Face à la 5e vague de Covid-19, le gouvernement cherche à intensifier le rythme de vaccination. Il autorise désormais les pharmaciens à ouvrir de nouveaux créneaux… le dimanche. Une annonce qui est loin de faire l'unanimité.
A Roujan, dans l’Hérault, la seule pharmacie du village est ouverte 6 jours sur 7. Depuis le début de la vaccination, les équipes ne comptent plus leurs heures et enchaînent les rendez-vous à l’heure du déjeuner, comme après 19h. Malgré cela, le prochain créneau disponible n’est qu’à la fin du mois de janvier.
Alors ouvrir le dimanche, cette préparatrice en pharmacie se dit prête à le faire, à condition que ça ne dure pas trop dans le temps. “Depuis que je suis arrivée en juin, je n’ai pas arrêté de travailler. J'enchaîne les heures supplémentaires”, explique Angélique Bardet. “Bien sûr, si ça peut accélérer la vaccination, je suis prête à venir travailler le dimanche. Mais c’est vraiment pour aider, il ne faut pas oublier qu’à côté, nous avons une vie de famille.” A la vaccination, s’ajoutent la réalisation des tests antigéniques et l’activité habituelle de la pharmacie.
Je suis prête à venir travailler le dimanche. Mais c’est vraiment pour aider, il ne faut pas oublier qu’à côté, nous avons une vie de famille.
Angélique Bardet, préparatrice en pharmacie
Après 8 mois de travail soutenu, le personnel s’épuise. “Nos équipes font énormément d’heures supplémentaires pour arriver à faire toutes les activités qui nous sont demandées”, explique le directeur de la pharmacie Frédéric Abécassis, il est aussi le président du syndicat des pharmaciens de l'Hérault. “Ouvrir en plus le dimanche pour vacciner me paraît donc tout simplement irréalisable. Ce n’est pas un manque d’envie, ni de volonté mais c’est un manque de moyens, de moyens humains”.
Pas d’intérêt financier
Malgré une compensation de cinq euros par vaccin, l’ouverture le dimanche ne serait pas intéressante financièrement puisqu’elle ne concerne que les créneaux de vaccination. Mais l’argument commercial n’est pas ce qui bloque.
Difficultés de recrutement
Des étudiants ont été appelés en renfort dans certaines villes pour seconder les équipes mais le manque de main d'œuvre est un vrai problème. “On a un surcroît d’activité, on ne s’en sort pas”, déplore Frédéric Abécassis. “Moi je cherche à recruter mais je n’y arrive pas. Et je ne suis pas le seul, tous mes confrères sont dans le même cas que moi et aimeraient avoir une ou deux personnes supplémentaires.” Pour une séance de vaccination, deux employés doivent être mobilisés, un pour faire les injections et l’autre pour gérer l’administratif.
Les pharmacies sont-elles sur-sollicitées ? C’est l’hypothèse du porte-parole de l'Union syndicale des pharmaciens d'officine. En ville, les pharmacies réalisent 60% de toutes les injections et 90% des tests antigéniques.