Hérault : les parents d'élèves de Saussan refusent l'arrivée d'une enseignante ayant fait l'objet de plaintes

A Saussan, dans l'Hérault, parents d'élèves et mairie refusent l'arrivée d'une institutrice dont se sont plaints les familles d'autres écoles. Ils redoutent cris, brimades, malveillance et gestes déplacés. Le Rectorat propose l'octroi d'une co-enseignante. Des actions sont prévues à la rentrée.

A Saussan, à l'ouest de Montpellier, une commune d'un peu plus de 1.600 habitants, l'ouverture d'une nouvelle classe à la rentrée 2021 aurait pu être une fête. Mais la mairie et les parents d'élèves de l'école maternelle la Marelle refusent l'arrivée de l'enseignante qui a été nommée par l'Inspection académique.

Soupçons de malveillance

En cause : des rumeurs de malveillance, voire de maltraitance. "Les parents d'autres écoles de communes environnantes ont confirmé les faits. Il est hors de question que nos enfants soient en contact avec cette personne", s'indigne Guillaume Ménassé, parent d'élève. 

Dans les précédents établissements fréquentés par l'institutrice, des plaintes auraient été déposées. Il serait question de coups de cahiers sur la tête, ou encore d'enfants forcés de ramasser à quatre pattes des trousses que la maîtresse aurait elle-même faites tomber. L'une des équipes pédagogiques aurait fait un signalement au Rectorat.

Rumeurs et dossier

Un dossier aurait été ouvert par l'institution, qui n'est pas revenue pour autant sur la nomination de l'enseignante à Saussan. Pourtant, depuis la fin du mois de juin, les parents se sont constitués en collectif et ont remué ciel et terre tout l'été. De quoi agacer Julie Peyrière, l'une des représentantes des parents d'élèves :

Je suis extrêmement inquiète : début juin, on a appelé plusieurs personnes qui nous ont confirmé que les rumeurs étaient fondées. Le Rectorat nous laisse dans le désarroi, la colère et l'inquiétude. On se sent délaissés et incompris, car on parle de petits qui ne pourront pas se protéger.

Julie Peyrière, représentante des parents d'élèves

Rejet de la solution proposée par l'Académie qui défend l'enseignante

Interrogé par nos confrères de France Bleu Hérault, le Directeur Académique des Services de l'Éducation Nationale (DASEN) du département Christophe Mauny s'est voulu rassurant, demandant à l'opinion de laisser sa chance à cette enseignante.

Au micro de nos journalistes Jean-Philippe Faure et Yannick Le Teurnier, il réitère cette position :

Ce ne sont pas des choses vérifiées, seulement rapportées. Quand vous avez des parents qui contestent les méthodes pédagogiques d'un enseignant, vous en avez d'autres qui en sont très satisfaits et c'est le cas ici. Il faut éviter de rentrer dans une polémique. Notre fonction est d'accompagner cette enseignante. Il faut laisser la rentrée se passer et savoir raison garder. 

Christophe Mauny, Directeur Académique des Services de l'Éducation Nationale (DASEN) de l'Hérault

Pour apaiser les tensions, l'Inspection d'Académie a tout de même proposé d'adjoindre à l'institutrice un(e) co-enseignant(e). Une solution rejetée par les familles comme par la municipalité, qui les soutient, comme l'explique Joël Vera, le maire (SE) de Saussan :

Nous refusons la venue de cette enseignante et nous demandons qu'une enquête soit ouverte par l'institution, au cours de laquelle cette personne pourra se défendre, sans quoi il y aura toujours un soupçon, quelle que soit l'école.

Joël Vera, maire (SE) de Saussan

Déficit visuel

Et l'élu d'ajouter : "Quand on met un agent compétent sur un poste, on n'a pas besoin de le faire accompagner : ou il est compétent, ou il ne l'est pas. Cette dame a déjà un accompagnant humain en lien avec son déficit visuel. On va maintenant lui adjoindre un accompagnant pédagogique. L'Académie va verser deux salaires pour un seul poste ?".

Joël Vera s'empresse de préciser qu'il ne s'agit pas de rejeter l'enseignante en raison de son déficit visuel : "Il y a des handicaps qui n'empêchent pas de professer, ces personnes sont même parfois bien plus compétentes que des valides : son handicap, ce n'est pas le sujet".

Appel au boycott de la rentrée scolaire

Forts de ce soutien municipal, les parents d'élèves promettent une rentrée sous tension, après l'échec du dialogue avec le Rectorat :

Nos relations sont assez tendues. Nous avons déjà été reçus plusieurs fois par l'institution, à l'école et au Rectorat. On nous a dit connaître très bien ce dossier, qu'il était en cours d'instruction. Malgré ce, nos enfants continueront à être exposés à des risques. La présence d'un(e) co-enseignante(e) ne nous garantit pas d'être prémunis de nouveaux débordements. On ne lâchera pas. Le 2 septembre, la rentrée sera mouvementée !

Julie Ouisse, mère d'une élève de grande section de maternelle

Le mot d'ordre : pas d'enfant dans les écoles de Saussan le jour de la rentrée scolaire.

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