Le procès du meurtrier présumé d'Aurélie Vaquier s'est ouvert mardi 9 janvier devant les assises de l'Hérault à Montpellier. Samire Lymani est accusé d'avoir étranglé sa compagne puis de l'avoir enterrée au domicile conjugal, dans un sarcophage de béton. Le corps de la victime, âgée de 38 ans, a été retrouvé trois mois après le signalement de sa disparition.
L'audience a débuté par la sélection des six jurés (quatre hommes et deux femmes) et de quatre jurés suppléants (un homme et trois femmes).
Jugé jusqu'au 17 janvier, Samire Lymani encourt la réclusion criminelle à perpétuité pour "meurtre par concubin".
L'accusé clame toujours son innocence
Samire Lymani, 41 ans, continue "bien évidemment" à "clamer son innocence", a indiqué son avocat mardi à l'ouverture de son procès.
Il est stressé, parce qu'il joue sa vie tout simplement. Et en colère, parce qu'il clame son innocence et que le réel coupable court toujours.
Mathieu Montfort, un des avocats de l'accusé
"Bonjour!", a lancé d'une voix assurée Samire Lymani, pull-over noir et cheveux rasés sur les côtés, depuis le box des accusés, avant de décliner son identité.
Père de deux enfants, en cours de divorce, l'accusé, ancien militaire et ex-chauffeur routier, s'est installé dans l'Hérault à l'été 2020. Il y a rencontré Aurélie Vaquier, trentenaire brune au large sourire et au "fort caractère", selon ses proches, vendeuse de produits cosmétiques artisanaux sur les marchés et très active sur les réseaux sociaux, avec qui il avait rapidement emménagé, à Bédarieux, dans le Haut-Languedoc.
Le couple avait pour projet de créer un commerce mais les disputes étaient fréquentes et la jeune femme avait confié à une amie être au bout du rouleau.
Evalué par les psychiatres et psychologues comme un homme "impulsif", à la "personnalité caméléon" et "borderline", l'accusé présente "une toute puissance infantile" doublée d'"une immaturité psycho-affective". Mais cela n'aurait pas aboli ou altéré son discernement.
Samire Lymani, "seul et unique suspect" ?
Le gendarme en charge de l'enquête a témoigné à la barre. Il a présenté Samire Lymani comme le seul et unique suspect. L'officier a détaillé de nombreuses incohérences dans les dépositions de l'accusé et a souligné que le corps d'Aurélie Vaquier a été retrouvé sous une dalle de béton au domicile du couple.
Face aux nombreuses questions de Me Montfort, le gendarme a toutefois dû reconnaître que l'instruction n'avait "pas pu mettre en lumière de mobile évident" ou encore qu'un ordinateur portable d'Aurélie Vaquier n'avait "pas été envoyé" à l'expertise.
De même, face au "ressenti des proches" d'Aurélie Vaquier pour qui son dernier message SMS supposé, truffé de fautes d'orthographes, ne pouvait être de son fait, l'avocat a démontré, exemples à l'appui, que la jeune femme ne maîtrisait pas si bien que ça la grammaire et la conjugaison.
Pour les parties civiles et leurs avocats, la culpabilité de Samire Lymani ne fait aucun doute.
"Nous espérons que l'accusé va revenir à de meilleures dispositions et qu'il va se rendre compte que c'est peut-être son intérêt de dire exactement ce qu'il s'est passé. Mais avec l'expérience, dans la mesure où il y a des preuves, des éléments à charge, pas besoin d'aveux, c'est largement suffisant", a expliqué Me Félix Alary, un des avocats de la famille d'Aurélie Vaquier.
La famille attend des réponses aux questions pour "faire le deuil" et savoir pourquoi ça s'est passé dans des conditions aussi atroces.
Félix Allary, avocat des parties civiles
Des failles dans l'enquête ?
L'avocat de la défense n'a pas la même lecture des faits et déclarations de son client.
"C'est le coupable idéal car on retrouve le corps chez lui. On joue à récupérer des petits cailloux mais en donnant un éclairage partial. On ne va pas jusqu'au bout des choses" déplore Me Mathieu Montfort, avocat de Samire Lymani.
La défense pointe l'absence de mobile mais aussi des traces d'un ADN inconnu trouvées sur la bâche qui entourait le corps de la victime, ADN jamais analysé.
Ce mercredi place au témoignage du médecin légiste. Selon l'hypothèse privilégiée, la jeune femme aurait été étranglée. Reste à déterminer si elle n'a pas été enterrée inconsciente, certes, mais vivante. Une thèse envisagée par les légistes.
Retour sur les faits
Alors âgé de 39 ans, Samire Lymani a signalé la disparition de sa compagne Aurélie Vaquier, le 23 février 2021, près d'un mois après que, selon lui, elle a donné signe de vie pour la dernière fois. Elle aurait quitté le domicile conjugal avec uniquement son téléphone portable et quelques vêtements, puis elle aurait envoyé un message étrange, évoquant son désir de se retirer pour écrire.
Le 7 avril 2021, son cadavre a finalement été découvert par les gendarmes au domicile du couple, à Bédarieux, sous un cercueil de béton de 2 mètres sur 1, coulé sous une estrade en bois couverte d'un empilement d'objets.
Aux enquêteurs, Samire Lymani a affirmé que sa compagne était partie se ressourcer fin janvier 2021 et que lui-même s'était rendu au même moment en région lyonnaise, récupérer son fils et un neveu.
De retour au domicile conjugal une semaine plus tard, il n'a pas signalé sa disparition mais a continué à utiliser sa carte bancaire, tout en tenant des propos désobligeants à son égard et en fréquentant assidument des sites de rencontres.
Les enquêteurs sont persuadés que le sarcophage de béton où elle a été retrouvée a bien été réalisé par son compagnon.
Réfutant cette version, Samire Lymani assure que sa compagne a été tuée durant son absence de Bédarieux, par un inconnu, qui l'aurait ensuite enterrée. Il n'aurait découvert cette dalle que le 7 avril, avec la découverte du corps.