Leur brève liaison, suivie de son "suicide" en 2009, serait le mobile de l'assassinat de Patrick Isoird dans la "grotte sanglante" de Sète. Depuis le début du procès, l'ombre de Nadège Chesne, femme de l'accusé, plane sur la Cour d'Assises de l'Hérault qui a entendu son frère ce jeudi.
Pour Rémi Chesne, accusé avec Audrey Louvet de l'enlèvement, de la séquestration et de l'assassinat de Patrick Isoird dans la "grotte sanglante" de Sète en juin 2014, la réalité est limpide : il n'a rien à voir avec ce crime. Certes, sa femme adorée Nadège a été retrouvée pendue dans leur garage en 2009 après une soirée au cours de laquelle elle aurait eu une aventure avec la victime. Mais il l'assure : leur couple s'entendait à merveille.
Une thèse qu'est venu battre en brèche, ce jeudi, le frère de la défunte.
Rupture des liens familiaux
Aujourd'hui âgé de 57 ans, commerçant en Charente-Maritime, Francis Chicard se demande encore ce qui est arrivé à sa soeur. C'est par un avis paru sur Internet qu'il a appris son décès. Mais Nadège avait déjà été incinérée (il n'a jamais su où se trouvaient ses cendres). Sa famille n'a pas été prévenue, conformément à une lettre testament rédigée quelques mois auparavant.
Déjà, en janvier, lorsqu'il l'avait appelée pour lui souhaiter son anniversaire, Rémi Chesne et elle lui avaient confirmé qu'elle ne voulait plus rien avoir à faire avec lui et leur père. Il n'a jamais su exactement ce qu'elle leur reprochait.
Un couple "bancal" ?
Francis Chicard est persuadé que la conduite de sa soeur et la rédaction de son testament ont été "dictées" par Rémi Chesne : "Le but, c'était de la séparer de nous". Si quelque chose n'allait pas, selon lui c'était plutôt dans le couple Chesne :
En 2006, mon père a donné à chacun de ses enfants, devant notaire, 600 pièces d'or. Le jour de la remise des pièces, Nadège lui a confié que son mariage était bancal et qu'avec ça elle envisageait d'acheter un appartement pour y vivre avec Laurine, sa fille. Elle avait déposé une main courante parce qu'il avait été violent. Donc, quand il dit que tout allait bien, c'est faux.
Face à ces éléments nouveaux, la présidente Anne Haye a demandé que soit vérifiée instamment l'existence de ladite main courante. Interrogés durant l'enquête, des voisins des Chesne ont dit aussi avoir fréquemment entendu des éclats de voix et des disputes provenant de la maison du couple.
Sautes d'humeur imaginaires ?
Quant aux crises de somnambulisme et au côté "bipolaire" de Nadège décrits par Rémi Chesne, Francis Chicard tombe des nues. A l'âge de 15 ans, suite à des difficultés scolaires, pour retrouver des repères, elle s'était installée deux années durant chez ce frère aîné qui venait alors de se marier. Il n'a jamais rien observé de tel : "Elle avait un caractère tout à fait normal".
Des soupçons sur la lettre d'adieu
Au décès de Nadège, nul ne sait ce que sont devenues les pièces d'or. Rémi Chesne affirme ne les avoir jamais vues, mais les réclame en tant qu'héritage pour Laurine. Laurine, la fille unique du couple, que sa mère ne mentionne même pas dans la lettre rédigée de sa main retrouvée près de son corps. Encore une bizarrerie pour Francis Chicard :
Cette lettre "d'adieu" ne mentionne pas ma nièce alors qu'elle était tout pour elle. En revanche, elle évoque de manière crue ses ébats extra-conjugaux avec Patrick Isoird et exprime ses remords. Ma sœur était très, très pudique, jamais elle n'aurait fait état de tels ébats dans une lettre !
La défense crie à la calomnie
Francis Chicard et son père ont fini par porter plainte pour faire la lumière sur les circonstances de la mort de Nadège Chesne. Dans ce contexte, sa déposition devant la Cour d'Assises de l'Hérault dans l'affaire de la "grotte sanglante", à charge contre son beau-frère accusé, fait sortir de ses gonds l'avocat de ce dernier, Luc Abratkiewicz : "Je ne comprends pas pourquoi ce témoin vient insinuer des choses aujourd'hui, alors qu'il n'a jamais été entendu dans la procédure Isoird ! Jamais ! La procédure dans laquelle il est engagé est étrangère à notre dossier ! Cela ne me fait pas rire, vous venez jeter une deuxième accusation sans preuve sur mon client qui est jugé pour une autre affaire !".
Ce vendredi, la Cour revient au fond de l'affaire de la "grotte sanglante" de Sète et devrait entendre Audrey Louvet, la co-accusée de Rémi Chesne.