À Lamalou-les-Bains, dans la nuit du 17 et 18 septembre 2014, des inondations exceptionnelles et un torrent noyant un camping ont provoqué la mort de quatre personnes et fait onze blessés. Dix ans après, jour pour jour, nous sommes retournés sur les lieux du drame.
Dix ans après, la vie a repris son cours à Lamalou-les-Bains, en Haut-Languedoc, dans l'Hérault.
Les curistes et les habitants se croisent paisiblement dans les rues de la station thermale. Mais lorsqu’on évoque cette nuit d’horreur de septembre 2014, les souvenirs ressurgissent rapidement.
Quand la vague du Bitoulet, une petite rivière voisine, a englouti le camping, ce curiste était à sa fenêtre.
J'ai vu un monsieur passé, puis une voiture emportée. Le monsieur courait après son camping-car avec à l'intérieur, son épouse et sa fille handicapée. Quelques heures après, on a appris que la caravane et les gens étaient noyés sous le pont. C'était épouvantable !
Un témoin du drame de 2014.
Des cumuls de pluie historiques et des sinistrés
Cette nuit-là, l’équivalent de deux mois de pluie tombe lors d’un épisode cévenol d’une intensité rare. 220mm dans la nuit, 350mm en 48 heures. Des records dans ce secteur de l'Hérault.
Des centaines de maisons ont été inondées, sinistrées, jusqu'à 2 mètres d'eau et de boue à l'intérieur.
Un embâcle s'était formé en amont de Lamalou, puis il a cédé sous la pression de l’eau. Une vague a alors déferlé sur le village et a tout emporté sur son passage.
Lui aussi a tout perdu. Vers minuit, Jean-Pierre est chez lui dans son salon. Sa compagne et sa fille sont à l’étage. Il regardait la télévision, mais soudain une envie d’aller fumer le prend, cette cigarette lui a sauvé la vie.
Je me demande pourquoi je suis vivant. Si je ne sors pas fumer une cigarette sur le parking juste à ce moment là, je suis mort. Dans la salle à manger, tout a explosé, en une second y avait plus rien. C'était...
Jean-Pierre Palumbo, sinistré des inondations de 2014.
Un drame et des maires devant la justice
Ce drame meurtrier qui a coûté la vie à quatre résidents du camping s'est terminé devant les tribunaux. La responsabilité des deux anciens maires, Marcel Roques et Philippe Tailland, a été reconnue. Le camping était partiellement en zone inondable.
Les deux anciens édiles ont écopé en mai 2022, d'un an de prison avec sursis et ils ont d'ailleurs dû indemniser les parties civiles à hauteur de 15.000 euros chacun.
Sur la gestion des cours d’eau, la loi est claire. Communes ou particuliers, c’est au propriétaire de payer pour les entretenir.
Depuis les crues de 2014, la commune a réalisé des travaux. Elle a notamment construit un barrage en forme de râteau. Objectif, éviter et retenir des embâcles qui se seraient formés et auraient cédé sous la pression de l’eau.
Lamalou-les-Bains tente de tourner la page de cette nuit funeste du 17 au 18 septembre 2014.
Écrit avec T. Cardoze.