L’hôpital a tenu bon mais il manque toujours de moyens et de reconnaissance. Les syndicats Sud et CGT appellent le personnel et les citoyens à se rassembler à Toulouse le 11 mai. Un nouveau monde est à construire. Avec ce mot d'ordre adressé au gouvernement : #VousNeConfinerezPasNotreColère.
"Ni la direction, ni le gouvernement n’ont l’intention de satisfaire les revendications des hospitaliers". La CGT et SUD appellent donc le personnel à faire grève et se rassembler dès le 11 mai, début du déconfinement. Sous le mot d’ordre #VousNeConfinerezPasNotreColère, ils demandent plus de moyens et de protections face à la pandémie. Que l'hôpital ne fonctionne plus selon une logique marchande mais en fonction des besoins de la population.
A Toulouse, déconfinement va rimer avec manifestants. Nous avions quitté un hôpital en crise avant le Covid 19. Sitôt le déconfinement annoncé, les hospitaliers reprennent leurs revendication complétées par celles liées à la crise pandémique. Un mouvement qui part de Toulouse et qui pourrait bien se répandre.
Des revendications locales
Des masques FFP2 ou FFP3 non périmés ou dégradés pour tout le personnel, la création de 1500 postes minimum au CHU de Toulouse pour combler le sous-effectif, la création d’un nouvel hôpital au nord de la ville, le développement des maisons publiques de santé dans tous les quartiers de l’agglomération toulousaine, les syndicats veulent préparer l’après Covid. En assurant la protection du personnel mais aussi des patients, ils souhaitent que tous soient soumis à un questionnaire sur les symptômes, à la prise de température, fourniture d’un masque et de gel hydro-alcoolique pour tous.D’autre part, ils demandent l’ouverture de La Grave et des locaux inoccupés du CHU pour les hébergements d’urgence. De manière globale, ils veulent arrêter là ce qu'ils nomment "les logiques marchandes en vigueur dans les hôpitaux depuis une dizaine d’années".
On y trouve aussi un volet salarial : augmentation de 2 points pour tous les agents du CHU et diverses primes : insalubrité, prime de 1500 euros par rapport à l’épidémie, ainsi que rémunération du tutorat et de l’enseignement pour les agents… Ils demandent aussi le retrait des sanctions intervenues au cours des manifestations hospitalières.
Des applaudissements, et après ?
On nous a beaucoup applaudi durant le confinement. Nous verrons si ça continue dehors.
Victor Alava, infirmier à Rangueil est assez remonté. « Nous sommes en 2020 et nous avons des préoccupations qui datent de 200 ans ! » Pour le syndicaliste SUD, cette crise met en lumière l’immense retard pris par les différentes politiques de santé en matière sanitaire. « Nombre de lits, respirateurs, vaccins, tests, il est temps de se faire entendre ! »
Sud et la CGT appellent donc le personnel à se rassembler, même si les rassemblements restent toujours limités après le 11 mai. « C’est un test que nous lançons pour alerter la direction au CHU mais aussi nos organisations syndicales. Ca part de Toulouse mais ça devrait être partout. Notre but c’est de créer une mobilisation, de se retrouver dans la rue et de partager une colère. Les gens nous applaudissent mais nous ne sommes pas des héros. Nous appelons les citoyens à venir nous rejoindre et se battre avec nous. Ce n’est pas le 11 mai que tout va changer. Mais il faut commencer à construire un monde nouveau ».
Sur le tract appelant aux rassemblements, figurent aussi des revendications nationales comme la revalorisation des carrières, la fin du gel du point d’indice des fonctionnaires, l’embauche de 10 000 personnes pour les hôpitaux, 20 000 dans les EHPAD, 10 000 pour l’aide à domicile. Sans oublier la réouverture des 50 000 lits supprimés et l’annulation de la dette des hôpitaux et de la tarification à l’acte.
En attendant un mouvement national, 5 points de rassemblement sont prévus à Toulouse le lundi 11 mai à 14H. A Rangueil dans le hall d’entrée, à Purpan entre l’hôpital des enfants et l’hôpital Paule-de-Viguier, devant l’entrée de l’Oncopole, ou encore devant la Cité de la santé de La Grave et dans le jardin à l’entrée de la Fontaine Salée (Salies-du-Salat).
« On y croit à ce monde nouveau. Mais c’est à chacun de le construire. Et je ne vois pas dans les discours d’Emmanuel Macron ce qui va changer ». Lundi sera donc un nouveau test. On ne parle plus médical mais social.