Témoignage. "Il a aussi un handicap, je ne m’inquiète pas, on est pote" : escroquée par le "Madoff de Maine-et-Loire", elle raconte

Publié le Écrit par Xavier Marchand

Catherine a perdu 24.000 euros en faisant confiance à Guillain. Guillain Méjane, soupçonné d'avoir escroqué une cinquantaine d’épargnants entre 2011 et 2014 pour plus de 16 millions d'euros. Il leur a promis de hauts rendements qui reposaient en réalité sur "une pyramide de Ponzi". Victime de cette escroquerie, Catherine Dedieu Lugat témoigne.

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À partir du lundi 8 janvier 2024, le tribunal correctionnel de Paris va juger Guillain Méjane, soupçonné d'avoir escroqué une cinquantaine d’épargnants entre 2011 et 2014 pour plus de 16 millions d'euros. Il aurait promis de hauts rendements qui reposaient en réalité sur une pyramide de Ponzi, comme celle réalisée par Bernard Madoff, d’où son surnom du "Madoff de Maine-et-Loire".

Victime de cette escroquerie, Catherine Dedieu Lugat est la seule victime qui accepte de témoigner, à visage découvert. 

Elle a raconté son histoire au micro de notre équipe de France 3 Occitanie à Cahors dans le Lot.

"Avec Guillain, on s’est tout de suite bien entendue"

Catherine rencontre Guillain lors d'une aventure pour une émission qui s'appelle "Kilimandjaro au-delà des limites". Sélectionnés avec 9 autres personnes en situation de handicap, ils ont durant trois semaines effectué l’ascension du Kilimandjaro en Afrique.

"On a passé 10 jours à faire 150 kilomètres à pied dans le bush ensuite l’ascension du Kilimandjaro qui n’est pas techniquement difficile mais qui reste un vrai challenge pour des personnes à handicap comme nous. Et j’étais assez admirative de Guillain parce qu’il avait deux prothèses de jambes pour faire cette aventure", explique Catherine.

Avec Guillain, on s’est tout de suite bien entendue, on avait des affinités, on avait des goûts en commun, les cigares, la ville de Paris, la littérature. Un humour un peu potache que j’aimais bien aussi.

Catherine Dedieu Lugat

Élégant, dandy moderne, "il avait un charme indéniable". "Avec beaucoup d’éloquence et une très bonne éducation, il a mis tout le monde en confiance, diplômé d’une école de commerce, nous avions aucune méfiance", souligne Catherine.

Guillain Méjane lui présente une brochure qui promettait des placements alternatifs à hauts rendements avec un capital garanti.

"Quand je lui donne l’argent, je lui dis d’où vient cet argent et à quoi il va servir. Il me rassure, il m’explique tout le montage financier et qu’à tout moment je peux récupérer ma somme plus les intérêts quand j’en aurai besoin".

Il a aussi un handicap moteur, je ne m’inquiète pas, on se connait depuis plusieurs années, on est pote.

Catherine Dedieu Lugat

Cette somme de 24 000 euros avait une importance double pour Catherine. Elle l'a obtenu lors d’une longue procédure en aggravation qui a duré 19 ans. "C'est un acompte de la part de la compagnie d’assurance de mon accident"

"J’ai reçu cet acompte que je dédiais au changement de ma voiture. J’avais mis cette somme de côté pour acheter une voiture et la faire équiper comme j’en ai besoin pour mon handicap". 

Lorsque l’on a un handicap moteur comme moi, la voiture est un outil d’autonomie très important.

Catherine Dedieu Lugat

Préjudice personnel

En 2014, sa voiture tombe en panne, Catherine a besoin de récupérer ses 24 000 euros.

"Je l’ai appelé et il m’a expliqué que ce n’était pas possible. Il m’a dit "Catherine, il nous est arrivé un gros pépin, notre associé à Londres a fait des mauvais placements et pour le moment, on a tout perdu"".

"Donc au début, avec beaucoup de bienveillance et de gentillesse, il m'a dit ne pas m'inquiéter, qu'il allait me rembourser. On s'est rappelé plusieurs fois. Mais les messages finissent par s’espacer et je finis par ne plus avoir de réponses du tout".

Dans les premiers temps, je ne suis pas trop inquiète, je ne comprends pas tout de suite que c’est une arnaque.

Catherine Dedieu Lugat

"Mais pendant ces trois mois, je l’ai maudit tous les jours parce que j’ai vraiment galéré avec ma voiture qui était en panne. Il fallait 5 000 euros pour la réparer et je ne les avais pas".

Je crois que si je l’avais eu en face de moi à l’époque, je lui aurais mis un bon gros coup de boule.

Catherine Dedieu Lugat

Le procès

Entre colère et dépit, Catherine attend le procès pour avoir une explication. "J’aimerais en savoir plus, le fin mot de l’histoire, de l’argent qui s’est évaporé, des associés qui se renvoient la balle".

J’ai envie de le voir, de croiser son regard, de comprendre s’il a mesuré ce qu’il a fait ou si cela fait juste partie d’un épisode de sa vie de mythomane.

Catherine Dedieu Lugat

Accusé d'avoir escroqué la bourgeoisie angevine, Guillain Méjane a laissé une ardoise de près de 16 millions d’euros. Ce fils de bonne famille les aurait dilapidés sur les marchés financiers et en dépenses personnelles. Dans cette histoire, Catherine n'est pas sûre de récupérer un jour cet argent.

(Avec Paul-Etienne Zahn).

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