Montpellier : ouverture d'un procès pour viol et agressions sexuelles avec un accusé hypnotiseur absent

Ce jeudi 3 février, s'ouvre le procès d'un hypnotiseur qui aurait violé et agressé 18 femmes sur son domaine viticole dans l'Hérault. Les victimes sont bien présentes pour témoigner. Mais aucune confrontation ne sera possible avec l'accusé, qui vit aux Etats-Unis.

Le procès par contumace d'un homme de 77 ans s'ouvre aujourd'hui aux Assises de l'Hérault à Montpellier. Il aurait, entre 2013 et 2015, commis 3 viols et quinze agressions sexuelles. C'est en sa qualité d'hypnotiseur qu'il aurait attirer ces femmes dans ses filets.

Sept des victimes se sont constituées parties civiles et sont présentes dans la salle d'audience ce matin. L'accusé, lui, est absent car il vit aux Etats-Unis.

Un modus operandi sordide

C'est sur son domaine viticole de Saint-Jean de Fos, où il tenait une chambre d'hôte, que les faits auraient eu lieu. Des repas arrosés de vins de son domaine, suivis des séances de massages collectives, puis individuelles.

L'hypnotiseur aurait alors demandé à ses victimes de se déshabiller, dans une petite pièce fermée à clef. Il serait allé jusqu'à la pénétration digitale pour certaines.

Je n'arrivais pas à croire ce qu'il se passait, j'étais pétrifiée. On ne peut plus bouger, on est sidérées. Et il y a aussi la dissociation, comme si on sortait de son corps et on voyait la scène de l'extérieur. 

Bérénice, victime constituée en partie civile

Le discours bien rodé de l'hypnotiseur aurait contribué à cette emprise. Les victimes se devaient, sur le moment, de croire les paroles soi-disant expertes à base de sciences obscures et de chakras. 

L'accusé clame son innocence

L'accusé nie les faits qui lui sont reprochés. Selon lui, il n'aurait pas touché ses victimes mais sa "manière de magnétiser" serait la raison de ses gestes. Pourtant, l'accusé a déjà été condamné à deux ans de prison avec sursis pour des faits semblables perpétrés à Saint-Barthélemy en 2004.

Pour Ava Magassa, avocate au barreau de Montpellier et représentante de deux parties civiles, cette absence est outrageante : "Toute sa vie, il a fuit. Il a volé et pillé le corps de ces victimes comme un prédateur, comme un aigle, et il continue à fuir."

Les victimes emprisonnées dans la douleur

Leur sentiment à l'égard du procès oscille entre le soulagement d'obtenir justice et l'amertume de ne pas pouvoir confronter l'accusé. "Ca fait mal, ça fait huit ans qu'on attend le procès. On est emprisonnées dans cette douleur" confie Bérénice.

L'Héraultais vit réfugié à Orlando, en Floride, depuis sept ans. Le motif invoqué pour rendre impossible son extradition serait une raison médicale.

Pendant que lui est dans un autre pays, tranquille, psychologiquement libéré de tout ce qu'il se passe, nous on est ici et on subit encore.

Sophie, victime constituée en partie civile

Les témoignages des parties civiles ont été entendus durant l'après-midi. Toutes, racontent la même version. D'après elles, il y aurait eu davantage de victimes. Or l'enquête n'a pas pu remonter avant 2013 car le magnétiseur ne tenait pas, jusqu'à cette date, de listing des personnes accueillies sur son domaine.

Le procès s'achèvera demain vendredi 4 février, après l'expertise psychologique des victimes.