Ce 16 juillet 2024, le SAMU fête ses 56 ans. Fondé à Toulouse par Louis Lareng, le service d'aide médicale d'urgence a évolué mais reste confronté à la pénurie de médecins et à une augmentation importante de son activité. Entretien avec Vincent Bounes, l'actuel directeur du SAMU 31.
Chaque année, le SAMU vient au secours de milliers de patients. Créé en 1968 grâce à la volonté d'un seul homme, le professeur Louis Lareng, chef du département d’anesthésie et de réanimation du CHU de Toulouse pendant près de 30 ans. Son objectif : l'accès aux soins pour tous et partout.
Louis Lareng expliquera que c'est l'augmentation très importante des accidents de la route qui lui avait imposé une réflexion dès 1953 sur la médicalisation rapide et le transport médicalisé.
Bon anniversaire pour les 50ans de nos amis du SAMU31. Du Pr Lareng « Loulou » fondateur du SAMU français au Pr Bounes succédant au Pr Virenque et Ducasse. Partenaires indispensables du SSA face aux nouvelles menaces. Grâce à vous nos familles sont protégées. Respect et Amitiés pic.twitter.com/pJ9yXljGzP
— Arrossa (@arrossa1) November 24, 2018
"Une idée de génie"
"Louis Lareng a eu l'idée de génie. La preuve : le SAMU fait désormais partie intégrante de notre système médical. Il est devenu indispensable pour les Français." Vincent Bounes, l'actuel patron des urgentistes de Haute-Garonne, ne tarit pas d'éloges quand il évoque l'inventeur du SAMU.
Plus de 700 000 appels au 15
"Louis Lareng a été le premier à mettre des médecins dans les ambulances" explique Vincent Bounes et 56 ans plus tard, son modèle est toujours d'actualité. La chaîne médicale a fait ses preuves et tout le territoire français dispose de services d'urgences de pointe. En 2023, le SAMU de Haute-Garonne a reçu 730.698 appels et réalisé plus de 14.000 interventions.
Une activité en hausse et des actes toujours plus diversifiés
En 2023, 356.809 passages ont été enregistrés aux urgences du CHU de Toulouse, soit une moyenne de 968 patients par jour. "On a de plus en plus de monde à traiter. Car on doit pallier le manque de médecins généralistes. On est loin des premières missions du Samu", réagit le médecin urgentiste.
Au début du SAMU, l'activité médicale était centrée sur les accidents de la route avec beaucoup de traumatologie. Maintenant, les équipes sur le terrain pratiquent plein de pathologies différentes, comme les crises cardiaques et les accidents vasculaires cérébraux. Les urgences vitales représentent 10% des cas. Et 1 appel sur 2 est une urgence réelle.
Vincent Bounes, médecin urgentiste et directeur du SAMU 31
Des services d'urgences en mode dégradé
Chaque année, en période estivale, des services d'urgences sont contraints à la fermeture faute de personnels. Cet été, l'urgentiste Vincent Bounes ne signale aucun service fermé, mais des unités en mode dégradé. "Dans le Tarn-et-Garonne, les usagers doivent d'abord appeler le 15 avant de venir sinon ils ne sont pas reçus. Même filtrage à l'hôpital de Saint-Gaudens. Ce phénomène n'existait pas, il y a 10 ans. Nous sommes la dernière lumière allumée, mais nous n'avons pas de baguette magique !".
En ces temps incertains, fidèle à mes valeurs, j'essaie de garder cet esprit de solidarité et de responsabilité qui a toujours guidé mes choix de vie. Aujourd'hui je suis dans le Tarn-et-Garonne pour aider mes collègues aux urgences et au SAMU.
— Bounes Vincent (@BounesV) July 2, 2024
Soigner, guérir, soulager. pic.twitter.com/P0ZqNE377e
Toujours à la pointe de l'innovation
Le 25 avril 2024, le CHU de Toulouse et le SAMU 31 ont inauguré le tout premier centre de simulation environnementale, émotionnelle et sensorielle dédié à la médecine de catastrophe. Un outil unique au monde qui permet aux équipes médicales et paramédicales du SAMU, aux pompiers, aux forces de l'ordre et à l'armée de se former dans des conditions hyperréalistes.
Le CHU de Toulouse se dote d'un centre de simulation high-tech ➡️ https://t.co/by0mi0DL2K pic.twitter.com/S98GycsAWj
— Réseau Hôpital & GHT (@ReseauHetGHT) May 15, 2024
Autre particularité, le SAMU 31 régule tous les appels des navires français en mer et ceux des navires internationaux dans les eaux françaises. Cette localisation au milieu des terres est liée à l’histoire (existence de la base Saint-Lys Radio à 20 km de Toulouse). Pendant une cinquantaine d'années, Saint-Lys Radio a été un cordon ombilical entre les navigateurs et la terre.
Grâce à un décret de 1983, le Centre de consultation médicale maritime (CCMM) assure depuis Toulouse, le service de consultation et d’assistance télémédicales pour les navires en mer avec près de 5000 téléconsultations par an.