Témoignages. "Avant notre problème, c'était les sangliers, aujourd'hui on a peur d'une balle perdue" : angoisse dans une petite commune de 3000 habitants

Publié le Écrit par Aude Henry

Dans une petite commune au nord de Toulouse, c'est désormais l'angoisse à l'approche du week-end. Un homme a été blessé par balles à la sortie d'une soirée, le dimanche 18 février 2024 à 4h du matin. Les riverains vivent dans la peur et ne savent plus vers qui se tourner.

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"Une zone de non-droit". Les riverains de la rue Georges Brassens, à Fonbeauzard en Haute-Garonne, n'en peuvent plus. Depuis quatre ans, ils sont confrontés à des nuisances de plus en plus alarmantes liées à l'organisation de soirées dites privées dans un local commercial au statut particulièrement flou. Dimanche 18 février : la situation a atteint son paroxysme. Des coups de feu sont tirés à 4h du matin, et un homme gravement blessé.

Comme on peut le constater sur la carte ci-dessus, la zone est bordée par la forêt. Voilà comment certains habitants résument la situation : 

Avant notre problème, c'était les sangliers. Aujourd'hui, c'est la peur de prendre une balle perdue.

Des habitants de Fonbeauzard

"Ça a canardé violent"

C'est une petite zone artisanale qui a commencé à pousser en 2007-2008. Mais pour les habitants, les ennuis ont commencé en mars 2020, avec l'ouverture d'un nouveau commerce, soi-disant un salon de thé, ouvert 7j/7, de minuit à 5h du matin. Bar à chicha, restaurant bar lounge, personne ne sait très bien. Mais quatre ans plus tard, les habitants parlent d'une "zone de non-droit".

Outre les entreprises, la zone artisanale compte une quinzaine de logements. Désormais, les résidents évoquent "un cauchemar", disent "vivre dans l'angoisse" à l'approche du week-end rythmé par des soirées dites privées. Anarchie sur le parking, nuisances sonores, bagarres... Jusqu'à cette tentative de meurtre, dimanche 18 février.

Cinq balles ont été tirées. Ça a canardé sévère. On est sur de la pègre installée, avec des règlements de compte.

Habitant de Fonbeauzard

Gendarmes, pompiers ont été appelés. Et une enquête a été ouverte pour tentative de meurtre. Trois jours plus tard, nous nous sommes rendus sur les lieux. Il est 9h30, sous l'enseigne du Phoenix, la porte est close. Mais il n'y a pas de scellés, s'étonne un voisin.

Une descente en 2022

Que se cache-t-il derrière cette grande porte noire ? Un fonds de commerce qui passerait de main en main et une activité non autorisée au regard du règlement de copropriété, selon nos informations.

@momocobra27 #Modjo #Club ♬ son original - Momocobra🐍

À l'automne 2021, alors que les plaintes des riverains se multiplient, les gendarmes interviennent à plusieurs reprises. Une descente nocturne est organisée début février 2022 afin de mettre un terme au "tapage nocturne occasionné par la centaine de personnes présentes dans l'établissement", indiquait alors le parquet de Toulouse dans un communiqué. Cette nuit-là, les infractions relevées sont multiples : tabac de contrebande, machettes et matraque, bonbonnes de gaz lacrymogène et de gaz hilarant sont retrouvés sur les lieux. Il est aussi question de travail dissimulé.

Depuis, tout a repris de plus belle. Et sur les réseaux sociaux, il n'est pas très difficile de retrouver l'adresse du lieu pour des soirées avec concert live, chicha, restauration et boissons. Sur les invitations apparaît désormais le nom de Modjo club. Rien en revanche sur la devanture de l'établissement. De quelle autorisation disposent les gérants successifs pour organiser de telles soirées ? La question est délicate.

"Épuisée, dégoûtée"

Les riverains n'en peuvent plus. Disent ne plus obtenir de réponse de la préfecture, du procureur, des élus. Certains sont à bout. "Je n'ai plus la force et l'énergie de travailler. Je suis épuisée, dégoûtée", nous confie une habitante après plusieurs arrêts maladie.

Pour moi, c'est un viol. On me fait du mal sans que je puisse faire quoi que ce soit alors que je suis dans mon droit.

Un habitant

Alors, que faire ? Lors d'une de ces soirées, un riverain a été empêché de rentrer chez lui. Il est agressé ainsi que sa femme sur le parking de la copropriété. Excédé, ce voisin effectue des tirs de sommation à blanc. Il sera condamné à quatre mois de prison avec sursis.

Déménager ? "Si ça ne change pas, je vais finir par partir", nous dit une habitante après avoir connu l'enfer depuis quatre ans.

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