Témoignages. Crise des urgences : "C'est devenu de la médecine de guerre" expliquent des infirmières du CHU de Montpellier

Publié le Mis à jour le Écrit par Fabrice Dubault et Caroline Agullo

L'hôpital public est malade et les Urgences suffoquent. Le mal être a pris de l'ampleur avec la crise sanitaire et ensuite avec le manque de moyens. Dans l'Hérault, un appel à la grève illimitée a été lancé, pour soutenir les services d'urgences du CHU de Montpellier. Les grévistes réclament plus de personnels. Pour mieux comprendre ce qui se passe, une équipe de France 3 est allée à la rencontre des soignants des Urgences. Ils témoignent.

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Des Urgences en danger et du personnel soignant à bout. C'est ce qui a motivé l'opération "mon hôpital va craquer", un mouvement de grève illimitée débuté le 4 juillet.

"On a beaucoup d'arrêts pour burn out. Des collègues qui n'en peuvent plus"

Sous-effectif, pénurie de soignants, de médecins et toujours plus de malades, les Urgences sont asphyxiées et l'hôpital craque.

Les Urgences, c'est de la médecine de guerre. Mais, aujourd'hui, à ce rythme là, c'est de l'abattage. Le but, c'est de voir le plus de monde possible en le moins de temps possible, en espérant faire le moins d'erreurs possible. Forcément, y a des loupés !

Une soignante du CHU de Montpellier.

Le règne des "secteurs sauvages"

3 infirmières du CHU de Montpellier témoignent anonymement. Elles ont la trentaine et ont oeuvré durant la crise sanitaire du Covid.

"On a des personnes âgées qui attendent des fois plus de 24 heures aux Urgences sur des brancards. C'est très difficile. Elles doivent restées à jeun en attente d'analyses, de scanners... c'est l'enfer et c'est inhumain" explique l'une.

"Ils attendent dans "des secteurs sauvages", comme on dit, dans des lieux qui ne sont pas faits pour cela. Où il n'y a pas de surveillance médicale, ils sont seuls. Cela peut avoir des conséquences dramatiques" déplore une autre.

C'est des années et des années de politiques de fermetures de lits, de coupes budgétaires. On arrive à un épuisement du personnel.

Une infirmière du CHU de Montpellier.

Nos 3 infirmières, épuisées, envisagent de plus en plus sérieusement de rendre leur blouse. "On perd le côté humain de notre travail. On ne fait pas ce métier pour travailler comme cela".

Un système malade et des soignants en détresse

La mobilisation des soignants et des syndicats est générale en Occitanie. Ils réclament un vaste plan de formation afin de permettre des recrutements massifs. La CGT demande le retour des personnels non vaccinés... faire preuve d'un peu de bon sens pour soulager les Urgences cet été.

De son côté, la direction du CHU a présenté il y a quelques semaines, un plan d'attractivité et de fidélisation, un nouvel accord social et l'annonce de la création de 130 CDI.

Par ailleurs, le nouveau ministre de la Santé dit vouloir agir notamment avec la mission flash du gouvernement en faisant 41 propositions sur les soins non programmés...

Les urgences (...) sont malades, l'hôpital public n'est pas bien, et tout notre système de santé est à bout de souffle.

François Braun, ministre de la Santé.

Au centre de régulation des appels, comme sur le terrain, SAMU et pompiers travaillent main dans la main et voient la situation se dégrader... d'années en années.

L'engorgement des Urgences a des répercussions en cascade.

Le temps d'attente des pompiers pour décharger nos victimes et patients aux Urgences s'allonge. Cela immobilise nos ambulances, quelques fois 5, 6 ou 7 véhicules pendant plus d'une heure... voire 1h30 en attente dans les différents services d'urgences du département. C'est une contrainte de temps et de personnels pour nous.

Gilles Viriglio, chef de groupement opération SDIS 34.

Selon la direction du CHU de Montpellier, il manque 76 postes d'infirmiers, 10 postes d'aides-soignants sur l'ensemble des sites. Cela correspond pour chaque fonction à 13% du total des postes.
Les syndicats eux, parlent de 332 postes d'infirmiers diplômés d'état inoccupés, en comptant l'absentéisme, et de 177 postes d'aide-soignants.

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