14 djihadistes français, capturés en Syrie, viennent d'être livrés à l'Irak. Le Conseil supérieur de la magistrature irakien a publié une partie des auditions de plusieurs d'entre eux dont un Toulousain et un Lotois, qui pourrait être Kévin Gonot.
L'annonce avait été faite le 25 février 2019 par le président français, Emmanuel Macron, lors d'une visite à Paris du président irakien, Barham Saleh : treize djihadistes français devaient être remis aux autorités irakiennes et jugés dans son pays.
Selon des informations publiées par le Conseil supérieur de la magistrature irakien et relayées par la chaine d'information Kurde, Kurdistan 24, ce ne sont pas 13 djihadistes français qui ont été livrés mais 14.
Récemment transférés de Syrie, ils ont été auditionnés par la justice irakienne qui en a révélé partiellement le contenu.
Selon la justice irakienne, ces ressortissants français auraient avoué avoir suivi une formation militaire et religieuse en Syrie, puis se seraient joints à différents groupes djihadistes avant de prêter serment d’allégeance à l’État islamique.
Parmi eux, un homme affirme être originaire de Figeac dans le Lot. Son profil pourrait être celui de Kévin Gonot, rebaptisé Abou Sofyan, parti en Syrie avec son demi-frère Thomas Collange. Ils ont été interpelés par les troupes Kurdes le 13 décembre 2018.
Le djihadiste raconte avoir travaillé comme chauffeur de camion dans une entreprise de nettoyage avant de se rendre en Egypte pour étudier l’arabe jusqu’en 2013. Le journal du Conseil supérieur de la magistrature irakien rapporte certains des propos du terroriste aujourd'hui âgé de 33 ans :
L'homme aurait rejoint le Front al-Nusra en 2013 et travaillé comme interprète pour des combattants étrangers. Il aurait ensuite rejoint les rangs de l'Etat islamique après la déclaration du califat autoproclamé en 2014. Impliqué dans l'administration du groupe à Homs jusqu'en 2015, il serait finalement allé se battre sur le front avant d'être blessé et de s’installer dans la ville irakienne de Mossoul."J'ai rencontré un ami là-bas, alors qu'il étudiait en Egypte, au Caire, et il prévoyait d'aller se battre en Syrie. Il a commencé à me convaincre [de participer au combat] en me montrant des images de leurs opérations là-bas. J'ai multiplié les allers-retours entre l'Egypte et la France pendant un certain temps pour rejoindre ma famille - ma mère, mon père, ma femme et mon frère - qui ont tous par la suite rejoint l'organisation. J'ai voyagé de Paris à Istanbul, puis je suis entré illégalement sur le territoire syrien. "
Un autre prisonnier français membre de l'Etat islamique serait également originaire d'Occitanie. Se présentant comme Toulousain, âgé de 37 ans et d'origine tunisienne, il aurait reconnu être "né en France" et s'être engagé au sein de l'armée française durant 10 ans. 10 années au cours desquelles il se serait "rendu en Afghanistan en 2009."
"Ma raison de rejoindre l'organisation [ISIS] était une envie de changer de lieu, aurait-il avoué aux autorités irakiennes. Ce sont les recherches sur les réseaux de médias sociaux, ainsi que sur les sites Web de l'organisation qui m'ont incité à m'engager."
Il aurait rejoint une filière de recrutement en Belgique, avant de se rendre au Maroc puis en Syrie.
"Je suis entré illégalement à Alep en Syrie par la Turquie et j'ai terminé deux cours religieux et militaires. Je me suis ensuite rendu à Mossoul, en Irak, pour faire allégeance à l'un des dirigeants de Daech [ISIS], qui portait un masque. "
Car selon le Français, de nombreux dirigeants de l'EI refusaient de se montrer ou de révéler leur identité à des combattants étrangers, craignant qu'ils ne soient recrutés comme espions par des services de renseignement étrangers.
Toujours selon le Conseil supérieur de la magistrature irakien, les 14 djihadistes français étaient mariés en Syrie, certains même plusieurs fois, et avaient des enfants.