Mort de Morgan Keane : les deux chasseurs condamnés à de la prison avec sursis

Le tribunal correctionnel de Cahors a rendu sa décision, ce jeudi 12 janvier 2023, concernant les chasseurs mis en cause dans la mort de Morgan Keane. L'auteur du tir écope de 24 mois de prison avec sursis, et le directeur de battue 18 mois avec sursis. Les deux individus se voient également retirer leur permis de chasse, de manière définitive pour l'auteur du tir.

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Le tribunal correctionnel de Cahors a rendu sa décision ce jeudi 12 janvier 2023, dans l'affaire du chasseur et du directeur de battue impliqués dans la mort de Morgan Keane, victime d'un tir de chasse. Le tireur écope de 24 mois de prison avec sursis. Le directeur de battue est, lui, condamné, à 18 mois de prison avec sursis.

Les deux hommes se voient également retirer leur permis de chasse, avec interdiction de le repasser. Cette sanction est à vie pour le chasseur coupable du tir. Elle durera cinq ans pour le directeur de battue. 

"Message fort envoyé aux mauvais chasseurs"

"On est satisfait pour la peine du chasseur, mais on est déçu pour celle du directeur de battue. Il a été moins sanctionné alors qu'il était autant, voire plus responsable" a réagi Zoé Monchecourt, membre du collectif Un jour un chasseur, après l'annonce du jugement. 

Maître Benoît Coussy, avocat de Rowan Keane, le frère de la victime, est lui plus satisfait par les peines prononcées. Il souligne "un message fort envoyé aux mauvais chasseurs", et rappelle désormais que "c'est à la loi de se saisir de ce problème". 

Brève déclaration côté chasseurs

Dans le camp des chasseurs, il est "compliqué de commenter cette décision de justice" selon Michel Bouscary, président de la Fédération de chasse du Lot. Il indique simplement qu'il continuera de sensibiliser ses directeurs de battue, en martelant "que les accidents n'arrivent pas qu'aux autres". L'avocate du chasseur a, elle, simplement salué "une peine juste et appropriée". 

Les parties civiles

Plusieurs personnes et entités se sont constituées parties civiles. C'est le cas de Rowan Keane, qui recevra 18.000 euros d'indemnités de la part du chasseur et du directeur de battue.

D'autres proches de Morgan Keane seront indemnisés au titre des dommages et intérêts, comme Mila Sanchez et Michael Bell (1.000 euros chacun). En revanche, les constitutions de parties civiles de Léa Jaillard ou Zoé Monchecourt n'ont pas été jugées recevables.

Les deux individus condamnés devront également payer la somme d'un euro à la fédération de chasse du Lot. 

À l'issue du jugement, les deux camps ont annoncé qu'ils ne comptaient pas faire appel de l'ensemble de ces décisions.

Rappel des faits

L'accident remonte à il y a plus de deux ans. Le 2 décembre 2020, Morgan Keane est touché par une balle au thorax qui le tue à quelques mètres de chez lui. Le tireur, un néo-chasseur aveyronnais de 35 ans, s'était présenté spontanément à la gendarmerie. Il avait été mis en examen, tout comme le directeur de battue.

Lors de l'audience, le président avait rappelé le caractère complexe des faits

Entre l'émotion vive causée par cet accident et la défense des chasseurs qui ne voulaient pas être stigmatisés, l'audience du 17 novembre 2022 était particulièrement attendue. Le président du tribunal le savait, et avait rappelé "le caractère complexe du déroulement des faits", et que "certaines choses contradictoires seraient dites, ce qui pourrait déplaire à certains"

Interrogé en premier lors de l'ouverture des débats, le chasseur coupable du tir "regrettait son erreur de ne pas avoir bien identifié la masse sombre" qu'il avait prise pour cible. "C'est gravé à vie. Je suis désolé pour la famille" répétait-il pendant l'audience.

24 mois et 18 mois de prison avait été requis

Le directeur de battue, lui, ne regrettait pas avoir laissé les tirs se dérouler en plein hiver. Et ce, "même s'il était tard pour la saison et qu'il commençait à faire sombre" lui rappelait le président. 

Après les différentes plaidoiries des avocats, le procureur de la République de Cahors avait requis 24 mois de prison dont 6 mois ferme pour l'auteur du tir, et 18 mois de prison dont 6 mois ferme pour le directeur de battue, ainsi qu'un retrait du permis de chasse pour les deux hommes. 

Dans son propos, il avait rappelé que ce procès "ne devait pas être celui de la chasse". Il avait surtout tancé le directeur de battue, "un spectateur et non pas un directeur" et pointait "son absence de remords".

Un contexte lourd autour de la chasse

Cette décision attendue ce jeudi 12 janvier 2023 intervient dans un contexte tendu par rapport à la chasse. Le gouvernement a dévoilé il y a quatre jours son plan chasse, qui n'a pas été reçu de la même manière entre chasseurs et anti-chasseurs

Dans ce climat pesant, l'association anti-chasse, Un jour un chasseur, attend forcément la décision du tribunal correctionnel de Cahors avec attention. "On espère une interdiction de chasser à vie pour les deux chasseurs" admet Mila Sanchez, membre du collectif, interrogée la veille du délibéré.  

"Mettre en lumière un problème profond lié à la chasse"

Selon elle, ce jugement, s'il permettait aux deux mis en cause de reprendre le fusil, "renforcerait l'incompréhension autour de la pratique de la chasse". Déçue mais pas surprise par les annonces du gouvernement, "qui témoignent d'un mépris à l'égard des victimes de la chasse", Mila Sanchez souhaite que la décision du tribunal permette "de mettre en lumière un problème profond lié à la chasse". 

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