Le procès de l'assassinat de Patrick Isoird dans la "grotte sanglante" de Sète en juin 2014 se poursuit aux Assises de l'Hérault. On y apprend que dans le téléphone de Rémi Chesne, les mots "alibi", "cartouche", "cimetière", "essence", "preuve" ont été recherchés, tapés et effacés.
Le téléphone : voilà ce qui a permis aux enquêteurs de remonter jusqu'à Audrey Louvet et Rémi Chesne dans l'affaire de l'assassinat de Patrick Isoird, en juin 2014, dans la "grotte sanglante" de Sète, pour laquelle les deux accusés sont jugés par la Cour d'Assises de l'Hérault.
Enquête aux USA avec le concours du FBI
Pour cela, Patrick Roussel, expert en téléphonie et informatique, a obtenu la délivrance d'une commission rogatoire internationale aux Etats-Unis et le concours du FBI et du Département de la Justice américain.
Car les informations contenues dans l'ordinateur et l'Iphone de Rémi Chesne étaient localisées dans le "cloud" (serveur de stockage de données) de Google et Apple aux USA.
"Alibi", "cartouche", "essence" : des mots et des SMS effacés
Dans l'ordinateur, des traces de recherches Internet effacées autour des mots clés "Louvet" et "Isoird"ont été décelées.
Dans le téléphone, 295 SMS effacés volontairement entre Rémi Chesne et Audrey Louvet y ont été retrouvés, ainsi qu'une liste de contacts (répertoire) et un historique d'appels. Impossible d'en connaître le contenu complet, mais le clavier gardant en mémoire certains mots tapés, du vocabulaire utilisé jusqu'au 7 juillet 2014 dans ces messages a pu être retrouvé : "alibi", "attiré", "cartouche", "cimetière", "enflammé", "essence", "fumée", "réinitialiser", "preuve", "Vignerai".
Mis à part EDF et l'hôpital de Sète, Patrick Isoird est le seul numéro qu'ils ont en commun. Dans le répertoire de Rémi Chesne, la fiche contact est classée sous l'appellation "N Isoird".
- Maître Gérard Christol, avocat d'Audrey Louvet : "Qui, à part Rémi Chesne, a pu écrire ces mots sur son téléphone ?"
- Patrick Roussel, expert en téléphonie et informatique : "Heu... N'importe qui, un voisin ?"
- Gérard Christol, ironique : "Un voisin ? La cour appréciera"
Rappelons que le corps du quadragénaire a été retrouvé criblé de 2 balles de fusil de chasse et en partie carbonisé dans une grotte dont l'entrée se situe sur le rond-point du Vignerai à Sète.
Recherche Google Maps sur la grotte sanglante
Etrangement, dans les données de géolocalisation Google Maps de Rémi Chesne, l'expert a retrouvé un point de repère placé manuellement par l'utilisateur, le 23 mars 2014, et situant les abords de la "grotte sanglante".
Dans le même temps, l'analyse du téléphone d'Audrey Louvet révèle qu'à partir de la mi-juin 2014, des contacts récents et réguliers se nouent entre elle et Patrick Isoird, chaque fois précédés ou suivis d'un échange entre la jeune femme et Rémi Chesne. Le 23 juin, jour de la disparition de Patrick Isoird, les deux co-accusés se contactent à 9 heures 36. Audrey Louvet joint la victime à 10 heures 14, avant le rendez-vous qu'elle lui a fixé ce jour-là.
Audrey Louvet et ses contacts avec l'accusé et la victime
Le lendemain, elle envoie un message à Chesne à 7 heures 20, puis l'appelle à 15 heures 41, juste après avoir été contactée par les proches de Patrick Isoird, inquiets de la disparition de ce dernier (ils viennent de retrouver son scooter, avec son téléphone à l'intérieur, et le numéro de Louvet est le dernier appelé). Le 25 juin, elle change de numéro. C'est son dernier contact avec Rémi Chesne.
Reste une incertitude sur l'horaire de ces messages laissant planer un doute sur l'alibi et l'agenda de Rémi Chesne le jour du meurtre. La présidente Anne Haye souligne : "Ces données étant stockées sur un serveur américain, l'heure d'envoi ou de réception qui s'affiche est-elle l'heure française ou l'heure GMT/UTC ?" Patrick Roussel concède qu'il n'y a pas de moyen de le savoir.
Des horaires incertains
Or, l'un des messages envoyés par l'accusé le jour de la disparition de la victime mentionne un rendez-vous avec une cliente à l'heure supposée du crime (il est coiffeur dans une maison de retraite). Rémi Chesne réclame à la famille le paiement de cette prestation. L'expert reconnaît qu'il pourrait y avoir une différence de 2 heures.