La maison d'arrêt de Tarbes (Hautes-Pyrénées), est sous le coup d'une enquête judiciaire. Un rapport de la Contrôleure des lieux de privation révèle, jeudi 13 juin, des violences répétées et des conditions de détention insupportables. Un ancien détenu témoigne.
Derrière les hauts murs de la maison d'arrêt de Tarbes (Hautes-Pyrénées), se cachent des conditions de détention qu'on peine à imaginer. Un rapport de la Contrôleure des lieux de privation de liberté dénonce, jeudi 13 juin 2024, des dysfonctionnements majeurs dans cette prison. Un lieu dans lequel les violences physiques et psychologiques systématiques, d'une équipe de surveillants, ont instauré une atmosphère invivable.
Ces derniers avaient notamment pour habitude d'enfermer les détenus dans la cellule 130 pour les brutaliser. Un ancien détenu a témoigné, pour France 3 Occitanie, du quotidien difficile vécu dans l'enceinte pénitentiaire."J'ai été plus que malmené, j'ai subi des insultes, des menaces, même des postillons dans le visage, raconte-t-il. Le surveillant qui m'a fait cela m'a attrapé à la gorge, m'a poussé jusqu'au fond de la 130 et a essayé de me faire une clé de bras et de m'étrangler. À deux reprises, il a essayé de me balayer avec ses rangers." Pendant ce temps, à l'extérieur de la pièce, "deux individus faisaient le guet".
Une violence omniprésente
Il ajoute : "J'en suis ressortie avec des traces. Malheureusement je ne l'ai pas fait constater à l'infirmerie, qui avait pris pour habitude de malaxer les détenus une fois les portes fermées." Des violences qui semblent être systématiques. L'ancien prisonnier évoque un bruit de couloir : un détenu aurait été extradé vers Mont-de-Marsans (Landes), après un passage à tabac, "le mec est ressorti de la 130 à quatre pattes et ramassait ses dents par terre", rapporte-t-il. Il ajoute : "Si un détenu fait une connerie, ce sont tous les autres qui prennent pour lui."
Additionné à cette violence, il dénonce des conditions de détentions pénibles, causées notamment par la surpopulation carcérale. "Dans presque chaque cellule, il y avait au moins un mec qui dormait au sol", assure l'homme. Autre problème, le bâtiment est vétuste, même déliquescent. Au sujet des douches : "Elles sont ouvertes, sans bat-flancs. On est obligé de se doucher le pénis à l'air, dans la cellule".
Suite à la mise en lumière de ces faits par le rapport, une enquête judiciaire a été ouverte et une procédure disciplinaire est encours. 47 cellules doivent être rénovées selon le ministre de la justice mais aucune date n'est fixée pour la réalisation de ces travaux.