L'Algérie a interdit de territoire "Doualemn", l'influenceur algérien arrêté à Montpellier après une vidéo appelant à la violence. Frappé d'un arrêté d'expulsion et privé de son titre de séjour dans l'Hexagone à la suite de cette affaire, il avait été embarqué dans un avion à destination d'Alger hier soir. Il a fait demi-tour. Son avocat réagit.
Au téléphone ce vendredi matin, Maître Jean-Baptiste Mousset tente de faire face aux sollicitations médiatiques qui se succèdent depuis le dernier rebondissement concernant son client, l'influenceur algérien "Doualemn". Interpellé à Montpellier à la suite de la publication d'une vidéo appelant à la violence, privé immédiatement de son titre de séjour et frappé d'une obligation de quitter le territoire français, il a été placé hier soir dans un avion pour l'Algérie, avant de faire le chemin inverse après qu'Alger a refusé de l'accueillir sur son sol.
Un enchaînement d'événements en quelques heures qui ont pris de court l'avocat montpelliérain de cet homme de 59 ans. "Hier, nous n'avions aucune possibilité de le voir car il était à l'isolement et privé de téléphone au centre de rétention, avant son départ". Un départ qui a ébranlé son client.
Il était bouleversé, abattu et complètement dépassé par cette avalanche de commentaires politiques et de procédures, alors qu'il est inséré, qu'il travaille, qu'il a des enfants et une vie de couple aujourd'hui affectée par ce déchaînement.
Maître Jean-Baptiste Mousset, avocat de l'influenceur "Doualemn"
Vers une assignation à résidence ?
"Doualemn" a été à nouveau placé en centre de rétention administrative au Mesnil-Amelot (Seine-et-Marne) à sa descente d'avion. Selon son avocat, "aujourd'hui, toute reconduite à la frontière est compromise. On s'oriente vraisemblablement vers une assignation à résidence en France".
À moins que la justice n'accède à la demande de ses défenseurs : "nous, on reprend et on poursuit les démarches sur les recours devant le tribunal administratif de Paris en contestation des arrêtés d'expulsion et de retrait du titre de séjour". Un référé en urgence dont la date d'audience n'est pas encore fixée.
Le procès du 24 février aura-t-il lieu ?
En attendant, Maître Mousset espère que l'influenceur pourra assister au procès prévu le 24 février prochain devant le tribunal correctionnel de Montpellier concernant la vidéo litigieuse, qui avait fait l'objet d'un signalement à la justice de la part du maire (PS) de Montpellier Michaël Delafosse et du préfet de l'Hérault François-Xavier Lauch. Le procureur de la République de Montpellier Fabrice Belargent avait estimé qu'il pouvait y comparaître libre, mais la procédure d'expulsion engagée par l'Etat français compromettait cette possibilité. Le coup de théâtre d'hier soir pourrait changer la donne.
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Mais si son maintien en centre de rétention devait compliquer la préparation de sa défense ou sa présence à l'audience, sa défense pourrait demander un report.
Une affaire sur fond de tensions franco-algériennes
Ce vendredi matin, la polémique a pris une tournure nationale. Le gouvernement a réagi par la voix du ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau. Ce dernier a estimé que "l'Algérie cherche à humilier la France. Je pense qu'on a atteint un seuil extrêmement inquiétant. La France ne peut pas supporter cette situation".
Selon lui, l'interdiction de territoire opposée par l'Algérie à l'influenceur n'a pas de fondement juridique : "il n'y avait pas besoin d'avoir un laissez-passer consulaire puisque la preuve qu'il était un ressortissant algérien était établie au moyen d'un passeport biométrique valide" a déclaré le ministre, ajoutant "évaluer tous les moyens à notre disposition vis-à-vis de l'Algérie".