Ce weekend du 16 juillet 2022, 73 départements français étaient placés en vigilance orange canicule. Une météo inhabituelle avec de fortes températures, un phénomène particulièrement inquiétant comme l'explique Alix Roumagnac, directeur de Predict Services à Montpellier.
Partout dans le Languedoc, les signaux d'alarmes retentissent face à la montée des températures. Hier, mardi 19 juillet 2022, un incendie a menacé un hameau lozérien. Les fleuves s'assèchent et impactent les agriculteurs...
Une liste d'incidents qui ne cesse de s'allonger. Alix Roumagnac, directeur de la société de prévisions météorologiques Predict Services, nous éclaire sur la canicule et ses conséquences.
La canicule de 2022 est décrite comme exceptionnelle par rapport aux autres années. Pourquoi ?
La canicule de 2022 est particulière sur plusieurs axes. D'abord, à cause de sa précocité, elle a débuté en juin. Une période caniculaire qui n’avait jamais été observée auparavant ni en France, ni en Occitanie. Elle est aussi inédite par son ampleur en terme géographique : ça partait de Nice jusqu’à Brest. Enfin, en valeurs absolues, des tas de records de température ont été battus et sur des durées importantes.
Le dernier épisode caniculaire important remonte à 2003. En France, 19 000 personnes étaient alors décédées. Aujourd’hui, comment se matérialise la résilience des populations face à la chaleur ?
Ces canicules à répétition, plus fréquentes, plus intenses, nous obligent à l’adaptation. D’une part l’adaptation immédiate passe par le respect des consignes pour les personnes les plus fragiles : rester au frais, s’hydrater, garder la fraîcheur à l’intérieur. Ce type d’action, par rapport à la canicule de 2003, permet d’avoir des conséquences moins importantes sur la santé publique.
Quelles sont les autres conséquences de ces fortes chaleurs ?
Aujourd’hui les conséquences de cette canicule sont directement sur la santé mais aussi sur la sécheresse et le risque de feu de forêt, on est entrés dans la quintessence de ce que l’on craignait par rapport à ces vagues de chaleur.
A Montpellier, samedi 16 juillet 2022, le thermomètre frôlait les 40 degrés. Comment les villes font-elles face aux canicules ?
Les réflexes du quotidien des populations ne suffisent pas, il faut penser à une gestion à plus long terme sur les impacts de la sécheresse. Par exemple, une gestion des ressources plus optimisée, la façon dont on diminue le risque incendie. Il faudrait aussi agir sur l’effet de la chaleur en milieu urbain. Cela passe par une réflexion nouvelle sur l’aménagement de la ville : plus de végétalisation et moins de béton.
Le réchauffement climatique n'est pas étranger à ces canicules. L'affronter, est-ce une lourde bataille à mener ?
Il est indispensable, vu la vitesse à laquelle s’aggrave la situation, de ne pas laisser un monde invivable aux générations futures. Je crois qu’émettre moins de gaz à effet de serre pour inverser la courbe devient une urgence. Ça va être compliqué car c’est des fondamentaux de notre mode de vie qu’il va falloir remettre en cause. Il est urgent que chacun à son niveau, du citoyen, aux collectivités et même l’Etat et au niveau international, s’engage dans une démarche très active sur le sujet. L’urgence est là et il faut s’y engager dès aujourd’hui.