À Montpellier, 80 000 étudiants font leur rentrée universitaire. Entre places en résidences Crous insuffisantes et logements étudiants tous pourvus dès le début de l'été, beaucoup de jeunes se retrouvent sur le carreau. Au prix parfois de situations délicates et incertaines. Ils témoignent.
"J'appelle les agences tous les jours depuis deux mois, et je n'ai toujours rien trouvé à ce jour." Meekaella rentre en troisième année de licence de psychologie à Montpellier dans l'Hérault. Elle dort chez une amie depuis une semaine, sur un canapé. La jeune fille a dû quitter une colocation pendant l'été. "Je pensais trouver rapidement car j'ai un bon dossier, je travaille 35 heures par semaine en CDI, mais je me suis rendue compte que c'est quasi impossible de trouver un appartement ici aussi rapidement", regrette Meekaella.
"C'est quasi impossible de trouver un appartement ici"
Meekaella, étudiante
Son cas est loin d'être isolé. À Montpellier, les résidences Crous de la ville ne peuvent accueillir que 9% des 80 000 étudiants. Pour le reste, arriver à se loger peut devenir un parcours du combattant. Depuis ParcourSup, les affectations arrivent plus tôt dans l'été, les quelques logements étudiants sont alors pourvus rapidement. Ce climat pousse les étudiants à garder leur appartement l'été, entraînant une plus faible rotation à la rentrée. S'ajoutent à cela les prix élevés des loyers : 518 euros en moyenne pour un T1 à Montpellier.
Incertitude et inquiétude
Emma rentre en deuxième année de science sanitaire et sociale à l'université Paul-Valéry. L'étudiante de 23 ans a dû quitter son appartement Crous le 31 août. Comme Meekaella, elle dort sur un canapé depuis une semaine, qu'une amie a bien voulu lui prêter.
Elle travaille 39 heures par semaine, et s'apprête à cumuler avec les cours à la rentrée. "Même en travaillant et avec un garant physique, ça ne suffit pas. J'ai fait 50 visites. À chaque fois que j'ai accepté un appartement, l'offre m'était passée sous le nez, ou quelqu'un avait un meilleur dossier", déplore Emma. Celle qui pourtant vit à Montpellier depuis trois ans, se retrouve chaque jour à scruter les annonces et passer des coups de fil, en vain.
Même en travaillant, et avec un garant physique, ça ne suffit pas.
Emma, 23 ans
D'autres n'ont même pas la chance d'habiter temporairement chez leurs amies. Hanane* arrive de Tunisie et découvre Montpellier. L'étudiante dort à l'hôtel depuis une semaine : "ça me coûte 45 euros la nuit, et je ne peux même pas me faire à manger." Les coups de fil à répétition sont aussi son quotidien. Avec un budget de 500 euros pour son loyer, Hanane désespère : "Je ne sais pas où je serai dans une semaine. Et au bout d'un moment, je ne pourrai plus payer l'hôtel".
Les trois étudiantes contactées ont posté des messages sur des groupes Facebook pour trouver un logement. Une stratégie utilisée par des milliers d'étudiants en difficulté. Mais là aussi, la demande est très largement supérieure à l'offre et ces bouteilles à la mer se retrouvent souvent noyées dans l'océan d'appel à l'aide.
*Le prénom a été modifié
