DECOUVERTE. Des forêts "garde-manger", un nouveau concept qui révolutionne l'alimentation et le rapport à la nature

La forêt nourricière, ce concept peu connu, tend à se développer. Dans le Lot, une exploratrice, spécialiste des jardins-forêts a transformé le verger familial en jardin-forêt. Feuilles, fruits, racines servent à s'alimenter. D'autres végétaux peuvent aussi être plantes médicinales, combustibles, engrais. Découverte.

Claire Mauquié a développé une forêt nourricière. L'idée est de planter diverses essences qui imitent la structure et les interactions de la forêt naturelle. Les espèces plantées sont sources d'aliments : feuilles, fruits, racines. Tandis que d'autres végétaux servent à se soigner, à fabriquer un combustible ou un engrais.

Les forêts nourricières ne sont pas «naturelles», mais sont conçues et gérées comme des « agro-écosystèmes » très riches en biodiversité et d'une grande productivité.
C’est un aménagement de végétaux comestibles vivaces qui se compose de plusieurs couches : les arbres, les arbustes, les herbacées, les plantes.

Nous mangeons trois fois par jour et nous sommes plusieurs milliards sur terre… Les ravages de l'agriculture intensive, déforestation, utilisation d'intrants, uniformisation des cultures, l'appauvrissement variétal,  la diminution de la vie dans les sols, le dérèglement climatique et la baisse de la qualité nutritionnelle des productions, incitent à envisager d'autres voies pour produire et consommer.  L'alimentation est un enjeu crucial. 

 Pour une alimentation durable

Claire Mauquié est une citoyenne qui s’engage au quotidien. Après des études dans la physique de l'atmosphère et la météorologie, elle ne s'est pas laissée abattre par les constats alarmants. 

Au contraire, elle est passée à l'action à travers l’alimentation. Une alimentation durable pour prendre soin de soi et se changer soi.

Claire propose de planter des jardins-forêts ou forêts nourricières.

J'essaye de cultiver de manière diversifiée et donc un jardin-forêt c'est un système de production alimentaire qui est basé sur la culture de plantes vivaces, d'arbres et d'arbustes nourriciers

Claire Mauquié

De 2017 à 2019, Claire a été invitée à développer le concept de forêts comestibles publiques à Taïwan au sein de la fondation Wutong, une ONG qui milite pour le retour des arbres en ville.  Et c’est ainsi qu’elle s’est retrouvée à créer et animer des ateliers pédagogiques dans les forêts comestibles publiques en plein cœur de la ville de Hsinchu. Elle œuvre pour développer l’autonomie alimentaire des territoires.

Fort de cette expérience à Taiwan, elle a adapté ce modèle de forêt comestible dans le Lot qui répond à beaucoup d’enjeux écologiques. 

La forêt réservoir de nourriture     

Cela n’est en rien farfelu !Avant de savoir planter des choux, le genre humain glané !

Aux origines, le pithécanthrope était un cueilleur avant même d’être chasseur ; Des feuilles, des racines, une nature nourricière environnante ... 

Les exemples de forêts nourricières dans le monde sont très souvent inspirés des jardins agroforestiers plantés et gérés par les agriculteurs, comme en Indonésie, en Inde, en Tanzanie ...  et s'inspirent d'un des plus anciens modes d'utilisation du milieu naturel et de ses richesses.

En milieu tempéré 7000 espèces peuvent pousser, en milieu tropical 12000. Et seulement une soixantaine d'espèces végétales se retrouvent dans notre assiette. Par ignorance on néglige une véritable manne vivrière.

Pour un repas qui a du sens et qui raconte la force de l'engagement, de l'importance de manger et de partager

Du local, de saison et surtout du végétal. Et des modes de consommation non énergivores. Tout est pensé, étudié, analysé. Claire nous rappelle que nous partageons le même patrimoine génétique que les grands singes qui se nourrissent principalement de feuilles.

Toute l'année la base de mon alimentation, ce sont les feuilles vertes. On les appelle l'or vert

Claire Mauquié

Dans ces menus Claire jongle avec ce qui provient du jardin-forêt, accommode les légumes du potager avec les plantes sauvages et introduit des aliments lactofermentés. Une cuisine anti-gaspillage dont le moteur et la curiosité, la santé et la gourmandise. Comme par exemple avec l'utilisation du gland.

Le chêne était considéré jusqu'au douzième siècle comme un arbre fruitier. Claire ramasse les glands, les transforme en purée ou en fait de la farine. C'est un aliment très calorique et aussi riche en lipide que l'olive.

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