Depuis quelques semaines, les ports de la Méditerranée célèbrent Saint Pierre, le patron des pêcheurs. Une tradition visant à garantir une pêche féconde et à rendre hommage aux marins disparus. A Sète ce dimanche, cette fête a pris un tour quelque peu morose, alors qu'un plan de sortie de flotte, décidé pour protéger la ressource, va diviser par deux le nombre de chalutiers d'ici la fin de l'année.
En ce dimanche 2 juillet, les quais du port de Sète sont bondés. Dans la foule, l'ambiance est à la fête. Au milieu du vacarme et de la foule en liesse, la statue de Saint-Pierre se fraye un chemin jusqu'aux chalutiers, portée par les pêcheurs sétois. L'île singulière célèbre le patron de la profession, en espérant qu'il lui apporte des prises abondantes et aussi pour rendre hommage à ceux disparus en mer.
Pour les marins, l'ambiance est empreinte d'émotion, à l'image de Modesto Gravo, marin pêcheur sétois retraité, qui confie que cette fête est "tout" pour lui. Ses pensées vont à ceux qui ne sont plus là pour voir ça.
Emotion au rendez-vous
Le rituel prend un tour particulier cette année : les pêcheurs sont touchés de plein fouet par un plan de sortie de flotte drastique.
La moitié des chalutiers va disparaître
Plus de la moitié des 17 chalutiers Sétois sera détruite d'ici à la fin de l'année, comme l'explique Christian Martorel, le patron du "Lou Setori II" :
Quand j'ai commencé, on était 40 chalutiers. Demain, on ne sera plus que huit. Mon grand-père faisait ce métier, mon père aussi, et maintenant moi. Mais je ne pense pas que mes enfants prendront la relève. C'est mal engagé. Mais on ira le plus loin possible.
Christian Martorel, patron du chalutier "Lou Setori II"
Hommage aux marins disparus
Entouré des dizaines d'embarcations qui forment le cortège maritime, le Lou Setori II s'arrête face au Mont Saint Clair. Après avoir écouté La Marseillaise, chaque famille jette des fleurs à la mer pour rendre hommage aux siens. Et peut-être à un monde en train de disparaître.
Franchement, je ne peux pas vous dire comment je vois l'avenir. C'est difficile. Le chalutier fait face à de plus en plus de contrainte. On nous a orienté vers la pêche durable, artisanale. Je suis devenu "petit métier" et maintenant aussi ils commencent à nous mettre des bâtons dans les roues.
Julien Murillo, pêcheur artisanal "petit métier" de Frontignan
La destruction des chalutiers sétois va entraîner la disparition d'une cinquantaine d'emplois directs à Sète et une diminution critique de l'apport de poisson à la criée locale.
Ecrit avec Sébastien Banus et Benoît de Tugny