Fusillades mortelles : Béziers, Nîmes, pourquoi les trafics de drogue et les règlements de compte se déplacent vers les villes moyennes

Un homme de 21 ans a été tué à l'arme lourde dans la nuit du 29 au 30 août à Béziers dans l'Hérault, ville jusqu'ici relativement épargnée par la criminalité organisée. La semaine dernière, trois fusillades avaient déjà eu lieu à Nîmes, dans le Gard, tuant deux jeunes.

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Après Nîmes où un enfant de 10 ans avait été tué par balle dans le quartier Pissevin, le 21 août puis un jeune de 18 ans trois jours après, c'est au tour de Béziers de subir les conséquences des trafics de drogue. Peu après minuit, un jeune de 21 ans a été la cible de tirs dans la ville de Béziers, dans l'Hérault, au niveau de la rue Jean franco dans le quartier populaire de la Devèze. Il est décédé peu de temps après à l'hôpital.

L'individu était connu de la justice, notamment pour des faits liés à des trafics de produits stupéfiants, selon le procureur du tribunal judiciaire de Béziers, Raphaël Balland. Lors de la fusillade, une autre personne a été légèrement blessée.

Pour Robert Ménard, le maire de la ville, il s'agit sans aucun doute d'un règlement de compte, le lieu du drame étant un point de deal bien connu. La dernière fusillade qu'avait connue la ville remonte à juillet 2019, lorsqu'un homme de 27 ans avait tué par balles dans le même quartier, en pleine journée.

Assiste-t-on à un déplacement des actes de grand banditisme lié au trafic de drogue vers des villes jusqu'ici relativement épargnées ?

Des villes sur les routes de la drogue

"On est toujours sur le même schéma", remarque Bruno Bartocetti, responsable du syndicat SGP Police pour le sud de la France, au micro de notre journaliste Bérénice Del Tatto. "Bien sûr, on n’est pas à Marseille, mais on voit bien qu'on retrouve les mêmes ingrédients et le même mode opératoire, que ce soit à Nîmes ou à Béziers." Selon le syndicaliste, 38 règlements de compte ont eu lieu dans la cité phocéenne depuis janvier dernier, en augmentation par rapport à l'année dernière.

"Quand on parle de cannabis, on a ce marché qui arrive de Dubaï ou du Maroc, via l'Espagne et jusqu'à Marseille. Sur l'autoroute A9, vous avez des passages obligés comme Béziers, Montpellier, Nîmes ou Avignon. [...] Ce sont donc souvent les mêmes commanditaires pour les mêmes réseaux qui s'élargissent sur toute la zone", détaille-t-il.

Ça fait déjà un moment que les villes moyennes comme Nîmes ou Béziers sont touchées par les trafics de drogues, de même que beaucoup de villages, mais ça n'est mis en lumière que maintenant, car il y a des règlements de compte entre réseaux concurrents.

Xavier de Bonneville, secrétaire départemental adjoint du syndicat de police Alliance dans le Gard

La position géographique de ces villes les rendrait en effet particulièrement attractives pour les opportunistes, abonde Xavier de Bonneville, secrétaire départemental adjoint du syndicat de police Alliance dans le Gard. "L'Occitanie est à mi-chemin entre l'Espagne et Italie, c'est une route très fréquentée, propice aux « Go fast », ces trafiquants qui chargent de drogue un véhicule de forte cylindrée et font le trajet à toute vitesse pour alimenter les villes sur le chemin", explique le syndicaliste d'Alliance Police nationale.

Davantage d'armes et de consommateurs ?

Le policier du Gard explique notamment cette recrudescence des fusillades ces dernières semaines par la circulation accrue d'armes de guerre. "Il faut prendre ce problème à bras-le-corps, estime-t-il. Pour les Kalachnikovs, elles viennent probablement des pays de l'est, dans le contexte de l'après-guerre d'ex-Yougoslavie. J’ai déjà vu des gens s'en procurer une sous le manteau pour seulement 500€, munitions incluses, c'est une somme dérisoire pour les trafiquants."

Pour Bruno Bartocetti, le problème principal se situe ailleurs. "Nous avons de plus en plus de consommateurs, donc les trafiquants amènent de plus en plus de produits pour satisfaire cette demande, avec les guerres de territoires et parfois des règlements de comptes que ça implique."

Le cannabis et la cocaïne sont partout aujourd'hui, même dans le monde rural.

Bruno Bartocetti, responsable du syndicat SGP Police pour le sud de la France

Selon une étude de l'OFDT (Observatoire Français des Drogues et des Tendances addictives) menée en partenariat avec Santé publique France et publiée en décembre 2022, les niveaux de consommation du cannabis, qui reste la drogue récréative illicite la plus consommée en France, se sont globalement stabilisés entre 2017 et 2021. Toutefois, c’est en Occitanie que la diffusion se révèle la plus importante.

Pour ce qui est de la cocaïne en revanche, la consommation et les passages aux urgences sont en hausse depuis 2010, toute région confondue.

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