Ce mardi, les syndicats appellent à des rassemblements et manifestations en faveur des petites retraites. Avec l'inflation des 24 derniers mois, certains ne peuvent plus vivre décemment. Le gouvernement a prévu une revalorisation des pensions de 5,2% au 1er janvier 2024, ils réclament 10% tout de suite.
Pour les neuf syndicats et organisations qui appellent à la manifestation ce mardi, la précarité des retraités les plus pauvres est alarmante. Elle s'est accrue ces deux dernières années, principalement à cause de l'inflation.
Des retraités en difficulté financière
Le baromètre annuel du Secours populaire (étude Ipsos) l’illustre :
- 45% sont dans l'incapacité de payer certains actes médicaux (+6 points en 1 an),
- 35 % des personnes n’ont pas les moyens de faire trois repas par jour,
- près de 20 % de la population est à découvert tous les mois.
Toutes les associations caritatives subissent la hausse du nombre de demandeurs en raison de l'inflation, non compensée. Les achats alimentaires diminuent de 11,4 %, une chute sans précédent depuis 1980.
Retraite rime normalement avec plaisir et temps libre pour profiter du reste de sa vie. Mais ce n’est malheureusement pas possible pour tous.
Nous avons rencontré des retraités qui ont travaillé toute leur vie, ils sont à jour de leurs cotisations et malgré tout leurs efforts, Christian, Marie, Pascal et Marinette ont une toute petite pension. Une retraite au-dessous du minimum vieillesse.
Alors, comment arrivent-ils à vivre ? Qu'elles sont leurs solutions ? "Des retraités au centime près, le défi du bien vieillir, une enquête d'Esméralda Terpereau, Lou Florentin et Frédéric Jeannerat, à voir mercredi 25 octobre à 23h10 sur France 3 Occitanie dans Enquêtes de Région et en replay sur notre site internet.
Christian : "on est une génération à la dure, on refuse de dire qu'on va mendier"
Christian habite le Gard, il a cotisé 189 trimestres. Il touche 837 euros bruts par mois.
À 67 ans, son réveil sonne toujours à 4h du matin, car il travaille toujours.
On a travaillé, on devrait avoir suffisamment pour vivre, pour subvenir à nos besoins vitaux.
Christian, 67 ans
Il cultive toujours sept hectares de terre, un maraîchage en bio qui lui permet de mieux vivre. Mais dans quelques mois, il envisage de s'arrêter. Son budget sera serré mais avec son jardin, il sait qu'il pourra toujours manger à sa faim, tant qu'il aura la forme.
Marie : "travailler toute sa vie pour ça ! C'est pas normal"
Marie a 66 ans. Elle habite Palavas et est en retraite depuis 2019, après 30 ans de labeur au SMIC. Une fois payés son loyer et ses charges, elle peine à se nourrir correctement. Son constat est amer.
Travailler toute sa vie pour toucher aussi peu, c'est pas normal. Certains qui n'ont jamais travaillé de leur vie ont la même retraite que moi.
Marie, 66 ans
Il y a peu, Marie a signé un CDI de 20 heures par semaine. Elle travaille en cuisine le week-end pour un restaurant de Palavas. Un revenu supplémentaire qui va lui permettre de s'offrir quelques loisirs et elle l'espère de pouvoir acheter une voiture.
Pascal : "j'économise, je fais des petits travaux, des services. C'est toujours ça de gagner"
Pascal a 65 ans, il a cotisé 42 ans et touche 950 euros par mois. Il a débuté comme fromager sur les marchés à l'âge de 15 ans.
Avec ma petite retraite, pour l'instant ça va tout juste. Mais si je deviens dépendant, je ne pourrai pas me payer une résidence ou une maison de retraite. Ce sera impossible. Alors, je fais attention. Je bricole, je rends des services, j'économise pour ne pas dépendre des enfants.
Pascal, 65 ans
Marinette : "je ne peux pas profiter de la vie actuelle"
Marinette a 82 ans, habite Nîmes et touche 800 euros par mois. Elle a travaillé toute sa vie comme couturière. Elle n'a pas d'aide alimentaire, pourtant elle y aurait droit.
Je ne peux rien acheter. Je fais très attention aux promotions et aux réductions quand je fais les courses. Je suis à moitié finie. Je ne peux pas profiter de la vie actuelle.
Marinette, 82 ans
Cet été, pour la première fois depuis huit ans, elle est allée quelques jours à la mer, à 50 kilomètres de chez elle grâce à l'association "les petits frères des pauvres". Une bouffée d'oxygène.
Comme Christian, Marie, Pascal et Marinette, 30% des retraités en France touchent moins de 1 000 euros de pension par mois.