L'équivalent de quatre mois de pluie est tombé sur l'Hérault et le Gard, ce mardi 6 septembre 2022. Un épisode intense et rapide. La faute au réchauffement climatique ? Les explications d'Alix Roumagnac, prévisionniste de la société Predict à Montpellier.
Alors que la pluie s'empare des paysages gardois et héraultais, c'est un enjeu plus important qui est en train de se jouer : celui du réchauffement climatique.
Les épisodes méditerranéens sont de plus en plus intenses, avec des concentrations en eau rapides : quatre mois de précipitations sont tombés en quelques heures sur le Languedoc. Résultat : des cours d'eau qui débordent, des routes submergées et des communes qui doivent faire face.
Les épisodes méditerranéens sont-ils différents cette année ?
On a connu un événement stationnaire hier, toute l’après-midi au nord de Montpellier, puis stationnaire sur Nîmes en début de nuit. L'orage s'est redéplacé sur le montpelliérain en fin de nuit.
Cette succession très rapide d’événements extrêmement intenses est atypique par rapport à tout ce qu’à pu connaitre la zone du Languedoc ces dernières années. L’élément essentiel qui explique cela est la forte anomalie de température en Méditerranée, avec énormément d’air chaud et humide en basse couche. Un phénomène lié aux multiples canicules.
2022 est-elle l’année charnière du réchauffement climatique, avec des conséquences irréversibles ?
Aujourd'hui, on est persuadé que 2022 est une année charnière, un point de rupture avec des conséquences sans pareil du réchauffement climatique. On l'a vu avec des canicules très précoces, étendues et à répétition. La violence des orages aussi en témoigne : la taille des grêlons, la vitesse des vents... Cette saison des épisodes méditerranéens qui commence et leur forte intensité nous montrent qu'on est entré dans une accélération des conséquences du changement climatique.
Se dirige-t-on vers un record d’épisodes méditerranéens cette année ?
C'est compliqué à dire, pour qu'il y ait des épisodes méditerranéens, il faut une température chaude : c'est le carburant de ce système météorologique. Il faut aussi des dépressions qui passent sur la zone. C'est toute une combinaison de facteurs. On espère ne pas battre le record de 2014 avec 14 épisodes entre septembre et décembre. Certains records ne sont pas bons à battre, il faut rester vigilants et préparés face à cette multitude d'événements à venir.
Face à cela, les communes sont-elles mieux préparées ?
On l’a vu hier soir et encore cette nuit, les événements étaient extrêmes et les conséquences humaines n'ont pas été importantes. Le dispositif mis en place fonctionne bien : les mesures d'adaptation des plans de sauvegarde des communes diminuent le risque. La police municipale est sur le terrain, des messages sont envoyés à la population avec des recommandations d'attitudes à adopter en cas d'intempéries.
Mais en 2022, il va falloir aller au-delà de l'adaptation opérationnelle et mettre en place de réelles mesures. Par exemple, la réduction des émissions de CO2. Il faut arrêter la course infernale au réchauffement climatique.
Quelles sont les prévisions pour les prochaines heures, les prochains jours ?
La vigilance orange est maintenue jusqu’à ce soir. Les évènements orageux peuvent à nouveau toucher le territoire qui est désormais sensible, avec des sols saturés, des fossés remplis d’eau. Les cours d'eau vont déborder plus vite. Il faut respecter les consignes de sécurité : éviter de circuler à pied ou en voiture.
L'épisode devrait se terminer cette nuit de mercredi à jeudi avec une réelle accalmie en fin de semaine. Or certains scénarios montrent qu'à partir de dimanche, il y aura potentiellement un nouvel épisode. Il est un peu trop tôt pour en parler mais c'est aussi possible que la tempête tropicale Danièle se rapproche des côtes européennes à la fin du weekend et participe à réenclencher l'épisode méditerranéen.