Alors que les stations service ferment une à une à Toulouse, certaines professions commencent à s'inquiéter. Ambulanciers, transporteurs craignent que la situation ne s'enlise. Témoignages.
"J'ai déjà un chauffeur en train de faire le tour des stations pour faire le plein", déplore Jean-Hugues Gérard, ambulancier-régulateur aux Ambulances du Roussillon à Toulouse. Les professionnels du transport de personnes mais aussi de marchandises sont sur le qui-vive alors que la pénurie d'essence est effective dans un nombre grandissant de stations essence à Toulouse et en périphérie.
"Si on ne trouve pas, on restera chez nous demain, poursuit Jean-Hugues Gérard, dépité. Nous allons avoir un impact sur les patients ! Je ne comprends pas : le gouvernement dit qu'il a des réserves. Où sont-elles ? Elles existent ou on nous ment ? On dirait qu'on n'a pas envie que les gens travaillent. Il faudrait que Total lâche plus d'argent à ses salariés et le problème serait réglé".
Beaucoup de stations fermées
Pour Mickaël Hazera de Capitole Ambulance, la situation ne va pas pouvoir durer : "On a fait le plein vendredi soir. Aujourd'hui sur Toulouse, la plupart des stations sont fermées. Il ne faudrait pas que ça dure au-delà du milieu de la semaine...". Un sentiment d'inquiétude que partage l'ensemble des professionnels que nous avons contactés.
Même si certains ont eu la capacité d'anticiper. C'est le cas de Sud 31 Assistance. "On a fait remplir nos cuves parce qu'on a suivi l'évolution dans les médias, explique Katia Laffont du pôle régulation de la société établie à Saint-Gaudens. On a un mois d'autonomie. Mais on préconise le transport simultané de patients. Ce matin, plus que jamais. On s'est réuni à la régulation pour mieux gérer cette question et éviter à tout prix les trajets à vide".
Du côté des transporteurs, même vigilance, teintée parfois de ras-le-bol : "ça a l'air de se durcir, constate Aurélien Haberard, directeur de Leader Logistic à Grenade. Depuis la fin de la semaine, on a du mal à s'approvisionner entre la pénurie et les queues énormes. On commence à calculer au quotidien. On ne change pas encore nos parcours mais on suit ça de très près".
Un problème de plus
"Le souci c'est que ça se surajoute à d'autres problèmes : il y a un enchaînement qui n'est pas bon entre le Covid, l'augmentation du prix des carburants qu'on doit répercuter sur les clients et c'était déjà pas gagné. C'est un problème de plus pour nous qui souffrons aussi d'une pénurie de chauffeurs. Il y a un vieillissement de la profession et un manque de renouveau et de compétence. Il faut être armé pour supporter tous ces aléas !".
Dans d'autres sociétés, c'est le personnel qui a du mal à circuler. C'est le cas à TCC Logistics à Blagnac. "J'avais une réunion aujourd'hui avec quelqu'un qui est en télétravail, explique Vincent Leterc, le directeur général. La personne n'a pas pu trouver d'essence, on est obligé de reporter".
Effet domino
"Pour les transporteurs, ça commence à être tendu. J'ai une livraison urgente qui devait se faire jeudi. Le transporteur n'a pas pu faire le plein. On a perdu 48 heures. Les clients comprennent, ils connaissent la situation. Mais ça a un effet domino : eux-mêmes sont en retard pour livrer et c'est compliqué".
Pour d'autres transporteurs, le problème c'est avant tout pour l'instant l'avance de frais pour les chauffeur. Ils ne peuvent plus régler le carburant avec leur carte Total. Ils doivent se servir de leurs carte bleue personnelle et se faire rembourser. Une complication que les chauffeurs, tout comme les gestionnaires, n'apprécient pas. Tous espèrent que la situation va s'améliorer dans les plus brefs délais et restent l'oreille tendue pour connaître la suite donnée au mouvement de grève.