Dans une interview, le Gersois Jean-Marc Rouillan annonce que l'histoire du groupe Action Directe s'arrêtera au soir du 18 mai 2018, avec la fin de sa propre libération conditionnelle. La dernière parmi les membres du commando auteur de plusieurs assassinats politiques dans les années 1980.
Je suis militant d'Action Directe pendant encore 3 mois puisque je suis le dernier à être en conditionnelle. Dans 3 mois, le 18 Mai 2018 au soir, l'histoire d'Action Directe sera terminée
Ainsi s'exprime le Gersois Jean-Marc Rouillan, 65 ans, dans un long entretien accordé au photographe "militant" Ben Art Core, que ce dernier a commencé à publier sur son site.
Jean-Marc Rouillan y revient sur les prémices de la lutte armée, dans les années 70, puis sur la naissance d'Action Directe, sur sa radicalisation. Il explique que les temps ont changé. "L'époque a changé, dit-il, ces organisations ne peuvent pas continuer à exister de la même façon dans leur radicalité. Les problèmes ont évolué depuis. C'est le triomphe du libéralisme. Il a fallu manger la défaite et après, voir qu'est-ce que l'on pouvait faire à partir de là""Si je suis militant aujourd'hui, poursuit-il, c'est que ma notoriété due au passé me permet de rencontrer des dizaines et des dizaines de réalités différentes qui se croisent très peu. Donc moi, je fais de la connexion. Aujourd’hui, ma seule militance c'est faire de la connexion. Je vais dans les quartiers populaires, je vais à la ZAD, je vais voir les antifa. Mon essentiel par rapport à la militance, ce n'est plus dans l'action. On a l’âge de ses artères. Je ne vais pas faire un punchingball en manif".Je vais dans les quartiers populaires, je vais à la ZAD, je vais voir les antifa. Mon essentiel par rapport à la militance, ce n'est plus dans l'action (...) On a l'âge de ses artères.
Avec Nathalie Ménigon, Joëlle Aubron (décédée en 2006), Georges Cipriani et Régis Schleicher, Jean-Marc Rouillan a constitué le noyau dur du groupe terroriste anarcho-communiste Action Directe qui a mené les assassinats de plusieurs personnalités dont René Audran, un haut-fonctionnaire du ministère de la Défense, en 1958 ou encore de Georges Besse, le patron de Renault, en 1986.
Ils ont été arrêtés en 1987 puis condamnés à la réclusion criminelle à perpétuité.
L'un après l'autre, ils ont fini par bénéficier de libération conditionnelle, à partir du milieu des années 2000, parfois pour raison de santé. Jean-Marc Rouillan, né à Auch en 1952, a obtenu un régime de semi-liberté en 2007, révoqué en 2007 suite à une interview dans L'Express. Il est à nouveau en liberté conditionnelle depuis 2012. En 2016, ses propos sur les attentats de Paris en 2015 avaient fait scandale : il affirmait que les terroristes avaient été "courageux". Des propos qui lui avaient valu une condamnation pour apologie du terrorisme. Il avait ensuite condamné les attentats.