Trois jours de fête et de musique, mais mardi matin, les gendarmes ont fait place nette sur le plateau de Castanet-le-Haut, aux confins de l'Hérault, du Tarn et de l'Aveyron. Ils ont délogé les derniers raveurs, saisi la totalité du mur de son et conduit à la gendarmerie de Bédarieux cinq personnes suspectées d'avoir participé à l'organisation de cet événement illégal.
Dans la nuit du vendredi 25 au samedi 26 octobre 2024, un rassemblement festif n'ayant fait l'objet d'aucune déclaration préalable auprès de la préfecture de l'Hérault était détecté sur le site éolien de Castanet-le-Haut, en Haut Languedoc.
Les grilles du parc éolien forcées
La gendarmerie nationale constatait sur place que le portail d’accès au parc éolien avait été fracturé permettant ainsi d’accéder au site. De plus, un "mur de son" composé de plusieurs dizaines d'enceintes était déjà actif.
Par mesure de sécurité, le fonctionnement des éoliennes était interrompu par le gestionnaire d’exploitation.
Au matin du 26 octobre, les gendarmes dénombraient environ 300 véhicules et 900 participants.
Malgré les conditions météorologiques défavorables avec une vigilance orange pluie/inondation active et les injonctions de la préfecture, les participants refusaient de quitter les lieux.
Raphaël Balland, procureur de la République de Béziers.
Au cours du week-end, près de 90 militaires de la gendarmerie de la compagnie de Béziers et de l'escadron départemental de sécurité routière étaient mobilisés notamment pour effectuer de nombreux contrôles de véhicules et d'infractions sur les stupéfiants.
Au total, 160 infractions commises par des participants étaient verbalisées notamment 125 contraventions relatives à la circulation et au stationnement, 10 usages de stupéfiants, 4 conduites sous stupéfiants et 3 conduites malgré l'annulation du permis de conduire.
Intervention des forces de l'ordre
Dans la matinée du mardi 29 octobre 2024, alors qu'une cinquantaine de véhicules était encore présente, une opération d'évacuation du site mobilisait 50 militaires du groupement de la gendarmerie nationale de l'Hérault issus des compagnies de Béziers, Lunel, Lodève et de l’EDSR.
Sur instructions du procureur de la République de Béziers, ils ont saisi la totalité du matériel de sonorisation, dont 38 enceintes constituant le mur de son de 25m3, un générateur, ainsi que des véhicules de transport.
Enfin, cinq personnes susceptibles d'avoir participé à l'organisation de ce rassemblement étaient entendues au sein des locaux de la communauté de brigade de gendarmerie de Bédarieux.
3 plaintes déposées contre le rassemblement
Le maire de Castanet-le-Haut et le gérant d’un gîte à proximité ont déposé plainte, ainsi que la société EDF Renouvelables France qui gère le site éolien, laquelle estimait avoir subi un préjudice de 30.000 euros.
"Les investigations se poursuivent afin d'identifier les propriétaires du matériel saisi et les éventuels autres organisateurs avant que le parquet décide des suites judiciaires" précise le procureur dans un communiqué de presse ce mercredi soir.
Rappel du cadre juridique d'organisation d'événements musicaux
Le code de la sécurité intérieure prévoit que tout rassemblement festif à caractère musical, dont le nombre prévisible des participants dépasse les 500 personnes, doit faire l'objet d'une déclaration préalable auprès du préfet du département.
À défaut, et si ce rassemblement est susceptible de présenter des risques pour la sécurité de ses participants en raison notamment de l'absence d'aménagement de la configuration des lieux, les organisateurs sont passibles d'une contravention de cinquième classe réprimée par une peine d'amende de 1.500 € maximum ou par un travail d'intérêt général, mais aussi par la confiscation du matériel utilisé et une suspension du permis de conduire pendant trois ans.
Par ailleurs, toute activité de travail dissimulé telle que la vente de boissons ou une activité de restauration non déclarée fait encourir à leurs auteurs les peines maximales de trois ans d'emprisonnement et 45.000 € d'amende.
En cas de dégradations graves intentionnellement commises sur le terrain, les peines encourues sont de deux ans d'emprisonnement et 30.000 € d'amende et jusqu'à cinq ans d'emprisonnement et 75.000 € d'amende si elles sont commises en réunion.