de quelle mesure les PFAS sont dangereux pour la santé et l'environnement. Et de réussir à établir un seuil. La présence géographique de ces substances en Occitanie n'a pas été évaluée précisément, ni la quantité ce qui rend compliquée l'évaluation du danger.

Pour autant, certains consommateurs interrogés par des journalistes de France 3 font part de leurs inquiétudes et décident d'arrêter de boire de l'eau du robinet pour ces raisons. Il y a bien sur d'autres alternatives à l'eau du robinet, l'eau en bouteille, les carafes filtrantes et la mise en place de dispositif dans le but de purifier l'eau comme le charbon actif et les billes d'argile.

" En fonction des besoins, il faut se diriger vers les eaux de source si on ne veut pas trop de minéraux et à l'inverse vers les eaux minérales pour du magnésium et du calcium", détaille Florence Foucaut, diététicienne et nutritionniste. Pour autant, elle conseille en fonction de la qualité de son eau, " consultable en mairie", " de varier au maximum les eaux pour avoir un apport diversifié, l'eau du robinet apporte aussi du calcium".

Il existe aussi des solutions pour dépolluer l'eau du robinet qui contient des PFAS. "C'est tout à fait possible, c'est compliqué, mais on sait faire, le problème, c'est que nous ne sommes pas équipés pour", explique Julie Mendret, maître de conférences de l'Université de Montpellier, spécialiste en traitement des eaux.

En France, contrairement aux Etats-Unis, cette préoccupation est très récente. L'universitaire ajoute : " Comme les PFAS ont une résistance chimique et thermique importante, il est possible de les filtrer par le biais du charbon actif, un peu comme pour certains pesticides. Cela implique un coût financier supplémentaire par rapport à d'autres filtrages."

D'ici 2026, les filières de traitement de l'eau vont devoir s'adapter pour effectuer ces traitements et analyses de l'eau afin de respecter les futures normes fixées par la directive européenne.

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