C'est une première judiciaire en France : la cour criminelle de l'Hérault à Montpellier reconnaît la notion de "viol par surprise" en condamnant à 8 ans de prison ferme un septuagénaire niçois qui attirait ses victimes en se faisant passer pour un faux jeune playboy sur Internet.
Huit ans de réclusion criminelle : c'est la peine à laquelle la cour criminelle a condamné Jack Sion. Ce retraité niçois est jugé à Montpellier depuis lundi pour "viols par surprise".
Sur les réseaux sociaux, il se faisait passer pour un faux playboy trentenaire et attirer ses victimes chez lui. Avant sa condamnation, l'accusé avait répété n'avoir "jamais eu conscience de commettre quelque chose de délictueux". Il a décidé de faire appel.
"Violeur en série" pour l'avocat général
Cette décision des 5 juges professionnels de cette nouvelle juridiction expérimentale est néanmoins en deça des réquisitions de l'avocat général, qui avait demandé 12 ans et dépeint un accusé "violeur en série, menteur, manipulateur et prédateur" :
Il n'y a pas de demi-viol, il n'y a pas de sous-viol. Nous sommes face à un violeur.
Robert Bartoletti, avocat général
Le procès d'un homme, pas des réseaux sociaux
Robert Bartoletti souligne que Jack Sion, 74 ans aujourd'hui, 67 au moment des faits, n'aurait jamais pu attirer autant de jeunes femmes sous sa véritable identité. Mais pas question de faire le procès des sites de rencontres sur Internet, sur lesquels "tout le monde ne ment pas, tout le monde n'est pas comme Jack Sion".
Cette notion juridique de "viols par surprise" concernant le septuagénaire de Nice avait dans un premier temps été rejetée par la cour d'Appel d'Aix-en-Provence, avant d'être finalement retenue par la cour de Cassation.
Le "viol par surprise", une première judiciaire
Elle réside dans la tromperie dont a usé l'accusé pour attirer ses victimes.
L'homme leur proposait un scénario de rencontre digne du roman érotique à succès "50 Nuances de Grey" : une fois arrivées sur le lieu de rencontre plongé dans la pénombre, les jeunes femmes rencontrées sur Internet étaient invitées à se bander les yeux. L'accusé leur attachait alors les mains avant d'avoir un rapport sexuel avec elles.
Ce n'est qu'après avoir retiré leur bandeau qu'elles découvraient qu'elles avaient été trompées.
A la barre, celles qui ont porté plainte ont toutes raconté le même mode opératoire. L'une d'elles explique :
Je suis avec un inconnu à qui je n’ai jamais parlé, et surtout à qui je n’ai jamais donné mon consentement.
Une victime de Jack Sion
Des dizaines d'autres victimes ?
Les enquêteurs ont retrouvé chez lui un carnet contenant près de 350 noms et descriptions de femmes. Trois d'entre elles ont porté plainte, mais elles pourraient être des dizaines, sinon des centaines, à avoir été victimes de la supercherie.
La décision de la cour criminelle de l'Hérault est attendue dans la journée.