Au lendemain du rejet des motions de censure, les étudiants montent d'un ton dans le rapport de force pour s'organiser et se mobiliser contre la réforme des retraites à Toulouse notamment à l'IEP et l'université Toulouse 2 Jean Jaurès.
"Il ne faut pas s'essouffler", "important qu'on soit ensemble" : les étudiants à Toulouse haussent leur mobilisation et s'organisent pour s'unir face à une "impasse démocratique" au lendemain du rejet des motions de censure, suite au 49.3 sur la réforme des retraites.
"La démocratie vient d'être piétinée, il ne faut pas s'essouffler", souligne Leslie Picollet, étudiante en 4e année à l'IEP de Toulouse où une occupation "historique" a lieu. "On ne veut pas de cette réforme complètement injuste."
Environ 200 étudiants débattent en assemblée générale ce mardi 21 mars 2023 sur les modalités pour continuer leur action. Depuis le mardi 7 mars 2023, l'établissement est occupé par les étudiants, et au moins jusqu'à vendredi, sans que la direction entrave ce blocus et annule les cours. Du jamais vu depuis 2006 et la réforme du CPE.
A la place, des ateliers conjoints de politisation et de formation sont organisés par et pour les étudiants, avec parfois l'aide de nombreux enseignants, notamment autour de thèmes qui ont lancé cette mobilisation, en plus de la réforme des retraites, comme le "classisme", sexisme et les injustices sociales.
Une "occupation responsable"
Dans le bâtiment, pas de tags ou de dessins sur les murs, mais des affiches ou des feuilles scotchées afin de ne pas dégrader le bâtiment.
Même si des sujets inquiètent comme les notes, la gestion des trimestres, il n'y a "pas de pression" pour ceux qui suivent le cursus général qui s'étalent sur plusieurs années et ne mettent pas en péril leur scolarité selon eux. Des salles sont aussi accessibles pour ceux qui préparent des concours afin "de ne pas les pénaliser".
"C'est une occupation responsable, respectueuse du bâtiment et du personnel. C'est agréable de voir que les étudiants sont structurés", juge Julien Weisbein, maître de conférence en sciences politiques , qui admet que personnels et enseignants ont rejoint tardivement le mouvement et sont eux-aussi en grève jusqu'à la fin de la semaine. "On essaye d'être soutenant."
"Se rassembler dans un mouvement interfac"
"C'est peut-être maintenant qu'on a besoin du mouvement social", après le passage à l'assemblée nationale, ajoute Kévin Chambon, chargé de projet égalité des chances.
Intervention sur le décrochage scolaire, situation des étudiants étrangers ou encore cours en visio... Les interventions s'enchaînent comme les votes dans l'amphithéâtre. "On ne peut pas lâcher, surtout après le 49.3", lance une jeune étudiante au micro.
La prochaine étape pour ces étudiants, c'est surtout "se rassembler avec les autres universités dans un mouvement interfac."
On veut créer une action collective avec les autres étudiants et universités pour revendiquer une identité étudiante jeune
Cathy Moreno Imbernonétudiante en deuxième année à l'IEP de Toulouse
L'idée est totalement partagée et acceptée à l'assemblée générale de l'université Jean Jaurès où l'amphithéâtre est plein à craquer avec plus de 500 étudiants, un nombre plus important que lors des autres mobilisations du mois de février et mars au Mirail.
"Là on sent qu'un truc s'est rompu" notamment avec le 49.3, observe Rozenn Kevel, étudiante et militante au Poing Levé Toulouse.
"Il est important qu'on fasse front ensemble" entre toutes les universités, poursuit l'étudiante de 22 ans, alors que le débrayage de toutes les facultés a été voté pour le mercredi 22 mars 2023. Une réunion entre les étudiants des différentes facs est aussi prévue demain.
L'assemblée générale a également décidé du blocage du Mirail jeudi 23 mars, avant de rejoindre le cortège de la manifestation à l'appel de l'intersyndicale.