Depuis une dizaine d'années, les trafics de drogues sévissent à Sète, dans le quartier de l'Ile de Thau. Les ventes de stupéfiants prennent de plus en plus d'ampleur. Les habitants expriment leur ras-le-bol et se mobilisent.
Le quartier de l’île de Thau, à Sète, abrite 5 000 personnes. Beaucoup de familles sont installées ici, pour la plupart dans des logements sociaux.
Ce quartier, sorti de terre dans les années 1980, est depuis une dizaine d'années en proie aux trafics de drogues. La tête pensante du réseau actuel a été écrouée par la justice en septembre dernier mais les ventes de stupéfiants continuent.
"C'est un calvaire partout où on passe"
Le trafic de drogues s'accompagne d'une dégradation des espaces urbains : poubelles en feu, véhicules en état d'épaves disséminés dans le quartier, abri-bus dégradés... Les habitants du quartier expriment leur ras-le-bol face à ces incivilités.
Ils crient à tout va quand ils voient la police ! J'habite au rez-de-chaussée, ils fument des joints devant les fenêtres, ça rentre dans mon salon. Ils s'appuient sur mon grillage, il est cassé, je dois le réparer et j'en ai au moins pour 150 euros.
Habitant de l'Ile de Thau à Sète
Les habitants ont alors décidé de prendre les choses en main. En novembre 2022, ils ont monté un collectif et initié une pétition pour demander de l’aide face à une situation de plus en plus préoccupante.
Règlements de compte et sécurité
En plus de ces dégradations urbaines, des règlements de compte peuvent survenir. En juillet 2022, un mineur avait été blessé par balles sur fond de représailles. Certains habitants vivent alors avec un sentiment croissant d'insécurité au quotidien.
C'est invivable. Avant on vivait bien, on était dehors. Maintenant, ce n'est pas la guerre, mais enfin, c'est un calvaire partout où on passe. Les médecins et infirmiers ne veulent plus venir ici après 18 heures.
Habitante de l'Ile de Thau à Sète
Depuis 2016, les élus de la mairie sétoise souhaitent renforcer le dispositif de sécurité du quartier. A l'unanimité, ils ont voté une motion le 13 mars dernier pour demander à l'Etat de qualifier le lieu de "quartier de reconquête républicaine."
Un dispositif mis en place par le gouvernement en 2018 qui permettrait de renforcer les effectifs de sécurité et de lutter davantage contre la délinquance et le trafic au quotidien. En France, 62 quartiers de reconquête républicaine existent à ce jour. Parmi eux, la Paillade et la Mosson à Montpellier.
Que fait la police ?
Les effectifs de la police municipale ont été doublés suite à une décision prise par la mairie de Sète. Dans le quartier de l'Ile de Thau, deux équipes de trois agents patrouillent toute la journée pour rassurer les habitants et tenter de dénicher les dealers.
Or ces mesures de sécurité ne permettent pas de procéder à des interpellations. Pour cela, la police nationale est nécessaire.
On saisit beaucoup de produits mais on ne peut pas interpeller ni contrôler les identités. Une présence suffit parfois à écarter les dealers, on joue un peu à cache-cache mais ça permet d'envoyer un message positif à la population qui peut vivre plus paisiblement.
Patrick André, élu à la mairie de Sète en charge de la sécurité
Les élus et les habitants travaillent main dans la main pour tenter d'obtenir gain de cause. Pour l’heure, 750 signatures ont été recueillies du côté des habitants pour la pétition. Du côté de la mairie, le dialogue est établi avec la Préfecture pour que le quartier soit qualifié de "quartier de reconquête républicaine". Un statut attendu depuis plus de cinq ans désormais.