"Il faudrait créer des réserves" : avec le changement climatique, l'eau au cœur des revendications des agriculteurs

Le Premier ministre est attendu ce vendredi 26 janvier 2024 en Haute-Garonne. En attendant ses annonces, la mobilisation des agriculteurs se poursuit avec, parmi leurs revendications, la gestion de l’eau. Un enjeu devenu central pour leur métier avec le dérèglement climatique.

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Après la venue et les annonces de Gabriel Attal vendredi 26 janvier après-midi en Haute-Garonne, les questions concernant la suite de la mobilisation des agriculteurs sont en suspend. Au cœur de leurs nombreuses revendications, la gestion de l’eau. Le premier ministre a parlé d'une réforme de l'eau : le délai de retour sur les retenues collinaires sera réduit de 4 mois à 2 mois. De plus, un échelon de juridiction pour les bâtiments d'élevage sera supprimé. Suffisant pour les agriculteurs concernés.

L’eau de pluie se raréfie

Philippe Caubet est éleveur bovin dans les Hautes-Pyrénées. Avec son frère, il élève 150 blondes d’Aquitaine pour leur viande. L’un des principaux défis auquel il doit faire face chaque jour : trouver de l’eau pour ses bêtes. Les animaux sont abreuvés avec l’eau de pluie tombée sur les toits de l’exploitation et stockée dans de grandes citernes. Mais celle-ci ne suffit plus. “En 2022, la période sèche a duré”, se souvient Philippe Caubet. “Nous avons 4-5 mois d’autonomie après la dernière pluie. Cette année-là, nous nous sommes servis pendant 1 mois et demi de l’eau du réseau en attendant les pluies suivantes.”

Les périodes de restrictions augmentent

Pour nourrir ses bêtes, l’agriculteur cultive du maïs sur 80 hectares de sa ferme. Mais l’été, il doit faire face aux périodes de restriction, lui interdisant d’irriguer. “Nous ne pouvons pas nous permettre de nous demander, dès le mois de mai, comment nous allons nourrir nos animaux jusqu’au mois de mai l’année suivante”, s’inquiète l’éleveur. “Quand une sécheresse arrive, nous entamons nos stocks de fourrage destinés à l’hiver et nous n’en avons plus dès le mois d’octobre.”

15% d’eau en moins d’ici 2040

La situation décrite par Philippe Caubet est récente. Mais avec le changement climatique, celle-ci est amenée à se répéter. Une récente étude anticipe une baisse des débits dans les cours d’eau dépendant de l’eau des Pyrénées. “L’effet du changement climatique c’est la diminution de la pluie, cela fait diminuer le débit d’eau”, analyse José Miguel Sanchez Perez du laboratoire écologie fonctionnelle et environnement du CNRS. “Avec l’augmentation de la température, nous faisons face à deux effets concomitants. La conséquence est que la disponibilité de l’eau dans les cours d’eau est moindre. Car l’augmentation de la température entraîne l’augmentation de l’évaporation, la diminution de la pluie. Nous aurons donc moins d’eau disponible.”

Cette baisse de débit pourrait atteindre 15% d’ici 2040 dans les cours d’eau des Pyrénées. Une difficulté supplémentaire annoncée pour les agriculteurs de la région.

Les agriculteurs mobilisés pour la création de réserves

Pour alerter sur ces difficultés, Laurent, le frère de Philippe Caubet, participe à la mobilisation des agriculteurs sur les routes. “Aujourd’hui, il faudrait créer des réserves d’eau”, insiste-t-il. “Il y a 40, 50 ans, nos anciens ont créé des réserves d’eau et c’est grâce à elles que nous pouvons arroser nos cultures.” L’éleveur déplore le refus de l’administration de créer des réserves d’eau en leur faveur. “Dans la bataille de l’eau, l’agriculture passe toujours en 2e, 3e ou 4e position”, déplore-t-il. “Il y a tellement de gens à faire boire qu’on passera toujours en dernière position. C’est très compliqué, nous ne pouvons pas vivre avec cette crainte de manquer d’eau.” Ces réserves au profit des agriculteurs sont décriées. En plus de perturber le cycle de l’eau, elle prive ceux en aval du cours de sa ressource.

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