Mathias Dantin, 17 ans, est devenu tétraplégique à la suite d’un plaquage pendant un match de rugby UNSS à Bagnères-de-Bigorre. Un mois après, l’adolescent tente de se reconstruire, entre rééducation et bataille juridique. Son témoignage.
La vie de Mathias Dantin a brutalement basculé le 14 décembre dernier. Pendant un match de rugby dans le cadre scolaire, l’adolescent de 17 ans est victime d’un plaquage brutal.
Le jeune rugbyman ne se relève pas, il devient tétraplégique, car sa moelle épinière est touchée au niveau des vertèbres cervicales. “Sur le moment, je n’ai pas compris ce qu’il se passait”, se souvient-il. “Il y a eu le choc, je me suis retrouvé au sol et je ne pouvais plus rien bouger.”
Ce sont des sensations qui restent ancrées dans ma tête et dont je me souviendrai toute ma vie.
Mathias Dantin, tétraplégique à la suite d'un plaquage violent lors d'un match de rugby UNSS
Ce qui les hante encore aujourd’hui, lui et son père, témoin de l’accident, c’est la violence de l’impact. “J’avais peur de mourir, je me suis vu mort avec le choc. Ça a été très intense, j’ai senti mes cervicales craquer en tombant au sol puis une sensation difficile à expliquer, comme si j’avais un essaim d’abeilles dans tout le corps. Ce sont des sensations qui restent ancrées dans ma tête et dont je me souviendrai toute ma vie.” Conscient du début à la fin, le jeune homme, formé au secourisme, a immédiatement compris la gravité de sa blessure. Il a été opéré à deux reprises, pendant un total de 7 heures.
De longs mois de rééducation
Mathias Dantin a d’abord passé 2 mois hospitalisé à Toulouse. Aujourd’hui, il suit une lente rééducation dans un centre spécialisé à Cambo les Bains dans le Pays-Basque.
Son quotidien ? Il le partage entre exercices physiques adaptés et séances d’ergothérapie. 4h de rééducation par jour pour essayer de retrouver un peu de force et de tonicité, au moins dans le haut du corps. “Quand je suis arrivé ici, je bougeais un peu ce bras, je bougeais l’autre. S’il tombait, je ne pouvais pas le remettre”, se souvient l’adolescent. “Maintenant, je peux bouger les deux bras et me redresser. Je suis beaucoup plus mobile, plus actif.” Un résultat obtenu après 5 mois de renforcement musculaire. “Nous faisons du Molky, de la sarbacane, de la pétanque…”, ajoute Caroline Mothe, éducatrice en activité physique adaptée. “Nous faisons plein d’activités différentes pour essayer d’apporter un petit peu plus de joie dans la rééducation que l’on fait ensemble. Nous faisons tout ce réentrainement à l’effort pour qu’il ait plus d’endurance dans ses gestes du quotidien. ”
Une vie bouleversée
Malgré ces importants progrès, Mathias est désormais tétraplégique. Sa vie a entièrement basculé il y a 5 mois, tout comme celle de sa famille. “Nous démarrons une nouvelle vie”, témoigne Fabienne Dantin, la mère de Mathias. “Nous devons nous adapter, tout réapprendre. Notre quotidien, notre vie personnelle, professionnelle, familiale… Tout a été bousculé.”
Ecoutez son témoignage au micro de Régis Cothias et Emmanuel Fillon :
Ses parents ont temporairement déménagé pour rester présents au quotidien. Ils désespèrent d’obtenir l’aide nécessaire pour accompagner Mathias. “Nous sommes présents le midi et le soir pour lui”, précise la maman. “Mathias a perdu l'appétit depuis ce jour-là. Alors je lui prépare des petits plats qu’il aime pour lui redonner de l'appétit et qu’il reprenne du poids.”
Nous avons reçu 20 000 euros et nous devons nous débrouiller pour l’instant
Fabienne Dantin, mère de Mathias Dantin
Mais, au combat contre les séquelles de l’accident, s’ajoute le combat judiciaire. 6 mois après les faits, la famille se sent abandonnée par ceux qu’elle juge responsables de l’accident. “Nous considérons qu’il y a plusieurs responsables”, affirme Fabienne Dantin. “Il y a l’agresseur, l’UNSS et l’éducation nationale. Tout le monde nous laisse tomber. Nous avons reçu 20 000 euros et nous devons nous débrouiller pour l’instant. À ce jour, nous savons qu’un fauteuil, c'est 35 000 euros. Nous avons dû acheter une voiture pour pouvoir sortir les week-ends et pour que Mathias prenne l’air, nous n'avons rien.” Les parents doivent également réaliser d’importants travaux dans leur maison pour l’adapter au handicap de leur fils.
Le début d’une bataille judiciaire
La famille a pu profiter d’une cagnotte et de la solidarité du monde du rugby, mais n’a pour le moment touché aucune indemnisation, faute d’accord judiciaire. Elle a déposé plainte en mai et s’engage dans un combat judiciaire. “C’est une injustice”, déclare Mathias Dantin. “Au lieu de régler ça et de nous dédommager de cet accident. Ce n’est pas avec les sous que je vais récupérer mon corps, mais au moins ça peut améliorer mon quotidien.”
Le jeune homme va passer l’été au centre de soins, à répéter inlassablement les mêmes exercices et à poursuivre ses soins. Son combat pour une vie digne s’annonce long et incertain.