TEMOIGNAGE. Covid à Montpellier : la fatigue des soignants est un risque "si on se trompe, le malade peut mourir"

A Montpellier, la phase 3 du Plan blanc vient d’être activée, preuve que la situation face au Covid-19 se tend de plus en plus. Actuellement, 119 personnes sont hospitalisées, dont 27 sont en réanimation. Les soignants sont à bout de souffle, épuisés par une épidémie qui ne s’arrête pas.

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Dans la métropole de Montpellier, le couvre-feu est instauré depuis 10 jours maintenant mais malgré cela, la situation sanitaire continue de se dégrader. Les services hospitaliers voient arriver de plus en plus de patients.

Rémy Ruiz, est infirmier anesthésiste au CHU de Montpellier, il sort tout juste d’une garde de 12h effectuée dans le service de réanimation, en première ligne : "L’hôpital est plein, on est désespérés de chercher de la place pour soigner les gens et de trouver du monde pour soigner ces gens-là. Ils ne se soignent pas tout seul parce qu’on les met dans un lit. Il y a une recrudescence de patients en service de réanimation, nous l’avons tous les ans à l’automne, avec les épidémies saisonnières, déjà c’est la crise de base, mais là avec le covid en plus c’est juste la catastrophe.".

Déjà, c’est la crise de base, mais là avec la covid en plus, c’est juste la catastrophe.

En à peine un mois, l'Occitanie est passée de 200 à 700 hospitalisations par semaine. Aujourd’hui à l’hôpital de Montpellier, 119 personnes sont hospitalisées pour le covid-19, dont 27 en réanimation. Une augmentation rapide des hospitalisations qui influe sur le moral du personnel soignant du CHU : «nous sommes partagés entre l’épuisement et la colère», confie Rémy. 
"L’épuisement, c'est dangereux parce que ça ne s’arrête jamais, il y a eu la première vague qui a usé beaucoup de monde. Il y a eu la deuxième vague cet été, lorsqu’il a fallu s’occuper de tous ceux qui n’avaient pas été soigné pendant la première vague. Il a fallu rattraper ces soins qui n’ont pas été faits, les opérations qui n’ont pas été réalisées. Là, la nouvelle vague de covid se rajoute à tout ça".

Il y a des trous dans les plannings des soignants et malheureusement les malades sont là.

"Non, maintenant, on est mieux dépistés, on cherche à enquêter sur les cas contacts et donc il y a beaucoup plus de soignants qui sont mis sur la touche parce qu’ils sont infectés par le covid".

La vie entre les mains à tous moments

Pour pallier le manque d’effectifs, le CHU a sollicité des étudiants infirmiers spécialisés en anesthésie et en bloc opératoire. Ils ne vont plus en cours et les écoles sont fermées pour deux mois.

Pas suffisant pour gérer la crise. Dernièrement, Rémy, et l’ensemble du personnel hospitalier du CHU de Montpellier, a reçu un courrier de la direction dans lequel il leur est indiqué qu’ils devront renoncer à leurs congés et à leurs jours de repos : "On va être sept jours sur sept au travail, mais on est tous très fatigués, moi par exemple, je recompte des seringues trois fois pour être sûr de ne pas faire d’erreur, avant je faisais deux contrôles maintenant j’en fais trois, quand c’est 5 heures du matin que vous n’avez plus les yeux en face des trous et que vous allez devoir revenir, revenir, revenir, et que vous commencez à faire des seringues un peu précise, dans les réanimations ou dans les blocs opératoires, on manipule des produits, si on se trompe, la personne peut mourir en deux minutes. On est sans cesse en train de se dire, est-ce que je ne vais pas tuer quelqu’un par mon comportement ou par mon action, et cette tension là, ça vous use, ça vous brise.".

"Je continue pour la personne que je soigne"

Malgré cette tension, l'infirmier n'abandonne pas sa mission, sauver des vies : "Aujourd’hui, si je continue, c’est parce que c’est la voix que j’aie choisi, et je le fais aussi aujourd’hui pour la personne que je ne connais pas et demain ça peut être la personne que je connais dans le lit, seulement ça a des conséquences. Cette tension interne peut vous bouffer jusqu’à ce que vous ne voyez plus d’issue possible", conclut Rémy. 
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