La saison du moustique tigre est déclarée. Avec elle, la chasse à ce nuisible menée par l'Agence régionale de santé. Prévention, sensibilisation, surveillance : les moyens se mettront en place début mai 2023 pour endiguer ce fléau, de plus en plus important à cause du réchauffement climatique.
Littoral héraultais, arrière-pays gardois, villes garonnaises, montagnes pyrénéennes... Le moustique tigre est partout. Ce nuisible est installé dans les 13 départements d'Occitanie. Une présence que l'Agence régionale de santé et les élus locaux prennent très au sérieux.
44 % des habitants de la région sont concernés par la présence de l'insecte et 90 % par le risque qu'il s'intalle. Car si le moustique est urbain au départ, il n'épargne finalement pas les autres territoires.
Moustique urbain et montagnard
Le moustique tigre prolifère surtout en ville. L'espèce résistante s'adapte particulièrement à l'environnement humain et à la densité urbaine. Or elle s'installe aussi dans des zones plus inattendues, comme les montagnes des Hautes-Pyrénées.
On pensait être épargnés mais on a eu des cas de dengue l'an dernier. Il faut casser ce mythe et sensibiliser : le moustique tigre circule aussi ici
Manon Mordelet, directrice ARS Hautes-Pyrénées
Une circulation qui n'est pas indifférente au changement climatique. Isabelle Esteve-Moussion, ingénieure au sein de l'ARS Occitanie, détaille : "Avec la chaleur, le moustique va monter dans les étages alors qu'il y a trois ans, on pensait qu'il allait s'arrêter à 1000 mètres de hauteur. La zone à traiter s'étend. Aussi, les cycles internes vont plus vite : 3 semaines normalement pour passer de larve à moustique, 3 jours avec les fortes chaleurs."
La chasse au moustique
Il fait la taille d'un centime, il est rayé, vole bas et attaque surtout en fin de matinée. Le coupable est tout trouvé, nous avons un suspect : le moustique tigre. Une fois identifié, encore faut il pouvoir le chasser.
Déborah Galy, animatrice environnement à l'Association de Ressources et de Développement des activités et métiers de l’Environnement (ARDAM), explique comment procéder : "L'eau stagnante est propice au développement des moustiques : gouttières, coupelles d'eau pour les animaux, pots de fleurs...Pour agir sur les gîtes larvaires il faut les vider tous les sept jours. Une autre possibilité est l'ensablage ou la pose de filets hermétiques sur les cuves de récupération d'eau."
Son association intervient en milieu scolaire pour sensibiliser au plus jeune âge sur les enjeux de la prolifération de cette espèce.
Limiter les épidémies
Après l'avoir localisé, identifié et chassé, une piqûre n'est pas sans risque. Reste à lutter contre la transmission des virus. Par ses piqûres, l'insecte peut véhiculer des pathologies tropicales : dengue, zika, chikungunya. Didier Jaffre, directeur de l'ARS Occitanie confirme : "Le moustique a la capacité de transmettre des maladies graves pour l'homme, c'est donc une priorité de santé publique. Notre objectif est de limiter tout risque épidémique et d'éviter une chaîne de transmission de ces maladies."
A partir du 1er mai, l'ARS déploie son action en trois volets : surveiller la population des moustiques, sensibiliser les populations et organiser une surveillance médicale.
Un dispositif de déclaration obligatoire concerne 36 maladies tropicales, dont celles transmises par les moustiques. On les surveille toute l'année et cela entraîne une action quand l'insecte est actif, entre mai et novembre.
Isabelle Esteve-Moussion, ingénieure lutte antivectorielle ARS Occitanie
En 2022, 56 cas de maladies ont été déclarés en Occitanie. Les acteurs locaux et entreprises travaillent main dans la main pour endiguer la prolifération de ce nuisible. Des techniques novatrices sont même en cours de test dans l'Hérault, comme la dispersion de moustiques stériles.