Ce lundi à Montpellier, un protocole a été signé entre les services judiciaires et l’association d’aides aux victimes pour préparer la sortie de prison des auteurs de violences conjugales et protéger au mieux les victimes.
En France, chaque jour des milliers de femmes subissent des violences conjugales, parfois elles y laissent la vie. Quand elles survivent et parviennent à déposer plainte, l’homme peut être incarcéré. Mais la peur pour ces femmes victimes ne s’arrêtent pas au moment de l’incarcération. Une question persiste, que va-t-il se passer à la sortie de prison ?
Eviter les récidives
A Montpellier, pour protéger ces femmes et accompagner ces hommes violents incarcérés jusqu’à leur libération, un protocole vient d’être signé entre les services judiciaires (le parquet, le juge d’application des peines, l’administration pénitentiaire) et l’association d’aide aux victimes, pour une meilleure cohésion et donc un meilleur accompagnement.
"Le but est de préparer le jour de la sortie d'incarcération des personnes condamnées pour violences conjugales. L'idée étant de repérer et d'identifier les potentiels risques de récidive pendant l'incarcération et de mettre les informations en commun ce qui n'était pas forcément fait jusqu'à présent, confie le procureur de la République à Montpellier, Fabrice Bélargent. Avant d’ajouter, l’idée est que pendant la détention, le parquet, le juge d’application des peines, l’association d’aides aux victimes et l’administration pénitentiaire collectionnent des informations puissent les échanger et trouver la meilleure solution pour le jour de la sortie."
Dès lors, un travail se fait pendant l’incarcération, le conjoint violent est suivi par le SPIP (service pénitentiaire d’insertion et de probation) et les services de la maison d’arrêt.
Il y a une évaluation de toute l’histoire et du parcours de la personne incarcérée, on analyse également son contexte de vie, sa sphère familiale pour éventuellement détecter des possibles récidives.
A Villeneuve-les-Maguelone, où près de 10% des détenus sont incarcérés pour des violences conjugales, Franca Annani, cheffe de la maison d’arrêt ajoute que d’autres moyens concrets sont mis en place pour détecter d’éventuels comportements à risques : "Il y a un travail important des surveillants qui est fait, ils sont en contact quasi-permanent avec les incarcérés et ils discutent assez librement, ils peuvent donc repérer des paroles qui peuvent laisser penser que l’individu pourrait de nouveau commettre des actes violents à la sortie. Les discussions téléphoniques également, elles peuvent être entendues et elles peuvent donc servir à repérer d’éventuelles menaces."
Selon le degré de dangerosité et le risque de récidive, des dispositifs pourront être mis en place dès la sortie de prison, comme le bracelet anti-rapprochement ou le téléphone grave danger, nous dit le procureur de la République, Fabrice Bélargent.
17 bracelets anti-rapprochement à Montpellier
Le bracelet fonctionne avec un signal GPS qui permet de localiser les conjoints ou ex-conjoints violents et de déclencher un système d'alerte lorsque ces derniers s'approchent de leur victime. A Montpellier, la justice a prévu le port de ce bracelet pour 17 conjoints violents. A Béziers, le premier bracelet anti-rapprochement a été posé la semaine dernière.
Quant au téléphone grave danger il est équipé d'un bouton d'alerte. Quand les victimes activent ce bouton, elles sont directement mises en relation avec un centre d’assistance disponible 24 heures sur 24.
Protéger les victimes
Nouveauté avec ce protocole, la victime sera avisée par l’association d’aides aux victimes du jour de la libération du conjoint violent, ce qui n'était pas le cas avant.
Connaitre le jour de la libération des auteurs de violences conjugales c’est un nouveau traumatisme pour la victime
Autant de dispositifs pour rassurer les victimes, dont se félicite la présidente de France victimes 34 à Montpellier, Roselyne Leplant-Duplouy : "Connaitre le jour de la libération des auteurs de violences conjugales c’est un nouveau traumatisme pour la victime parfois elles sont obligées de changer de département, d’être éloignées d’aller dans un centre d’hébergement, c’est vrai que c’est un traumatisme. Si en amont, il y a un travail pour accompagner les victimes et les auteurs pour éviter ce traumatisme alors moi je dis bravo".
Si la mise en place de ce protocole a pour but d’améliorer la protection des victimes de violences conjugales, le procureur de la République Fabrice Bélargent tient à préciser que la protection maximale ne peut exister en France : "On se donne les moyens d’éviter le pire tout en étant jamais sûrs qu’un drame n’arrive pas, car nous sommes dans une société démocratique et le contrôle maximal n’existe pas."
Depuis le début de l'année en France, 58 femmes seraient mortes tuées par leur conjoint ou leur ex-conjoint.