Témoignages. Guerre en Ukraine : "Mon corps est ici, mon cœur est là-bas, c'est comme si j'avais deux vies" : paroles de réfugiées

Publié le Écrit par Aude Henry

Il y a deux ans, Vladimir Poutine annonçait une opération militaire spéciale en Ukraine. Le 24 février 2022, l'invasion russe et les bombardements débutent. Beaucoup de femmes et d'enfants vont fuir et trouver refuge en France. Deux ans plus tard, nous sommes allés à leur rencontre. Témoignages.

L'offensive russe en Ukraine débute dans la nuit du 23 au 24 février 2022. "Ma mère m'a appelée pour me dire que la guerre commençait", raconte Olga"J'ai réveillé mon mari et j'ai dit : on doit partir tout de suite." La jeune femme a peur pour ses enfants.

Avant la guerre, je faisais toujours le même rêve : j'étais chez moi, la guerre éclatait et quelqu'un venait tuer tous mes enfants. On est partis en deux heures.

Olga, réfugiée ukrainienne

Deux années ont passé. Olga et sa famille ont trouvé refuge en France. Sont installés à Muret, près de Toulouse.

"Je ne peux pas être vraiment heureuse"

La jeune femme ukrainienne ne regrette absolument pas d'avoir fui la guerre. Mais il ne se passe pas un jour sans penser à son pays et à ses proches restés là-bas.

L'Ukraine est toujours dans nos pensées. Je suis toujours en lien avec des amis qui sont là-bas. C'est comme deux vies : l'une avec le corps ici, l'autre avec le cœur en Ukraine.

Olga

Ici, la famille se sent en sécurité. "Tout est bien, les enfants vont bien". Pour la belle-famille et les amis proches qui sont toujours en Ukraine, la situation est différente. Olga raconte que certains de ses amis habitent Kiev où les bombardements sont quotidiens. Dans le même temps, ici à Toulouse, elle joue et échange des rires avec ses enfants. "Je ne peux pas être vraiment heureuse parce que je sais comment ça se passe en Ukraine", nous dit-elle simplement.

Il y a six mois, j'étais sûre que l'Ukraine allait gagner la guerre. Maintenant, on voit que l'Ukraine a besoin d'aide militaire, mais il n'y a pas beaucoup de pays qui en donnent.

Olga

Olga tient à perpétuer quelques traditions ukrainiennes. Cuisine des spécialités du pays. Et raconte qu'avant, la famille parlait russe et anglais, alors qu'aujourd'hui c'est l'ukrainien et le français. Parler de l'Ukraine avec les enfants, c'est important, pour garder le lien.

"Je pensais rentrer à la maison très vite"

Irina, elle, a quitté l'Ukraine à la fin mars 2022.  Direction : la France, et plus précisément le Tarn. "Je ne pensais pas rester ici pendant deux ans. Je pensais rentrer à la maison très vite au bout de 2-3 mois maximum. Parce que j'avais une bonne vie là-bas avant que les soldats russes n'arrivent."

Irina est partie sans son mari, resté auprès de ses parents. Mais au cours de ses deux années passées, elle est rentrée une fois en Ukraine car son fils réclamait son père.

Après un mois passé là-bas, il a voulu revenir en France. Il avait peur.

Irina, réfugiée ukrainienne

En France, les réfugiés ukrainiens évoquent tous cette sécurité retrouvée. Mais la guerre, la situation de leurs proches est une sorte de torture de l'esprit. "Ici, on ne peut pas aider l'Ukraine. C'est difficile à vivre pour nous."

(Propos recueillis par Hélène Jacques et Pascale Félix)

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