Témoignage. "Je la vois partout", près de deux ans après son féminicide, la famille d'Aurélie Pardon meurtrie mais unie dans l'adversité

Publié le Mis à jour le Écrit par Julie Valin
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Aurélie Pardon et Gabriel Fourmigué ont été tués le 4 juillet 2022 à Pouyastruc dans les Hautes-Pyrénées. Ces deux enseignants d'un collège de Tarbes ont été froidement abattus par l'ex-mari d'Aurélie. Près de deux ans après le double homicide, le frère et la mère d'Aurélie ont accepté de recevoir une équipe de France 3 Occitanie.

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Dans le salon de cette jolie maison sur les hauteurs de Barbazan-Dessus (Hautes-Pyrénées), plusieurs photos d'Aurélie sont posées sur un buffet. Sur l'une, la jeune femme y apparaît en robe de mariée, tenant tendrement sa petite fille dans les bras. Sur une autre, elle affiche un large sourire.

Ce sera la dernière photo prise de la mère de famille, souvenir d'un voyage scolaire que cette professeure de français avait organisé en Normandie avec ses élèves de 3ème du collège Desaix à Tarbes quelques semaines avant le drame. 

Et c'est bien cette image du bonheur que veulent conserver ses parents et son frère.

La date anniversaire de sa mort approche. Un moment encore très douloureux pour Danielle. Pour la première fois, la maman d'Aurélie a accepté de parler à un média. Très émue, elle évoque sa vie sans sa fille. 

La vie sans elle, je ne la définis pas parce que je me couche avec elle, je me lève avec elle. J'y pense tout le temps. Et je la vois partout.

Danielle, la maman d'Aurélie Pardon

"Elle était rayonnante, c'était une enfant sérieuse, volontaire qui savait ce qu'elle voulait dans la vie." Dès que Danielle parle de sa fille, elle sourit et se remémore les bons moments passés ensemble. 

Mais elle nourrit un profond regret, celui de ne pas avoir su protéger son enfant. "Elle aurait pu, peut-être nous parler plus. Au lieu de nous protéger et nous dire exactement ce qu'il se passait dans son couple". 

Des grands-parents devenus tuteurs légaux

Elle nous explique que depuis le drame de Pouyastruc, elle et son époux élèvent les enfants d'Aurélie, une fille de sept ans et un petit garçon de trois ans et demi. Les grands-parents sont devenus leurs tuteurs légaux. "Ils nous poussent en avant ces petits, heureusement qu'on les a !"

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Depuis le 4 juillet 2022, la vie de cette famille a basculé. Aurélie Pardon a été froidement abattue aux côtés d'un collègue de travail, par son ex-mari. L'auteur des coups de feu a ensuite pris la fuite. Pendant des mois, Cédric Tauleygne est resté introuvable. La famille d'Aurélie vivait alors dans la peur qu'il réapparaisse. "Dès qu'on entendait une moto passer dans la rue, c'était la panique. On avait peur qu'il revienne tuer les enfants" explique Jean-Romain Pardon, le frère d'Aurélie.

Impossible de se reconstruire après un tel drame. 

Tu prends un tsunami dans la tête. Parce que c'est un désastre ce qu'il s'est passé, plus l'ampleur médiatique. Il faut gérer toute la presse qui veut avoir des informations sur toi, sur ta famille. Il faut essayer de se protéger de tout ça pour pouvoir vivre correctement.

Jean-Romain Pardon, frère d'Aurélie

Les obsèques d'Aurélie se sont déroulées le 15 juillet 2022. Près de 300 personnes y ont assisté pour rendre un dernier hommage à la jeune femme de 32 ans. "C'était émouvant de voir toutes ces marques d'attention des amis, de la famille et des collègues d'Aurélie". Ça faisait chaud au cœur" se souvient Jean-Romain. "Mais quand je passe devant le cimetière, ça fait bizarre de savoir qu'elle est là."

Un impossible deuil

Un suspect en cavale, des formalités de succession à l'arrêt, la garde des enfants à gérer. Les parents et le frère d'Aurélie ont ensuite été pris dans un tourbillon administratif pendant de longs mois. 

"On a tout fait pour garder les enfants avec nous. Le maire de notre village nous a soutenus dans cette épreuve. Heureusement qu'il était là" reconnaît Danielle, la maman d'Aurélie. "Tant que l'on est dans le flot des démarches administratives sans fin, c'est impossible de faire son deuil. On est toujours dans le combat", explique Jean-Romain.

Huit mois après le meurtre d'Aurélie, le corps de Cédric Tauleygne a été retrouvé dans les Pyrénées espagnoles. "C'était un soulagement pour toute la famille. Une vraie délivrance" avoue Jean-Romain. Désormais, lui et ses parents organisent leur quotidien autour des deux enfants d'Aurélie. "On essaye de leur offrir le meilleur cadre de vie possible" raconte Danielle. 

À lire aussi : L'autopsie confirme que le corps retrouvé en Espagne est bien celui de Cédric Tauleygne

Le fait de le savoir mort, ça voulait dire qu'il ne pouvait plus nuire à ma famille. C'était le plus important à mes yeux. Cela permet aux enfants de tourner la page. Certes, ils ont perdu leurs deux parents de manière tragique mais au moins ils peuvent se reconstruire sur une nouvelle page, un nouveau livre, une nouvelle famille que l'on a fondée ensemble.

Jean-Romain, frère d'Aurélie Pardon

Le parquet de Pau (Pyrénées-Atlantiques) devrait bientôt refermer l'information judiciaire. Il n'y aura jamais de procès. "C'est sûr qu'il ne répondra jamais de ses actes. Mais de toute façon, il ne méritait pas d'aller en prison, ça aurait été trop facile par rapport aux malheurs qu'il a engendrés. Ce qui répare un peu nos âmes, c'est que l'on sait qu'Aurélie était très entourée par les gens qui lui ont porté secours juste avant de mourir". 

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