Deux tornades en l'espace de deux jours, dans l'Ouest et le Sud de la France. Les images impressionnantes de ces phénomènes interpellent. Doit-on s'attendre à de plus en plus d'évènements de ce type, partout dans l'hexagone ? Éléments de réponse.
Un "tuba", au Pic saint-loup dans l'Hérault, et une tornade, une vraie, à Ernée en Mayenne. Les 16 et 17 septembre ont été marqués par ces épisodes météorologiques exceptionnels.
33 départements avaient été placés en vigilance orange aux orages. Mais difficile pour autant de prévoir l'apparition de tornades. "Nos modèles climatiques sont capables d'analyser les phénomènes météorologiques à grande échelle, explique Xavier Bollin, météorologue à Météo France. Mais ces tornades sont tellement localisées, que nous n'avons pas les moyens de les prévoir. Cela demanderait une puissance de calcul beaucoup plus importante de nos outils, pour avoir des informations aussi précises."
Impossible donc pour Météo France d'alerter les populations concernées par ces tornades. "On ne peut pas dire 24h à l'avance “attention, vous allez subir le passage d'une tornade ou d'un tuba.”"
Le réchauffement climatique, un terreau favorable
Difficile pour les spécialistes d'affirmer que ces phénomènes météorologiques sont plus fréquents, ou même plus dangereux qu'avant. "On a relativement peu de profondeur de données sur les tornades en France. Rien de comparable avec nos informations sur les épisodes de grêles, les chutes de neige ou les orages", explique Xavier Bollin.
Pourtant, ce type de phénomène pourrait se produire d'avantage. "L'un des ingrédient d'une tornade, c'est la chaleur accumulée dans l'air, qui provoque les orages. Le dérèglement climatique va accentuer cette chaleur, c'est certain." Les conditions risquent donc d'être plus propices encore à la formation de tornades.
Pour preuve, l'observatoire français des orages et tornades Keraunos, a déclaré la journée du 17 septembre comme "la plus orageuse depuis le début de [leurs] relevés en 2009." L'indicateur de sévérité orageuse mesuré dans l'hexagone ce jour-là est de 25, contre 24,94 pour la précédente journée la plus forte, en 2015. D'après l'observatoire, plus de 35.000 éclairs ont été détectés le 17 septembre. De quoi favoriser la formation de tornades.
L'Observatoire établit régulièrement des cartes de "probabilité de tornades" en fonction des données orageuses. Mais rien ne garantit la formation de ces tornades à des endroits et horaires précis.
L'importance des images
Si on ne peut pas réellement parler de hausse du phénomène, le ressenti et la visibilité de ces tornades ont considérablement augmenté. "Aujourd'hui, à la moindre tornade ou phénomène qui s'en rapproche, tout le monde sort son téléphone et partage photos et vidéos. La tornade d'Ernée en Mayenne, on l'a vu sous tous les angles." Une omniprésence des images qui participe à ce sentiment de phénomène croissant.
L'urbanisation, aussi, joue un rôle. "Lorsqu'on avait des petites tornades similaires dans des zones rurales reculées, on n'en entendait presque pas parler, elles faisaient moins de dégâts et étaient bien moins visibles. Aujourd'hui, c'est beaucoup plus fréquent que ces tornades passent par des zones d'habitation. L'urbanisation fait qu'il y a de moins en moins de secteurs isolés." Là encore, la moindre tornade devient beaucoup plus visible, mais aussi destructrice.