Arreau : après une attaque d'ours dans une bergerie, des éleveurs manifestent pour réclamer le retrait du plantigrade

Environ 200 personnes, citoyens, agriculteurs, élus ont manifesté ce jeudi à Arreau (Hautes-Pyrénées) pour réclamer le retrait des ours à problème dans les Pyrénées. Une manifestation qui fait suite à deux attaques récentes d’un ours sur des brebis dont une dans une bergerie.

Certains ont fait plus de deux heures de route pour venir manifester, comme cet éleveur des Pyrénées-Atlantiques installé à Borge. "Ce qui se passe ici peut se passer chez nous alors on est venu par solidarité".

La solidarité, l’inquiétude, la colère, la lassitude, l’incompréhension, les attaques de l’ours suscitent de nombreuses réactions. Ils étaient environ 200 à manifester pour réclamer le retrait des ours à problème ce jeudi matin dans le village d’Arreau (Hautes-Pyrénées).

A quelques kilomètres de là, vendredi dernier, un ours est entré dans la bergerie d’une éleveuse à Lançon. Il a forcé la porte, il est entré et a tué un agneau avant de le dévorer dehors.

Quelles solutions pour protéger les troupeaux de l'ours ?

Les services de l’Etat ont confirmé qu’il s’agissait bien d’un plantigrade. Mais lequel ? Depuis la mise en place du plan de sauvegarde de l’ours brun, on compte désormais une soxantaine d’ours dans les Pyrénées. Des analyses ADN sont en cours. Il pourrait, selon les éleveurs, s’agir de Goiat, un plantigrade réintroduit dans les Pyrénées espagnoles en 2016. Il est considéré comme un ours à problème en raison de son comportement anormalement prédateur notamment avec les chevaux.

Reçue mercredi par le Préfet l’éleveuse, Françoise Salle Canne, n’est pas convaincue par les mesures annoncées par l’Etat. Un effarouchement de l’animal a été décidé. Mais pour les agriculteurs cela ne sert à rien. Juste à envoyer l'ours chez le voisin. "Un jour il va tuer quelqu’un et là on bougera," dit la bergère qui se sent démunie.

L'ours attaque aux abords des villages parce qu'il n'y a rien encore dans les estives

Jean-Noël Cazcarra, éleveur de brebis à Vieille-Louron

Dans la nuit de dimanche à lundi, un autre troupeau a été victime d’une attaque dans le village de Vieille-Louron non loin de Lançon. Les bêtes de Jean Noel Cazcarra étaient parquées dehors avec une chienne patou. La clôture, composée d’un grillage et de barbelé avec un fil électrique, a été aplatie par un ours entre deux piquets. Une brebis de cinq ans a été tuée et dévorée sur place. "Malheureusement, on est habitué, dit l’éleveur, tous les ans à la première estive je perds des brebis". Mais pour la première fois, l’ours s’est attaqué à son troupeau qui n’était pas encore monté en altitude. "On se fait attaquer aux abords du village parce qu’il n’y a encore rien en estive" explique-t-il. Habituellement, les éleveurs montent leurs troupeaux entre la mi-mai et début juin. "On écoute bêtement les directives qui nous disent de mettre des patous et on parque les animaux mais ça ne sert à rien. Une bête de 300 kilos quand elle a faim elle va passer outre".

La manifestation s'est déroulée dans le calme. Un défilé de quelques centaines de mètres dans le village d'Arreau.

Pas de retrait de l'ours à l'ordre du jour

Sur un tracteur les éleveurs ont pendu un énorme ours en peluche. Le message est clair, ils réclament le retrait de l’ours Goiat.

"Moi j’ai 56 ans, dit un autre éleveur installé dans les Baronnies, si l’ours attaque mes bêtes j’arrête et personne ne va reprendre le métier derrière moi". Pour Hervé Chelles il faut arrêter de voir seulement un problème entre pro et anti-ours. Il faut réfléchir aux conséquences. "La population augmente et il faut la nourrir, les terres arables partent à l’urbanisation ; la seule viande produite avec de l’herbe de qualité c’est dans les montagnes. Mais à cause de l’ours, les éleveurs pourraient arrêter. Alors oui, affirme-t-il, si un ours pose des problèmes il faut le retirer."

Le retrait n’est pas à l’ordre du jour. Le préfet n’a pas répondu à cette revendication. L’effarouchement de l’ours est pour l’instant l’unique réponse à l’inquiétude des éleveurs.

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