Depuis plusieurs années, les frais de justice de la mairie de Béziers interrogent. Les opposants de Robert Ménard pointent son goût pour le buzz et sa communication conflictuelle. Le maire répond qu'il dépense moins que son prédecesseur. Ce que ce dernier conteste.
Les chiffres, Pascal Resplandy les connaît bien. Et depuis 2014, ce conseiller municipal d'opposition, expert-comptable de formation et candidat à la mairie soutenu par LREM et le Modem, relève les frais de justice de la municipalité dirigée par Robert Ménard.
Il tient le compte sur la page d'accueil de son site Béziers en rouge et bleu. Un compteur réactualisé chaque mois.
"Au début de chaque conseil municipal, il y a le vote de la décision zéro, c'est-à-dire des décisions prises par le maire avant la réunion du conseil municipal", explique Pascal Resplandy, "C'est une formalité légale.".
C'est là que les honoraires des avocats pour les affaires de justice sont annoncés. A chaque fois, je note tout.
Dans les deux tableaux que nous avons pu consulter tout est effectivement noté, par année pour l'un, par type d'affaires pour l'autre.
Ainsi, les différents conflits avec la Ligue des droits de l'Homme ont coûté plus de 45 000 euros aux contribuables.
Autre exemple, la photo utilisée dans une campagne municipale anti migrants sans autorisation d'un photographe de l'AFP a coûté près de 11 000 euros en frais de justice.
Quand on se penche sur les sommes dépensées par année, le record de 225 000 euros est atteint en 2018.
Sur ce montant, plus de 86 000 euros sont directement imputables à Robert Ménard, 57 000 euros concernent des conflits avec le personnel municipal et 81 000 euros sont utilisés pour les frais de justice concernant l'urbanisme.
Des sommes contestées par la mairie
En juin 2019, nous avons contacté Pascal Resplandy et le service communication de la mairie de Béziers pour tenter un comparatif.
Pour l'un, au 24 juin 2019, les frais de justice atteignent 870 000 euros, pour les autres, "seulement" 715 000 euros.
Le service communication de la mairie explique qu'"une partie des sommes est en fait imputable au prédécesseur de Robert Ménard pour environ 120 000 euros, dépensés entre 2014 et 2017. Ces frais de justice sont liés à des contentieux sous Raymond Couderc.".
Depuis 2014, et jusqu'à ce lundi 24 juin 2019, la Ville de Béziers a dépensé 715.000 euros en frais d'actes et de contentieux.
Le service communication précise que "ce montant est tout à fait vérifiable puisqu'il s'agit de l'article 6227 du budget municipal. Ces données sont publiques donc consultables par quiconque se donne la peine de vérifier."
Du côté de la mairie, dans le détail, les sommes fournies fin juin sont les suivantes :- 2015 : 139 000 euros
- 2016 : 123 000 euros
- 2017 : 171 000 euros
- 2018 : 163 000 euros
- 2019 : 55 000 euros (en cours)
Fin juin, nous avions donc 715 000 euros contre 870 000 euros tous contentieux confondus, une différence d'environ 18%.
Pour Pascal Resplandy, il n'y a là rien qui remette en cause ses calculs : "la méthode de la contestation systématique en cette matière est commode : personne n’ira vérifier le calcul".
Il n’en reste pas moins que le fond demeure une vérité absolue : les dépenses juridiques réalisées par Robert Ménard aux frais des Biterrois sont anormalement élevées, et sont liées avant tout à sa personnalité.
L'ancienne municipalité accusée par l'équipe Ménard
La mairie de Béziers se défend en disant que les frais de justice engagés par Raymond Couderc, prédécesseur UMP de Robert Ménard, ont été en moyenne chaque année plus élevés que ceux de Robert Ménard.
Ce que Raymond Couderc et ses collaborateurs contestent formellement.
Pour Jean-Pierre Galan, directeur général des services de la ville de Béziers sous la municipalité Couderc, "les dépenses juriques concernaient essentiellement l'urbanisme".
Nous avons été attaqués par des personnes qui contestaient le plan local d'urbanisme par exemple, il y a eu des contestations dans l'attribution des marchés publics mais nous n'avons jamais été condamnés pour notre gestion, ni pour notre communication.
Soutenu par Raymond Couderc, il précise, dans un article publié dans le Midi-Libre en octobre 2018 (abonnés) que ce qui coûte cher en frais de justice, ce sont les contentieux en matière d'urbanisme et d'expropriation, liés en général aux grands projets d'aménagement du territoire communal.
Alors que les frais de justice de la mairie de Béziers sous Robert Ménard sont liés à ses choix de communication.
La municipalité est soit attaquée soit elle attaque elle-même : conflit avec Midi-Libre (41 000 euros) ou avec l'agglomération Béziers-Méditerrannée (22 800 euros).
La nature des conflits juridiques en question
Ainsi, si l'on prend le montant total des frais de justice, urbanisme compris, la municipalité Ménard reste dans la moyenne. Mais si on soustrait ces frais, le contentieux lié à la communication de Robert Ménard dépasse largement celui de ces prédécesseurs.
Et c'est bien tout le problème des chiffres : chacun peut les interpréter à sa guise.
En attendant, selon les calculs de Pascal Resplandy, le compteur des dépenses juriqdiques pourrait bien atteindre le million d'euros à la fin du mandat de Robert Ménard.