Partout en France dimanche des manifestations contre la transphobie ont eu lieu. En cause, un rapport sénatorial jugé transphobe et la publication d'un livre. À Montpellier, plus de 500 personnes se sont réunies pour dire non aux dérives transphobes.
Plusieurs centaines de personnes étaient réunies dimanche après-midi sur la place de la Comédie pour défendre les droits des personnes transgenres. Une riposte face à un climat politique jugé transphobe.
"On veut pouvoir prendre notre parole, assène un manifestant. Aujourd'hui, il y a des personnes qui ne sont pas concernées, pas renseignées, qui se font un mythe total sur la transidentité, qui sont accueillies à la télévision et qui parlent à notre place."
Un rapport sénatorial et un livre en cause
Ces dernières semaines, plusieurs éléments ont alerté les défenseurs de la cause trans. D'abord, un rapport des sénateurs LR, qui pourrait déboucher sur une proposition de loi le 28 mai entravant la transition de genre chez les mineurs.
Puis, en avril, la publication d'un livre, "Transmania: Enquête sur les dérives de l'idéologie transgenre", écrit par Dora Moutot et Marguerite Stern. Toutes deux sont des militantes "TERF", un courant qui exclut les femmes transgenres des luttes féministes.
"Retour en arrière"
"Il a fallu des années de lutte pour acquérir des droits, et là, ce maigre droit est en train de revenir en arrière", déplore Elsa Martin, membre du collectif "Du pain et des roses".
Delphine, manifestante, brandit une pancarte "Foutez la paix à mon fils trans !". Maman d'un jeune homme de 22 ans, elle insiste sur la libération qu'a été sa transition de genre. "La transition devrait être facilitée car elle permet aux enfants qui transitionnent d'aller mieux. Pour lui, ça a été un soulagement de comprendre pourquoi il n'allait pas bien et de pouvoir transitionner".
Elle se dit inquiète pour son fils. "J'ai peur pour mon gamin, je me dis qu'il va traverser des choses pas faciles", appréhende-t-elle. "Je voudrais qu'on lui foute la paix, qu'on arrête de l'emmerder, de l'agresser, que la vie lui soit plus facile."
La société est suffisamment dure avec les jeunes pour pas leur mettre des bâtons dans les roues quand quelque chose leur permet d'aller mieux.
Delphine, manifestante
Delphine relève un paradoxe. "À la fois les personnes transgenres se montrent plus, on pourrait voir ça comme un progrès, et en même temps, ça génère de réactions super violentes."
Le sujet divise aussi à l'étranger. En Angleterre, le recours aux médicaments bloqueurs de puberté, qui permettent à l'adolescent d'empêcher l'arrivée de la pilosité faciale ou de stopper la croissance de sa poitrine, vient d'être limité. Aux Etats-Unis, plusieurs Etats ont interdit aux mineurs de bénéficier de soins de transition.
Je pense qu'on va gagner, mais c'est long.
Delphine, manifestante
Des manifestations ont eu lieu à travers toute la France ce dimanche, à l'appel de 800 collectifs. "C'est un succès énorme, ça montre qu'on est là pour se battre et on va pas se laisser faire", assure Elsa Martin.