Le préfet des Hautes-Pyrénées renonce à l'effarouchement de l'ours Goiat

À la demande des associations, le préfet de Tarbes a accepté de renoncer à l'effarouchement de l'ours Goiat dans son département. Une victoire pour les les défenseurs de la biodiversité qui luttent depuis longtemps contre cette méthode.

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À l'approche de l'hibernation, il peut dormir tranquille. L'ours Goiat ne subira finalement pas de menaces de la part de l'Homme. Le préfet des Hautes-Pyrénées vient de renoncer à prendre un arrêté autorisant l'effarouchement du plantigrade. C'est une première. 
  

Moment de répit

Suite aux nombreuses attaques sur les troupeaux en estive, plusieurs arrêtés avaient été pris pour effrayer les ours qui s'approchent trop près du bétail. L'association Pays de l'Ours-Adet en a dénombré un en Hautes-Pyrénées, deux en Haute-Garonne et 15 en Ariège, le département qui regroupe la grande majorité des arrêtés et des attaques. 
 
Cette fois, les services de l'État ont jugé que l'effarouchement n'était pas la solution adaptée pour limiter ces attaques concernant Goiat. C'est une victoire pour les associations.

"Nous saluons l’attention et l’écoute du Préfet des Hautes-Pyrénées, adressent-elles dans un communiqué. Nous espérons que cette sagesse se prolongera et inspirera d’autres Préfets qui cèdent souvent et trop rapidement à la tentation de « taper sur les ours » plutôt que de renforcer les moyens pour une cohabitation apaisée, pourtant possible avec la collaboration de tous les acteurs."

L'utilité et l'efficacité de ces méthodes d'effarouchement restent à prouver selon les associations. Elles ajoutent avoir déposé un recours devant le Conseil d’Etat contre le Décret ministériel qui permet aux Préfets d’autoriser ces effarouchements inutiles et dangereux. "S’il nous donne raison comme nous l’espérons, il faudra bien revenir à la raison et revoir enfin les modalités de la cohabitation entre l'élevage et l'ours dans les Pyrénées sur des bases constructives."
   

Vers une gestion microlocale ?

Cette abrogation des arrêtés d'effarouchement risque de contrarier certains opposants à la politique de l'ours dans les Pyrénées. En premier lieu les éleveurs qui subissent de plein fouet les dégâts du plantigrade sur leurs troupeaux. 

Rien que cette année, un plantigrade a été abattu en Ariège, au mois de juin. Quelques mois auparavant, un autre ours avait été retrouvé mort côté espagnol.

Les décisions concernant les ours dans les Pyrénées vient d'instances gouvernementales situées à Paris. Elles sont vécues comme hors-sol par une partie des acteurs de terrain confrontés de plus près au phénomène.
 
C'est pourquoi Ruppert Vimal, chercheur du CNRS attaché à l'université Toulouse 2 Jean-Jaurès, se penche sur les interactions entre transhumants et ours, à l'échelle des estives. De façon à obtenir les meilleurs paramètres de cohabatation entre ours et bergers.

"Pendant trois ans, nous allons étudier trois estives, explique le chercheur. L'idée est d'identifier ce qui fait les spécificités de chaque territoire donné afin de mieux gérer vis-à-vis des comportements des ours, et donner une chance à la coexistence avec les bergers et leurs troupeaux."

Les endroits où passent l'ours, à quelle fréquence, à quels moments de la journées, sont scrutés par les chercheurs. Ces données leur permettront de proposer un aménagement du territoire, et éviter les rencontres à risques. Dans cette optique "le groupement pastoral nous donne des informations de première importance, nous entretenons de bonnes relations avec eux."

À ce jour, le massif pyrénéen compte une cinquantaine d'ours, un nombre jamais atteint depuis les années 1950.
 
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