Plusieurs capteurs de mesure de la qualité de l'air ont été dérobés ces derniers mois sur trois boulevards de Montpellier. Une recrudescence inhabituelle qui va retarder d'au moins six mois la publication annuelle des résultats de l'exposition sanitaire de la population aux polluants. Et qui interpelle d'autant plus que ces dispositifs n'ont aucune valeur marchande. Atmo Occitanie, l'organisme qui installe et exploite ces appareils, a porté plainte.
Les capteurs de mesure de la qualité de l'air sont des dispositifs cruciaux pour évaluer évaluer l’exposition sanitaire des populations aux polluants atmosphériques et définir les stratégies de mobilité en ville. Mais depuis quelques mois, ce travail est mis à mal par la recrudescence des vols et dégradations de ces matériels appartenant à Atmo Occitanie, l'organisme régional chargé d'évaluer la situation à Montpellier. Des méfaits commis essentiellement sur 3 grands axes de circulation : les boulevards Berthelot, Vieussens et Mermoz. Cinq à six boîtiers ont ainsi disparu. Certains, aussitôt remplacés, ont immédiatement été à nouveau dérobés. Du jamais vu pour Atmo Occitanie, qui a décidé de porter plainte.
Sur deux de ces boulevards, Berthelot et Vieussens, la disparition de ces capteurs est d'autant plus préjudiciable que, depuis l'entrée en vigueur cet été du nouveau plan de circulation de Montpellier et la fermeture de l'avenue Albert Dubout, la circulation y a été déviée et le trafic a fortement augmenté, faisant craindre une hausse de la pollution atmosphérique aux riverains, qui ont créé un collectif d'opposants et attendent beaucoup de ces mesures.
Au mois six mois de retard d'analyse
Or, l'absence de ces dispositifs de captation va retarder la publication des résultats annuels de la qualité de l'air dans la métropole. Car pour évaluer l’exposition des habitants, des données représentatives d’une année complète doivent être recueillies. Pour ça, il faut disposer d'au moins quatre mois de mesures, dont deux en période froide et deux en période chaude. Dominique Tilak, la directrice régionale d'Atmo Occitanie, estime à six mois le retard pris, voire plus si ces méfaits continuent :
A l'heure actuelle, les mesures que l'on avait débuté sont inexploitables. Il faut tout reconstituer. Pour réinstaller, c'est rapide, mais la collecte et l'analyse des données prend du temps. Or, élus, associations et riverains sont impatients de connaître l'état de la situation sanitaire. Et là, il va falloir être patient.
Dominique Tilak, directrice régionale d'Atmo Occitanie
Vingt-deux points de mesures sont actuellement déployés et font l’objet d’un suivi et de relevés réguliers. Il s'agit de dispositifs complets composés de stations permettant d'établir un inventaire des sources de polluants atmosphériques et de réaliser des modèles de dispersion de pollution. Objectif : faire une cartographie de ces concentrations.
Ciblés délibérément
Les appareils ciblés par les vols et dégradations sont des dispositifs complémentaires, certes, mais essentiels à l'amélioration des connaissances concernant les niveaux de concentration en dioxyde d'azote à proximité des axes de circulation. Ils sont habituellement installés en hauteur, sur des poteaux, à plus de deux mètres du sol. "Il faut être très grand ou muni d'un petit dispositif pour les atteindre" ironise Dominique Tilak, une manière implicite de dire que les capteurs n'ont pas été ciblés au hasard.
Un mobile inconnu
Reste un mystère : ces appareils n'ont pas de valeur marchande, ils ne contiennent aucun composant ou métal rare susceptible d'être revendu au prix fort. Ils ne coûtent pas excessivement cher à l'achat non plus, c'est le temps de préparation, de pause et d'analyse des données qui cause le préjudice, estimé entre deux et trois mille euros pour Atmo Occitanie. De quoi laisser perplexe sa directrice :
On ne comprend pas. On travaille en transparence, dans l'intérêt de tous et là, on ne peut pas travailler dans ces conditions. C'est pour ça qu'on a décidé de porter plainte : on veut pouvoir œuvrer sereinement.
Dominique Tilak, directrice régionale d'Atmo Occitanie
Une convention de partenariat lie Atmo Occitanie à Montpellier Méditerranée Métropole, afin d'évaluer la portée des aménagements réalisés e n termes d’urbanisme ou de mobilités et d'optimiser le suivi du programme "stratégie mobilités 2025".