Les policiers de la PJ ont une nouvelle fois manifesté à Montpellier et Perpignan notamment contre la départementalisation de ce service qui placerait ses enquêteurs sous l'autorité d'un directeur départemental, lui-même sous l'autorité du préfet.
Des centaines de policiers se sont à nouveau rassemblés lundi en France contre la réforme de la police judiciaire, après la publication la semaine dernière de deux rapports, dont l'un venu du Sénat étrillant le projet voulu par Gérald Darmanin.
Des rassemblements ont notamment eu lieu à Montpellier et Perpignan. "Sans la DCPJ = la France à la mafia", pouvait-on lire sur des feuilles tenues par des policiers rassemblés de dos devant le commissariat de Montpellier et à Perpignan.
Les rassemblements "spontanés" sont venus "de la base" à la suite des "déclarations du ministre (Gérald Darmanin) après la publication des rapports", précise l'Association nationale de la PJ (ANPJ), créée en août contre la réforme.
Deux rapports
Deux rapports ont été publiés, dont un piloté par le sénateur LR Philippe Dominati, qui a jugé le projet inadapté et a demandé au ministre de le modifier.
L'autre, mené par les inspections générales de l'administration (IGA), de la police (IGPN) et de la justice (IGJ) n'a pas remis en cause le bien-fondé du projet mais formulé 19 recommandations, dont des garanties sur les moyens à accorder à la lutte contre la criminalité organisée.
Mardi, le rapport de la mission d'information de l'Assemblée nationale consacrée à la réforme doit être publié à son tour.
Inspections "circonspectes"
"Le rapport des inspections est très circonspect et pas du tout triomphal. Le rapport Dominati sabre le projet en ce qui concerne la PJ. Et le ministre semble passer outre", a déploré Yann Bauzin, président de l'Association nationale de la Police Judicaire à nos confrères de l'AFP. "Il est incompréhensible que le ministre prenne le risque d'imposer cette réforme. Les collègues ne l'acceptent pas", a-t-il ajouté.
La PJ sous l'autorité du préfet
Le projet de réforme prévoit de placer tous les services de police d'un département - renseignement, sécurité publique, police aux frontières et PJ - sous l'autorité d'un seul directeur départemental de la police nationale (DDPN), dépendant du préfet.
La réforme, qui doit être mise en œuvre tout au long de l'année 2023, a suscité une fronde inédite au sein de la police judiciaire. Celle-ci craint un "nivellement vers le bas" de leur filière, qui intègrera les services d'investigation de la sécurité publique plombés par un stock énorme d'affaires en souffrance, et un renforcement du poids du préfet dans les enquêtes.
Des rassemblements d'enquêteurs avaient déjà eu lieu un peu partout en France à l'automne.
"Le mouvement de contestation ne faiblit pas" ajoute Nathalie Galabert porte-parole de l'association dans l'Hérault.
Tous ceux, -magistrats, sociologues, spécialistes-, qui se sont penchés sur ce projet de réforme s'accordent à dire que, sous cette forme, elle n'est pas bonne pour l'investigation et elle va détruire la police judicaire .
Nathalie GalabertPorte-parole de l'Association nationale de la Police judiciaire
La police judiciaire ne pourra plus traiter les affaires les plus graves en France. Désormais, les organisations syndicales tiennent le même discours et elles seront reçues la semaine prochaine par le ministre de l'Intérieur."
Les policiers en colère ont multiplié les actions de protestation depuis le mois d'août dernier notamment après le limogeage du très respecté directeur zonal de la PJ, Eric Arella, qui avait suscité l'indignation en octobre 2022.
Avec AFP