"Risque de trouble à l'ordre public" ou "invisibilisation" : la mairie refuse d'accueillir une exposition de Médecins Sans Frontières sur Gaza

Sollicitée pour accueillir une exposition de Médécins Sans Frontières consacrée à Gaza, la mairie de Toulouse a refusé d'accueillir l'événement en invoquant "le risque de trouble à l'ordre public" suite à différents événements survenus ces derniers mois dans la Ville rose. L'ONG dénonce une "censure".

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Prudence avisée ou censure délibérée ? Les différentes interprétations se sont affrontées lundi 6 janvier 2025 après la publication d'une lettre ouverte de Médecins sans frontières adressée au maire de Toulouse (Haute-Garonne), Jean-Luc Moudenc. 

Au cœur de cet échange, le refus par la municipalité d'accueillir une exposition consacrée à la guerre à Gaza. Portée par MSF et intitulée "We did what we could", cette exposition multimédia revient sur un an de bombardements des hôpitaux de l'enclave palestienne. "Le 20 octobre 2023, alors qu’Israël ordonne l’évacuation de l’hôpital Al Awda, dans le nord de la bande de Gaza, des soignants palestiniens décident de rester avec leurs patients, malgré le danger. Parmi eux, un médecin de MSF trace alors ces mots sur le tableau de service, sorte de testament : « We did what we could. Remember us. » [On a fait ce qu’on a pu. Souvenez-vous de nous]. Il est tué un mois plus tard, le 21 novembre, au cours du siège de l’hôpital par l’armée israélienne", détaille le texte présentant l'exposition.

"Risque de trouble à l'ordre public"

Initialement présentée à Bayeux lors du prix des Correspondants de Guerre en octobre dernier, l'exposition devait ainsi se tenir à l'Espace Diversités Laïcité à partir du 6 janvier 2025 dans le cadre de la 18e édition du festival Cinéma et Droits de l'Homme. Mais après un ultime arbitrage mi-décembre, la mairie de Toulouse en charge de la gestion du lieu, a finalement décidé de ne pas donner de suite favorable à la demande de l'ONG. 

Sollicitée sur le sujet, la municipalité justifie ce choix par le "risque évident de trouble à l'ordre public" avant de détailler un contexte local "tendu" évoquant "l’interdiction, depuis le 7 octobre, de plusieurs manifestations liées au conflit israélo-palestinien par la préfecture et dont la radicalité posait un problème de trouble à l’ordre public ou encore le ciblage récent de plusieurs commerces toulousains au motif de leur prétendu soutien à Israël, sur le seul motif de la judéité présumée de leur propriétaire ..."

Lire aussi : Boycott d'Israël ou actes antisémites ? Ce que l'on sait sur l'affaire des autocollants apposés sur des magasins

"Amalgame"

Une décision qui "consterne" l'ONG et les associations cosignataires de la lettre adressée à Jean-Luc Moudenc. "L’amalgame que vous opérez entre ces événements, dont certains sont légalement répréhensibles, et une exposition présentée par une association humanitaire engagée sur le terrain et destinée à rendre compte du sort des Gazaouis est inacceptable. Il procède d’une logique de décrédibilisation et de censure de celles et ceux qui tentent d’alerter sur les atrocités en cours à Gaza, et de négation de la souffrance de la population palestinienne", dénonce ainsi Médecins Sans Frontières.

Lire aussi : Violences lors d'une conférence à Toulouse entre pro Palestine et pro Israël, deux élus de la mairie évacués

Quelques jours plus tôt, le député LFI de Toulouse, Hadrien Clouet, n'avait pas attendu cette lettre pour embrayer sur la polémique en dénonçant sur X "une honteuse censure des amis de Netanyahou". Contacté par téléphone, le parlementaire explique ne pas comprendre ce qu'il estime être "une invisibilisation d'un génocide en cours. En empêchant cette exposition, qui ne représente aucune menace, on empêche la discussion.

En janvier 2025, le bilan partagé par l'ONU faisait état de plus 45 000 morts dont plusieurs centaines d'humanitaires. Près de 100 otages israéliens étaient encore détenus dans l'enclave.

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